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Reine Mere par tendreffe pour fa Maifon, dont les malheurs la touchoient fenfiblement, les goûta, & les appuïa de tout fon crédit ; le mariage de Savoye fut rompu, & la Cour revint à Paris. Alors les Négociations pour le mariage d'Efpagne recommencerent ouvertement, & les deux Puiffances réfolurent enfin de travailler au traité qui devoit finir leur divifion. Le Roi d'Efpagne chargea Dom Louis de Haro, & le Roi de France le Cardinal Mazarin de cette importante affaire; les deux Ministres ayant reçû leurs inftructions, s'avancerent fur la frontiere, & choifirent pour le lieu de leur entre-vûë une petite Ifle au milieu de la riviere de Bidaffoa, qui fépare les deux Royaumes; cette Ifle s'appelloit l'Ifle des Faifans, & a confervé depuis, le nom de l'Ile de la Conférence.

Dès que le Marquis fut affuré que le mariage du Roi étoit fur le point de fe conclure, il fe rendit dans fon

Gouvernement avec Madaine & Mademoiselle de Montaufier, pour y donner les ordres néceffaires en une pareille circonftance. La fituation des lieux le mit à portée de faire la Cour avec une dignité & une dépenfe digne de fon grand cœur, & du MaîIre à qui il vouloit plaire. Au paffage du Cardinal, il alla au-devant de Jui à la tête de près de deux mille Gentilshommes, & le traita magnifiquement avec toute fa fuite dans un dieu affez incommode; mais que Ja Marquife rendit agréable par la maniere gracieufe dont elle en fit les honneurs. Environ un mois après, M. & Madame de Montaufier avec leur famille allérent à Saintes où le Roi & la Reine Mere devoient paffer dans peu. Ils y arriverent en effet vers le quinziéme d'Aouft, & y demeurérent trois jours. Pendant ce tems, toute la Cour fut régalée (plendidement, & leurs Majefteż parurent extrêmément fatisfaites des foins &

de la générofité du Gouverneur. Le: Roi même qui jufques-là avoit toujours été extrêmément réservé à par ler, entretint fouvent le Marquis, lui parla du fiége de Saintes, loua fa fidelité pendant la guerre civile, & reçut avec bonté toutes les perfonnes diftinguées par leur naiffance & par leurs fervices, qu'il lui préfenta. La Reine de fon côté combla d'éloges & de carefles le pere, la mere & la fille, & les exhorta à fuivre la Cour pour affifter au mariage du Roi, qu'on ne doutoit pas qui ne fe fift inceflamment: le Roi joignit fes invitations à celles de la Reine, & le Marquis paffant par-deffus quelques difficultez qu'il avoit d'abord alleguées avec refpect, fe prépara à ce voyage, & alla fans tarder trouver la Cour à Bordeaux avec. fa famille.

Comme pendant les derniers troubles il y avoit cu plufieurs perfonnes confiderables de cette Ville exilées à Angoulême, où ils avoient.

reçu du

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Marquis & de fon époule toutes for tes de bons offices, ils s'efforcérent de leur rendre la pareille en cette oc cafion, & de reconnoître les obligations qu'ils leur avoient par des honneurs extraordinaires. Dès le foir de leur arrivée, une foule de gens de qualité allérent les faluer, & s'emprefférent à l'envi, pendant le féjour qu'ils firent à Bordeaux, de leur donner tous les témoignages poffi bles de leur eftime & de leur reconnoiffance. L'accueil qu'on leur fit à la Cour ne fut pas moins flateur pour eux. Le Roi fit éclater en leur faveur les fentimens d'une estime finguliére, qui firent augurer aux Courtifans qu'enfin le mérite feroit récompenfé. Le jeune Monarque parut tou ché fur tout de celui de Madame de Montaufier: il lui parloit fouvent avec une entiere confiance, & la Marquife prévit après deux ou trois entretiens qu'elle avoit eus avec lui, toutes les merveilles qui rendront à jamais mé:

morable le regne de ce Prince. Cependant les négociations pour la paix avançoient moins vite qu'on ne s'étoit imaginé, le Miniftre d'Ef pagne autant par fon génie adroit & rufé, que par la lenteur naturelle de de fa Nation, arrêtoit long-tems le Cardinal Mazarin, fur les plus petits articles, & lui difputoit le terrein pied à pied. De forte que la Reine jugeant bien que cette grande affaire ne fe pourroit terminer entierement qu'au printems de l'année suivante, prit le parti, au lieu de retourner à Paris, de 1659. paffer l'hyver en Languedoc, où elle efpéroit que le Roi par la présence engageroit les Etats de la Province à lui accorder un don gratuit plus confidérable que s'il étoit abfent. M. & Madame de Montaufier ne purent fuivre leurs Majeftez dans ce voyage, mais ayant reçu un ordre obligeant de rejoindre la Cour lorfqu'elle feroit revenue à Bordeaux, ils retournérent à Angoulême, & y firent tous les

Octob.

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