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birus qui étoit en Phrygie. On le faifoit auffi procéder du mot Cabar ou Cabir, qui en Hébreu & en Phénicien fignifie grand, fort, puissant; d'où les Cabires furent appellés grands Dieux, Dii magni. Quant aux noms particuliers que les Grecs leur avoient donnés, ceux dont il est le plus fouvent fait mention, font Caftor & Pollux, fils de Jupiter & de Léda. On en nomme deux autres, Jafion & Dardanus, fils de Jupiter & d'Electra ; deux autres encore, Alcon & Eurimédon, fils de Vulcain & de Cabira, auxquels on donne auffi pour fils Camilus ou Cadmillus, c'est-à-dire, Mercure. Suivant Ciceron, trois autres appellés Tritopatreus, Eubuleus & Dionyfius, étoient fils de Jupiter & de Proserpine. Mnafeas (3) en a auffi rapporté trois; savoir, Axieros, Axiocherfa & Axiocherfos. Suivant Dionyfiodore, Axieros eft Cérès ; Axiocherfa, Proferpine; & Axiocherfos, Pluton : mais fuivant M. Fourmont, dans fes Réflexions Critiques fur les anciens Peuples, Axieros eft Jupiter; Axiocherfos, Pluton; & Axiocherfa, Proferpine; ce qu'il prétend montrer par l'explication qu'il donne de ces trois noms en Hébreu

(*) MNASEAS étoit un Auteur Phénicien, qui, fuivant Jofephe, avoit écrit en fa langue l'Hiftoire de Phénicie..

ou en Phénicien. Il est dit dans le fragment de Sanchoniathon que les Cabires, fils de Sydyk, étoient au nombre de fept. Il y avoit eu en Béotie une ville dont les habitants portoient auffi le nom de Cabires. Un d'eux, appellé Prométhée, ayant reçu Cérès chez lui, cette Déeffe lui laiffa & à fon fils Etneus, un dépôt qui fervit de fondement aux mysteres des Cabires. Paufanias qui fait ce récit, y ajoute des particularités qui font juger que ces hommes appellés Cabires,

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étoient Miniftres des Dieux dont ils avoient pris le nom ; & qu'ainsi les Miniftres des Cabires étoient appellés Cabires comme eux. Strabon dit la même chofe à peu-près. Ce n'est pas tout: plufieurs des anciens Auteurs ont confondu les Cabires avec les Curetes, les Corybantes, les Dactyles Idéens, les Telchiniens, & même. avec les Dieux Pénates. Ils prétendoient que les uns & les autres étoient les mêmes. On ne peut voir toutes ces variétés, & cette confusion dans l'extraction, dans les noms, & dans le nombre des Cabires, fans obferver combien par cela même le Paganisme étoit une religion inconféquente, abfurde & monstrueuse. Elle ne l'étoit pas moins en ce qui concerne les mysteres des Dieux en queftion. Tout ce qui les regar

doit étoit mystique jufqu'à leurs noms, fuivant Strabon. Hérodote rapporte qu'ils avoient un Temple en Egypte, où les Prêtres feuls avoient la permiffion d'entrer ; & Paufanias dit que leurs myfteres n'étoient connus que de ceux qui y étoient initiés ; & qu'on ne pouvoit les divulguer fans s'exposer aux plus grands malheurs. Il en cite des exemples qu'il eft inutile de rapporter. Suivant cet Auteur, les mysteres de Cérès Cabiria en Béotie, étoient les mêmes que ceux des Cabires en Samothrace; fi les initiés obfervoient avec autant de foin de n'en point parler, c'étoit apparemment moins par la crainte d'en être punis, que parce que ces mysteres étoient infâmes, felon le récit qu'en fait Clément d'Alexandrie, en parlant du culte des Cabires chez les Etrufques.

Quant à la feconde question, savoir, comment Caftor & Pollux, qui étoient des Dieux Grecs, ont pu être appellés Dieux Cabires Syriens fur les médailles dont il s'agit; fi l'on trouvoit dans ce qui nous refte d'écrits & de monuments anciens, quelque indice qui pût faire juger que les Phéniciens euffent représenté les Cabires fils de Sydyk, ou leurs defcendants, à peu-près comme le font ceux auxquels les Grecs

ont donné le nom de Castor & de Pollux, ces médailles ne cauferoient aucune difficulté. On feroit fondé à croire que les Grecs, en recevant des Phéniciens le culte de leurs Dieux Cabires, les auroient fait représenter de la même façon, en leur donnant feulement, pour se les approprier, des noms Grecs, & pour peres des Dieux originaires de leur pays. Mais le fragment de Sanchoniathon, qui est le seul monument de la haute antiquité, où il soit fait mention des Cabires, ne contient rien qui puisse faire juger de la figure sous laquelle les Phéniciens pouvoient les avoir représentés avant leur premiere navigation en Grece ; & puifque dans les temps fuivants ils les ont fait représenter sur leurs monnoies à la maniere des Grecs, il y a lieu de préfumer qu'après leur avoir porté le culte de ces Dieux, ils ont emprunté d'eux la figure & les fymboles que les Grecs leur avoient attribués, fans cependant reconnoître d'autres Dieux Cabires que ceux qui étoient Syriens, ou Phéniciens d'origine.

Cette préfomption ne fera pas trouvée sans fondement, fi l'on fait attention à l'opinion qu'ils devoient avoir conçue de Castor & de Pollux par la célébrité qu'ils avoient acquise, com

me

me Dieux auteurs & protecteurs de la Navigation, & par le culte que leur rendoient non-feulement les Navigateurs, mais auffi les habitants des lieux maritimes. Ils n'ignoroient pas fans doute les attributs qui leur étoient donnés. On les avoit mis au nombre des aftres, & leurs conftellations fervoient à diriger la route des navires : elles étoient appellées Etoiles falutaires. On ne faifoit point de voyage par mer fans les invoquer auparavant. Quand on se trouvoit en danger, on formoit des vœux en leur adreffant de nouvelles prieres ; & l'on fe croyoit hors de péril lorsqu'une de ces étoiles venoit à paroître. C'est delà qu'ils étoient représentés ordinairement fur les médailles, chacun avec une étoile au-dessus de la tête. Ils étoient auffi représentés fur les navires par de petites figures qu'on y attachoit à la proue & à la pouppe, & alors ils étoient mis au rang des Dieux Pataques; mais de ce bas rang où ils étoient placés en ces occafions, on les élevoit en d'autres au plus haut rang, c'est-à-dire à celui des grands Dieux. C'est ainfi qu'ils étoient appellés fuivant plufieurs Auteurs, dont le témoignage, à cet égard, est confirmé par des Infcriptions latines & grecques. On trouve CASTORI. ET. POLLVCI. DIIS. Tome I.

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