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lui parler & l'entendre, ô mon Dieu!... & j'adorerai, je bénirai, en expirant, & ta juftice & ta bonté.

L'ANGE.

Agar, tout ce qui vous environne déja vous retrace, ou vous préfage fa bienfaifance infinie; il a transformé l'affreux défert où vous gémiffiez, en un féjour délicieux. Sa puiffance & fa gloire éclatent & brillent autour de vous.

AGAR.

Hélas! un feul objet frappe ici mes yeux. Je n'y puis voir qu'Imaël privé de la vie. L'ANGE.

Ne vous laiffez point abattre, Agar. Vous étes fidelle & foumife? N'avez-vous pas l'heureux droit de tout efpérer? Quel miracle eft impoffible à l'Etre fuprême, qui lit au fond de votre cœur? Il vous juge, Agar, & vous protege. Il punit avec indulgence; & lui feul fait récompenser fans mefure.

AGAR.

Qu'entends-js, Ciel! quelles paroles confolantes & divines.

L'ANGE.

Levez les yeux: voyez, heureufe Agar; la bonté du Seigneur fait encore un nouveau prodige pour vous.

(L'Ange touche la terre avec fa palme, il en jaillit à l'inftant une fontaine abondante.) AGAR.

O mon Dieu! tant de bienfaits ne me fe

ront pas inutiles. Vous voulez que j'en jouiffe; Ifmaël va donc revivre ? L'ANGE s'approche d'Ismaël. Approchez-vous, Agar!

AGAR courant fe précipiter à genoux aux pieds de fon Fils.

Ah! grand Dieu! mon Fils!... Mais n'eft-ce point une illufion? fa pâleur fe diffipe....O Ciel! fi je m'abufois ! (Elle lui prend la main.) Sa main... n'eft plus froide.... Ifmaël! Mon Dieu! acheve ton ouvrage!...

Je

(Après un moment de filence, elle regarde attentivement fon Fils. Il ouvre les yeux; ô mon Fils!... me meurs. (Elle tombe fur un lit de gazon.) L'ANGE.

Agar, Agar, ranimez-vous pour louer, pour adorer le Seigneur!

Ifmaël !

AGAR revenant à elle.

L'ANGE.

Reprenez vos fens, Agar, & regardez votre fils.

AGAR.

Mon Fils!... Il m'eft rendu! Quoi ce n'eft point un fonge.

ISMAEL fe foulevant.

Ah! je renais !

AGAR.

Ah! mon Fils! cher enfant, viens dans mes bras, viens embraffer la plus heureuse des meres!... Que dis-je!... Non, prof ternons-nous, & remercions le Ciel.

IS MAE L.

Que ne lui dois-je pas,

réunit.

Maman! il nous

L'ANGE.

Jouiffez déformais, Agar, d'un bonheur inaltérable: Dieu m'ordonna de vous éprouver. I eft fatisfait, & tous vos maux font finis. Elevez cet enfant; donnez-lui des vertus; infpirez-lui la crainte, & fur-tout l'amour du Seigneur. Voilà le plus digne hommage que vous puiffiez offrir de votre reconnoiffance.

AGAR.

Ah! pourrois-je y manquer après de tels bienfaits?

L'ANGE.

Que votre exemple, Agar, ferve à jamais de leçon; qu'il corrige les murmures des mortels infenfés, & qu'il apprenne que Dieu fait récompenfer la patience, la fou miffion, le courage & la vertu.

FIN.

LA BELLE

ET LA BETE,

COMÉDIE EN PROSE

ET EN DEUX ACTES.

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