페이지 이미지
PDF
ePub
[blocks in formation]

frères, de porter aux administrateurs de l'hôpi- | hospices, mais du moins « déduction faite des tal la part des pauvres. Il s'acquitta de sa com- frais journaliers et de la part d'auteur ». Ceci mission, et fit aux administrateurs un très était presque équitable, et ne pouvait durer. beau discours. L'archevêque de Paris et le pré- Le 7 frimaire an V (27 novembre 1797), une sident de Harlai étoient à la tête du bureau. loi nouvelle établit un impôt d'un décime par Dancourt s'efforça de prouver que les comé- franc à percevoir pour les pauvres sur chaque diens, par les secours qu'ils procuroient à l'hô- | billet dans les grands théâtres, et le 8 thermipital, méritoient d'être à l'abri de l'excommu- dor suivant (26 juillet 1798), cette loi est connication. Son éloquence ne fut pas heureuse. firmée par une seconde, qui d'autre part vient M. de Harlai lui répondit : « Dancourt, nous frapper durement tous les petits établissements avons des oreilles pour vous entendre, des de plaisir public concerts, bals, spectacles dimains pour recevoir les aumônes que vous fai- vers, qui sont taxés au quart de leur recette. tes aux pauvres; mais nous n'avons pas de lan- Enfin, en 1809, l'impôt fut porté de dix à onze gue pour vous répondre. » Ainsi, on trouvait pour cent, et depuis cette époque il n'a pas varié. bon de prendre l'argent de ces excommuniés, mais on maintenait l'excommunication. Cela ne leur fit pas grand mal, sans doute; mais n'est-ce pas étrange?

En 1713, quelques petits théâtres s'étant établis aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent, on les assujettit à l'impôt du sixième, prélevé déjà sur leurs grands confrères. Puis, on trouva bientôt que ce sixième était trop modeste, et, en 1716, tous les théâtres furent taxés à un neuvième en sus, ce qui portait l'impôt à 25 pour cent! Les théâtres regimbèrent, et franchement il y avait de quoi; trois nouvelles ordonnances (1718, 1719, 1720) maintinrent cet impôt formidable; les malheureux voulurent lutter, mais les hospices n'y allèrent pas par quatre chemins : « Requête fut présentée par eux au lieutenant général de police, pour qu'il leur fût permis de saisir entre les mains du sieur Dupuis et de la demoiselle Berthelin, caissiers et receveurs de l'Opéra, le montant des droits dus aux pauvres. La permission fut accordée, signification fut envoyée à Duchesne, l'un des directeurs du théâtre, et la saisie ne se fit pas attendre. Le procès-verbal, bien et dûment dressé, existe aux Archives hospitalières, sous la date du 5 décembre 1720. » Cet impôt inique, qualifié du nom de « quart des pauvres », subsiste jusqu'à la Révolution. On le supprime en 1791, quand la liberté des théâtres est mise en vigueur; mais, hélas! ce n'est pas pour longtemps. Dès le 11 nivôse an IV (1er janvier 1796), tous les théâtres de Paris sont invités » à donner chaque mois une représentation au bénéfice de la caisse des

L'Annuaire statistique de la ville de Paris nous apprend que la recette totale des théâtres de la capitale de la France s'est élevée, pour l'année 1880, au chiffre total de 22,611,018 francs. L'impôt prélevé au profit de l'administration de l'Assistance publique étant de onze pour cent, il a donc atteint, pour cette somme, le chiffre de 2,487,211 fr. 98 centimes, soit deux millions et demi en chiffres ronds. Et l'on doit remarquer que, comme nous le disions en commençant, les théâtres sont soumis à tous les autres impôts qui frappent toute espèce d'entreprise commerciale ou industrielle; mais il faut qu'ils trouvent chaque année, en dehors de ces impôts, et pour Paris seulement, une somme de deux millions cinq cent mille francs à verser dans les coffres de l'administration des hospices! Qu'ont donc fait ces infortunés pour être ainsi pressurés, et n'est-ce pas là ce qu'on pourrait appeler de l'injustice distributive?

DUCASSE. Si les villes flamandes de la Belgique et de la Hollande ont leurs kermesses, les villes flamandes de la France ont leurs ducasses, qui, pour être d'un genre tout différent, n'en sont pas moins un fruit du terroir et revêtent un caractère national pour la contrée. Dans nos Flandres, il n'est pas de commune, petite ou grande, qui n'ait sa ducasse, et quelques-unes en ont deux, la grande et la petite ducasse. L'origine de ces fêtes patronales, qui durent souvent quatre ou cinq jours, presque jamais moins de trois, se perd dans la nuit des temps, et depuis le douzième siècle elles excitent un tel empressement de la part des

316

DUÈGNE. DUGAZONS (MÈRES).

divers souverains, entre autres Charles-Quint et Philippe IV, ont essayé de modérer cet empressement par des ordonnances sévères, sans y pouvoir réussir.

populations que sous la domination espagnole | qu'on leur avait confiées. Ce qu'on appelle duègnes, dans le répertoire français, est un emploi qui comprend les rôles de vieilles femmes ou vieilles filles ridicules, dont la Marceline du Mariage de Figaro semble résumer le type. Cet emploi se confond dans celui des caractères, lequel comprend aussi les mères nobles (Voy. ces mots).

DUETTO.- Ce mot n'est pas, comme on semble le croire en France, un diminutif du mot italien duo, qui est passé dans notre langue. Malgré la nuance que le P. Martini a voulu établir à leur égard, les Italiens ne font aucune différence entre l'un et l'autre. Mais comme le mot duo est beaucoup plus usité chez nous, nous y renvoyons le lecteur pour ce que nous avons à dire à son sujet.

DUGAZONS. A l'époque où Mme Dugazon brillait à la Comédie-Italienne de tout l'éclat de son adorable talent, la musique n'avait pas pris, dans nos opéras - comiques, toute Mme Dugazon eut l'honneur de voir bientôt l'importance qu'on lui a donnée depuis lors. son nom attaché à son emploi et servant à qualifier les rôles créés par elle; pour désigner ces rôles, on disait « les dugazons ». Mais plus tard, quand l'opéra-comique prit tout son développement musical, les rôles de Mme Duga

Dans les villages et les petites communes, la ducasse n'offre guère de caractère particulier, et ressemble aux fêtes patronales des autres communes de France. Mais c'est dans les villes qu'elle acquiert toute son originalité, c'est à Lille, à Douai, à Valenciennes, à Cambrai, qu'on peut la voir dans toute sa splendeur, avec ses fêtes imposantes, ses riches cavalcades, ses cortèges somptueux, ses chars allégoriques et emblématiques, ses courses, ses carrousels... Chacune a son caractère propre, soit historique, soit fantaisiste, soit burlesque : à Douai, c'est la procession singulière du fameux géant Gayant et de sa famille; à Condé, c'est une promenade comique de fantoches de toutes sortes; à Cambrai, c'est une marche de chars de tout genre et de toute beauté; à Lille, c'est la procession de Notre-Dame de la Treille; à Valenciennes, c'est la fameuse fête des Incas, où un cortège de mille à douze cents hommes, revêtus de costumes de velours, de brocart, de draps d'or, quelques-uns montés sur des chevaux richement caparaçonnés, excite l'admiration générale et produit un effet véritablement superbe. Il est à remarquer que ces fêtes ont toutes un caractère profane, et que depuis la Révolution l'élément religieux en a été complè-zon se trouvèrent n'être placés qu'en seconde ligne au point de vue du chant, les rôles les tement éliminé. Elles n'en ont pas moins conplus importants et les plus difficiles sous ce rapport formant un emploi nouveau, celui des premières chanteuses ou chanteuses légères. Il en résulte qu'aujourd'hui l'emploi des dugaDUÈGNE. — L'un des emplois féminins zons, qui a conservé sa dénomination, comprend au théâtre. Le mot duègne nous vient de l'es- les rôles secondaires en ce qui concerne le chant, pagnol dueña, et en effet c'est du théâtre espa-tance au point de vue scénique que ceux de rôles qui d'ailleurs ont parfois plus d'imporgnol que nous est arrivé d'abord ce type de chanteuses légères. vieilles femmes, gouvernantes de bonne maison, dont les auteurs exagéraient le côté comique en les mettant en scène, pour faire passer condamnation, à l'abri du ridicule, sur les vices infâmes de ces ignobles mégères, qu'ils ne représentaient guère que sous l'aspect de viles entremetteuses poussant à la débauche, dans l'intérêt du lucre, les créatures innocentes

servé toute leur saveur, toute leur originalité, et l'on peut bien dire que nulle part on ne voit l'équivalent des ducasses flamandes.

Dans le genre de l'opéra-comique, l'emploi des dugazons est donc tout à la fois l'un des plus importants et des plus agréables. Il se partage d'ailleurs en deux : les premières et les secondes dugazons.

DUGAZONS (MÈRES).

C'est sous ce

[blocks in formation]

nom qu'on désigne un genre de rôles joués par | ges qu'on y fait parler, ni à l'éducation qu'on Mme Dugazon dans la seconde partie de sa leur suppose. Il n'y a donc que les transports carrière. Ce sont de jeunes mères, des femmes d'une passion violente qui puissent porter deux sur le retour, mais non pas encore des duègnes. interlocuteurs héroïques à s'interrompre l'un l'autre, à parler tous deux à la fois; et, même en pareil cas, il est très ridicule que ces discours simultanés soient prolongés de manière à faire une suite chacun de leur côté. »

:

DUO. Considéré au point de vue purement théâtral, le duo est un morceau à deux voix, accompagné par l'orchestre, comme tous les autres morceaux d'un opéra. Jean-Jacques On pourrait répondre à Rousseau qu'il n'est Rousseau, qui, en regard des merveilleux élans pas plus naturel de voir une seule personne de sa magnifique intelligence, avait parfois les s'exprimer en chantant, que d'en voir deux idées les plus biscornues et les soutenait avec chanter à la fois ; que dans la vie ordinaire on une énergie digne d'une meilleure cause, Jean- ne parle guère non plus en alexandrins, ainsi Jacques Rousseau, se rattachant à une opinion que cela se pratique dans la tragédie et dans la exprimée par Grimm dans un pamphlet, con- comédie poétique. Il est évident que le théâtre damnait ainsi l'emploi des duos au théâtre est un composé de conventions que nous som«L'auteur de la Lettre sur l'opéra d'Omphale mes bien obligés d'admettre, puisque sans elles a sensément remarqué que les duos sont hors il ne saurait exister. Malgré Rousseau donc, de la nature dans la musique imitative; car malgré Grimm, malgré Richard Wagner même, rien n'est moins naturel que de voir deux per- qui n'a rien inventé en matière de théorie scésonnes se parler à la fois durant un certain nique et qui, se contentant de mettre son adtemps, soit pour dire la même chose, soit pour mirable génie musical au service d'idées fausses se contredire, sans jamais s'écouter ni se répon- émises avant lui, a proscrit le duo à deux voix dre; et quand cette supposition pourrait s'ad- simultanées de la plupart de ses derniers opéras, mettre en certain cas, ce ne serait pas du moins il est bien certain que les compositeurs contidans la tragédie [lyrique], où cette indécence nueront de faire des duos au théâtre, et que le n'est convenable ni à la dignité des personna- | public persistera à les écouter.

E

ÉCHAFAUD. Ce que nous appelons au- | moments de la soirée, des employés spéciaux

jourd'hui théâtre, lieu clos et couvert, n'était chez nous, à l'origine des jeux scéniques, lors de la représentation des mystères et des miracles, qu'un simple échafaud élevé au grand air, sur la voie publique, et formé de quelques planches fixées sur des tréteaux, qui figuraient la scène. Ces échafauds, dressés d'abord pour les seuls acteurs, puis ensuite aussi pour le public, à l'occasion des fêtes accompagnées de spectacles, reçurent plus tard le nom d'establies, et pour plus amples renseignements nous renvoyons le lecteur à ce dernier mot.

ÉCHARPES (SAUT DES). - Voy. SAUT

[merged small][ocr errors][merged small]

ÉCLAIRAGE (L') AU THÉATRE. Le suif, la cire, l'huile, le gaz, l'électricité, tels sont les cinq agents qui, depuis trois siècles, ont successivement concouru à l'éclairage de nos théâtres publics. Quant à l'électricité, son usage sous ce rapport est encore dans l'enfance; mais, après les essais qui ont été tentés, avec les progrès qui se réalisent chaque jour, tout porte à croire que dans un temps très limité son emploi sera devenu général, sinon universel. Par là, bien des dangers seront écartés, et bien des causes d'incendie conjurées.

Au seizième et au dix-septième siècle, nos salles de spectacle furent éclairées et par des lampions et par des chandelles. A de certains

venaient moucher celles-ci sur la scène, à la grande joie des spectacteurs. (Voy. MOUCHEURS DE CHANDELLES.) Mais ces chandelles étaient réservées aux lustres qui étaient suspendus sur la scène; la rampe était formée d'une série de lampions posés dans une boîte en fer-blanc. Un soir, à l'Opéra, la chaleur de tous ces lampions enflamma le suif, qui se transforma en huile bouillante; cet incident causa une panique. C'était à l'époque du « système » et de la renommée fugitive, mais immense, du fameux

L'ancienne lampe d'Argant, dite quinquet.

banquier Law; c'est, dit-on, à la libéralité de ce personnage qu'on dut la transformation de l'éclairage, et la substitution des bougies aux lampions et aux chandelles. Puis, bientôt, un lampiste nommé Argant inventa la lampe à double courant d'air et à réflecteur qui prit le nom de quinquet, de celui qui la frabriqua et la perfectionna. Toutefois, il y eut lutte entre les deux éléments, l'huile et la cire, et celle-ci, paraît-il, conservait comme une sorte de privilège aristocratique, car voici la note assez singulière que je trouve dans les Mémoires de Fleury : « Depuis que la Comédie-Ita

ÉCLAIRAGE (L') AU THÉATRE.

319

tacle qu'avec de l'huile, tandis que les acteurs chantants filaient noblement des sons à la lumière des bougies. >>

lienne avait adopté l'Opéra-Comique, elle n'existait que pour mémoire; le bâton de mesure du chef d'orchestre devint un sceptre de fer; il pesait si lourdement sur la tête d'Arle- L'usage du quinquet prévalut cependant, et quin, de Pantalon et d'Argentine, que ces devint bientôt général. Mais tandis que la anciennes gloires, quand leurs jours de repré- bougie avait détrôné la chandelle, l'huile, qui sentation arrivaient, n'osaient éclairer leur spec- | avait vaincu la bougie, dut à son tour céder la

[graphic]

Figure qui indique comment les théâtres étaient anciennement formés de planches fixées sur des tréteaux. (V. ÉCHAFAUD).

place au gaz. C'est l'Opéra qui eut encore l'hon- | à l'Opéra. Par une coïncidence assez curieuse, neur de cette transformation nouvelle. Dès 1818', M. de La Ferté, intendant des menus plaisirs, était envoyé en mission à Londres pour se renseigner sur les effets du gaz hydrogène appliqué à l'éclairage des théâtres. Son rapport fut favorable, des expériences furent faites, et quatre ans plus tard, le 6 février 1822, le gaz faisait son apparition triomphale

c'était le jour de la première représentation d'Aladin ou la Lampe merveilleuse, opéra nouveau et posthume de Nicolo. L'emploi du nouvel agent lumineux se répandit promptement dans tous nos théâtres, et aujourd'hui la Comédie-Française est la seule qui ait conservé (pour la rampe seulement) l'éclairage à l'huile, comme moins fatigant pour les yeux des acteurs.

« 이전계속 »