que les Il eft des bienfaits, MONSEIGNEUr, dont le fouvenir eft auffi borné avantages momentanées qu'ils procurent. Mais faire débrouiller les annales d'une grande Province, pour mettre fous les yeux de tout un Peuple l'expérience des fiecles paffes; pour éclairer les Savans fur l'antiquité, les villes fur leurs prérogatives, l'ancienne nobleffe fur l'éclat de fon origine; c'est une de ces faveurs dont l'utilité fe perpétue d'âge âge, & tranfmet à tous les fiecles le nom chéri du Bienfaiteur. Si les braves Chevaliers qui fuivirent Charles d'Anjou à la conquête de Naples, pouvoient être encore fenfibles à la gloire, ils joindroient leur reconnoiffance à la nôtre; & la récompense la plus flatteufe de leurs exploits, ce feroit de voir leurs noms tirés de l'oubli la protection d'un FILS DE FRANCE, par fait d'habillemens, de coëffures, de danfes & de mets, en fait d'anecdotes même, de modeles propres à être ornés & à figurer dans un Ouvrage uniquement fait pour amufer: Cette reffource peut être bonne pour un Auteur, qui parle d'un pays éloigné, où peu de gens vont le prendre en défaut : mais elle ne fert de rien quand il s'agit d'une Province, où une infinité de perfonnes abordent, & où le gouvernement donne aux habitants à-peu-près le même ton & le même caractere qu'aux autres habitants du royaume. Nous laifferons au voyageur le plaifir de remarquer lui-même les ufages qui le frapperont davantage; nous ferons feulement connoître ceux qui méritent une attention particuliere, foit parcequ'on ne les trouve point ailleurs, foit parcequ'ils tiennent à des usages an ciens, ou à des ufages qui regnent encore en Italie. Un article plus intéreffant,parcequ'il eft vraiment utile par fon objet, & qu'il porte fur des notions plus fures, eft l'adminiftration de la Province. Il n'eft pas long, & il ne doit pas l'être; mais il l'est tout autant qu'il faut pour donner au lecteur des idées claires fur cette importante matiere. Nous terminerons cet Ouvrage par cinq Lettres fur les Trouveres & les Troubadours, dans lefquelles nous examinerons fi les Trouveres, c'est-à-dire, fi les premiers Poètes, qui ont écrit en françois, doivent être regardés comme les Reftaurateurs de la poéfie moderne, & comme les modeles fur lefquels les Poètes des autres nations fe font formés. C'eft une gloire qu'on avoit attribuée jufqu'à préfent aux Trou badours, c'est-à-dire aux Poètes Provençaux, & c'eft pour la leur conferver, que nous avons fait ces lettres. Comme elles ferviront à donner une idée de l'ancienne Littérature provençale, il est tout naturel de les inférer dans un Ouvrage qui a pour objet de faire connoître la Provence. Nous mettons à la fin du volume quelques infcriptions intéreffantes que nous avons découvertes depuis peu, & le nombre des poftes d'un endroit à l'autre. N. B. Par-tout où je parle de la lieue, j'entends la lieue de Provence, qui eft d'un peu plus de trois mille toifes. |