LA TULIPE nommée flamboyante.

MADRIGAL.

Permettez-moi, belle Julie,

De mêler mes vives couleurs.

A celles de ces rares fleurs

Dont votre tête eft embellie;

Je porte le nom glorieux

Qu'on doit donner à vos beaux yeux.

10. M. DE MONTAUSIER

D

MADRIGAL.

Ans la fable ni dans l'histoire

Il ne le parle point de moi,

Je ne me puis vanter de pofféder la gloire

De descendre du fang ni d'un Dieu, ni d'un Roy;

Mais la paffion véritable

Que vous témoigne ma couleur,
Plus qu'une plus illuftre fleur
Me doit rendre recommandable.
O beauté qu'on doit adorer!
Permettez-moi de vous parer,

Et je m'estimerai cent fois plus glorieufe
Que celle dont l'hiftoire eft cent fois plus

fameule.

11. Idem.

J

L'HYACINTE.

MADRIGAL.

E n'ai plus de regret à ces armes fameuses
Dont l'injufte refus précipita mon fort,
Si je n'ai poffédé ces marques glorieuses
Un deftin plus heureux m'accompagne à la

mort;

Le lang que j'ai verfé, d'une illuftre folie
A fait naître une fleur, qui couronne Julie.

L'HYACINTE.

MADRIGAL.

Depuis mon changement tout l'univers

remarque

Que d'un trifte & muet difcours

Je me plains qu'en mes plus beaux jours
J'ai reffenti la rigueur de la Parque ;
Mais je ceffe de murmurer,

Et l'extrême plaifir que j'ai de te parer,
Efface maintenant la plainte

Que mes feuilles portoient empreinte.

12. M. DE MONTAUSIER.

'Autrefois un foleil me fit perdre la vie, Mais un autre foleil me la rend aujourd'hui

3. M. C.

L'HELIOTROPE,