PRÉFACE.

N la fatisfaction que nous ref

Ous ne pouvons diffimuler

fentons de voir les amateurs de l'Agriculture fe multiplier. Nous

en connoiffons dans toutes les Provinces du Royaume; & fi tous ceux qui s'occupent d'un objet auffi noble, vouloient se donner , la peine de nous informer de leurs travaux, nous ferions forcés de. nous restraindre à ne donner que des extraits pour ne point trop multiplier les volumes. Mais les uns, occupés uniquement de ce qui les environne, fe contentent de s'inftruire ou d'étendre leurs connoiffances dans leur voifinage: ils ne penfent pas qu'en qualité de citoyens ils devroient effayer de porter plus loin leurs lumiéres pour fe rendre, s'il eft poffible, utiles à tous les hommes. D'autres actifs, doués d'un efprit jufte & propres à fuivre avec perfévérance

Tome IV.

a

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les recherches auxquelles ils fe font livrés, n'ont pas le talent de rédiger leurs idées, ou ayant perdu l'habitude d'écrire, ils évitent de prendre un foin qui leur deviendroit à charge.

Heureusement il fe rencontre auffi des amateurs qui fe font un plaifir de nous informer de leurs opérations. Entre ceux-ci, les uns ne fe font propofé que l'application de nos principes à la culture de leurs terres; d'autres s'occupent ou à perfectionner les inftruments qui font néceffaires pour la pratique de notre culture, ou ils fe livrent à la réfolution de quelques problêmes d'Agriculture que nous avons jugé intéreffants, mais que nos occupations ne nous ont pas permis d'éclaircir par nos propres expé

riences.

Nous pouvons donc dire que les recherches qui tendent à perfectionner l'Agriculture ne font plus en quelque forte, notre ouvrage : elles font devenues un travail commun; & il s'eft formé une espece

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d'Académie d'Agriculture dont les membres font répandus non-feulement dans toutes les Provinces du Royaume, mais même dans les pays étrangers. C'est un corps épars qui n'afpire à d'autre titre qu'à celui de bon citoyen, & qui regarde comme la plus précieuse récompenfe de fes travaux, la fatisfaction intérieure qu'on reffent à faire le bien. Ce feul motif qui m'a animé & que l'on a pû reconnoître dans mes ouvrages, m'a valu l'honneur d'être regardé par ces amateurs comme un centre où fe rapportent les résultats de tous les travaux, & de toutes les vûes de ces précieux citoyens, qui femblent par-là me charger du foin d'informer le public de ce qu'ils font pour fon utilité. J'accepte cet emploi avec reconnoiffance, & je défirerois que mes talens puffent me mettre en état d'en remplir les fonctions d'une façon plus digne de l'objet qui nous anime, & de ceux qui m'honorent de leur correspondance.

Tout ce qui eft contenu dans ce nouveau volume regarde, 1o. la culture des différens grains fuivant nos principes; 2°. la perfection des inftrumens propres à exécuter cette culture, & la meilleure façon de donner les labours; 3°. les différentes maladies dont les grains font attaqués; 4°. la culture des différentes plantes potagères ou autres ; 5°. la folution de quelques problêmes relatifs à notre culture; 6°. l'hiftoire des différentes productions de la terre pendant l'année 1754, avec l'Abrégé des Obfervations météorologiques qui ont été faites au Château de Denainvilliers près Petitviers en Gâtinois. Effayons de donner une idée plus étendue de ce nouveau volume, en rassemblant le plus fuccinctement qu'il fera poffible, chacun de ces objets fous autant d'articles particuliers: on trouvera ces matieres en quelque façon éparfes dans ce volume, parce que je n'ai pas cru devoir féparer les observations qui appartiennent à chacun

de ceux qui me les ont adreffées.

I.

Sur la culture des différents grains fuivant nos principes.

Rien n'eft plus propre à perfuader des avantages de notre culture, & de la vérité des principes fur lefquels elle est établie, que l'exemple des perfonnes intelligentes qui l'ont pratiquée avec fuccès. Plufieurs, détournés par d'autres occupations, ne font pas à la vérité parvenus à bien exécuter ce que nous prefcrivons; mais les caufes ne leur étant pas inconnues, ils ont bien voulu nous en faire part, & nous rapportons dans notre ouvrage les détails de leurs travaux tels qu'ils nous ont été envoyés. Les mauvais fuccès, ainfi que la réuffite parfaite, peuvent être également utiles aux progrès de l'Agriculture. On verra donc dans notre ouvrage, que nous avons eu lieu d'être contens de la récolte des