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t. 651. B.

t. 654. B.

Dieu, & eft tourné tout entier vers lui feul; en forte qu'il ne peut haïr aucune de ses créatures. Il n'a point de jalousie, parce que rien ne lui manque. Il n'aime perfonne, de cette amitié commune: mais il aime le Créateur par les créatures.. Il n'eft fujet à aucun defir, parce qu'il n'a aucun befoin felon l'ame, étant déja par la charité avec fon bien aimé. L'action même de cette charité n'eft point un mouvement violent: mais une union étroite de l'ame avec fon bien, qu'elle embraffe fans diftinction de temps ni de lieu. Elle eft déja par la charité où elle doit être, & ne defire rien, parce qu'elle a l'objet de son desir, autant qu'il eft poflible.

Ainfi le gnoftique eft plûtôt delivré de ses paffions, qu'occupé à les moderer. La joye de la contemplation, dont il fe repaît continuelle ment fans en être raffafié ne lui permet pas de fentir les petits plaifirs de la terre. Il ne lui reste plus de fujet, pour retourner aux biens du monde; aprés avoir receu la lumiere inacceffible. Il habite déja par la charité avec le Seigneur, quoique fon corps paroiffe encore fur la terre. Ils ne fe tire pas de la vie, parce qu'il ne lui est pas permis: mais il tire fon ame des paffions. Il permet, fans y prendre part, que fon corps ufe des chofes neceffaires, pour ne pas être caufe de fa mort.. Il fera donc accoutumé à méprifer tout ce qu'il y a de fâcheux. Il fera infléxible aux voluptez du jour ou de la nuit. Sa vie frugale le rendra tem

perant, compofé, grave. Il aura befoin de peu: & de ce peu même il n'en fera pas fon capital, & ne s'y appliquera, qu'autant qu'il fera neceffaire. Il comptera pour une perte le temps qu'il fera obligé de donner à la nourriture.

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Clement montre enfuite quel ufage fon gnoftique pourra faire de toutes les fciences humaines. Ce fera fon divertiffement, quand il voudra fe relâcher de fes occupations plus ferieuses, comme des confitures à la fin du repas. Il dit, que c'est une foibleffe de craindre la philofophie des payens. La foi qui peut être ruinée par leurs raisonnemens, eft bien fragile: la verité est inébranlable; la fauffe opinion s'efface. Il marque l'ufage de la mufique, pour regler les mœurs: Dans nos repas, dit-il, nous chantons, en buvant les p. 659. Cù uns aux autres : nous charmons nos paffions, & nous loüons Dieu des biens qu'il nous donne fi abondamment, pour la nourriture de l'ame & du corps. Le gnoftique n'eftimera pas beaucoup p. 664. Ci de vivre, mais de bien vivre. Quand il aura des enfans, il regardera fa femme comme fa fœur ; puifqu'elle la doit être un jour, lorfqu'ils auront quitté leurs corps. Il prie à toute heure de la penfée. Premierement il demande la rémiffion p. 665. C. de fes pechez, puis de ne plus pecher; afin de pouvoir bien faire, & par la pureté de cœur arriver à voir Dieu face à face, par son fils. Il dit p. 667. B que le veritable prêtre & le veritable diacre n'eft pas eftimé jufte, parce qu'il eft prêtre : mais

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il est mis en ce rang, parce qu'il eft jufte : & les promotions qui fe font dans l'églife, d'évêques, de prêtres & de diacres, font des imitations de la gloire des anges.

La philofophie n'a plû qu'aux Grecs, & non pas à tous. Chaque philofophie n'a eu que peu de difciples. La doctrine de notre maître n'eft pas demeurée dans la Judée, elle s'eft répanduë par toute la terre: perfuadant les Grecs & les barbares, en chaque nation, en chaque ville, en chaque bourgade: amenant à la verité les familles entieres, & chacun des auditeurs en particulier, & même plufieurs philofophes. La philofophie payenne s'évanoüit auffi-tôt, fi le moindre magiftrat la défend: notre doctrine, depuis qu'elle a commencé à être annoncée, eft défenduë par les empereurs, les rois, les gouverneurs particuliers & les officiers : une infinité d'hommes l'attaque, & fait tous les efforts poffibles pour l'exterminer; & elle fleurit de plus en plus.

Dans le feptiéme livre, Clement montre que le gnoftique eft le feul veritablement pieux: pour refuter la calomnie d'athéifme, dont les payens prenoient le plus grand prétexte des perfécutions. Le service de Dieu eft le foin continuel que le gnoftique prend de fon ame : & fon application à Dieu, par une charité qui ne ceffe point. A l'égard des hommes il y a deux fortes. de fervices; l'un pour les rendre meilleurs, l'autre pour les foulager. Dans l'églife les prêtres

s'aquittent du premier, les diacres du fecond. Le gnoftique fert ainsi Dieu dans les hommes, s’apliquant principalement à les ramener à lui. Rien n'eft meilleur fur la terre que l'homme pieux, ni dans le ciel que l'ange bienheureux. Mais la p. 702. A. plus parfaite, la plus fainte, la plus dominante, royale, bienfaisante, eft la nature du Fils : la plus approchante du feul Tout-puiffant.

Par ces paroles il fembleroit que Clement diftingueroit la nature du Fils de Dieu, de celle du

Pere, s'il ne difoit ailleurs: Notre pédagogue eft 1. Ped. c. 7. le Dieu JESUS, le Verbe conducteur de toute p. 109. D. la nature humaine, le Dieu qui aime les hommes. Et encore: Dieu ne hait rien, ni le Verbe: . 8. p. 113. D. car tous deux font un, c'elt-à-dire Dieu. Et encore: Le Dieu de l'univers eft feul bon, juste, Créateur, le Fils dans le Pere. Et encore à la fin p. 119. D. du pédagogue: Louons & remercions le feul Pere & le Fils; le Fils & le Pere notre pédagogue, & le Fils notre maître avec le S. Efprit. Tout à un, en qui est tout; par qui tout est un. Et dans le cinquième des ftromates, expliquant un paffage de Platon, il dit: Je ne puis l'enten- p. 198. D. dre autrement que de la fainte Trinité. Car le troifiéme eft le S. Efprit & le Fils est le second.

L'action du gnostique parfait eft de converfer avec Dieu par le grand pontife auquel il se rend femblable autant qu'il eft poffible, en fervant Dieu de toutes manieres. Les facrifices agréables à Dieu font les vertus : l'humilité avec Eeee iij

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la fcience, fe captiver, fe détruire foi-même: faire mourir le vieil homme, c'est-à-dire le peché & les paffions.Dieu ne peut être touché, ni par le plaifir fenfible, ni par l'interêt : & par conféquent il n'a befoin ni de facrifices, ni d'offrandes pour orner des temples, ni de gloire exterieure: il ne cherche pas la dépenfe, mais l'affection dans les facrifices. Or ce culte exterieuz étoit toute la religion des payens. L'image de Dieu la plus reffemblante eft l'ame du juste, formée fur le modele de la loi éternelle du Verbe: qui eft la premiere image de Dieu, en forte que l'homme eft le troifiéme. Ceci eft dit pour oppofer aux idoles la vraye image de Dieu. Le gnoftique honore Dieu, non en certains lieux déterminez, ni en certains jours de fête, mais toute la vie & en tout lieu, où il trouve des gens de fa créance, ou même feul : parce qu'il croit que Dieu eft par tout. Toute la vie eft une fête, il loüë Dieu en labourant, en navigeant, en tout état. Il y avoit toutefois déflors des heures marquées pour la priere: comme Tierce, Sexte & None. On fe tournoit à l'orient, & la pofture ordinaire en priant, étoit de lever la tête & les mains au Ciel : on levoit même les pieds, en répondant à la conclufion de la priere : mais le gnoftique s'exerçoit à l'oraifon continuelle & mentale.

S. Clement ajoûte : Le gnoftique fait du bien, autant qu'il peut à tous les hommes. S'il eft conf

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