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pas fort éloigné, & je ne veillois pas. LA MARQUIS E. Cependant le bal....

DORIZÉ E.

Et... ne veillez-vous qu'au bal?
JULIETTE.

Un peu auffi pour le Pharaon; un peu dans les petits foupers donnés à Madame la Vicomteffe. Mais avec cela Madame communément eft toujours dans fon lit à cinq heures du matin.

LA

MARQUIS E.

Une autre, fois, Juliette, vous répondrez quand on vous queftionnera, & je vous prie que ce foit avec moins d'exagération. Sortez.

Fuliette fort.).

DORIZÉ E.^

Vous la traitez bien mal.

LA MARQUIS E.

Quoi! lorfqu'elle cherche à me calomnier près de vous?

DORIZ É E.

Eh! que vous importe? N'êtes-vous pas toujours fûre que je vous croirai de préférence à toute autre? Dites-moi positivement que vous ne jouez ni ne veillez d'habitude; malgré la bonne opinion que j'avois de Juliette, je ferai certaine qu'elle n'a pas dit la vérité: quoiqu'elle foit fort au-deffus de fon état, je ne puis cependant balancer un moment, entre l'affurance d'une femme-de-chambre & la vôtre. Vous ne ré pondez point.

LA MARQUISE après un moment de

filence.

Ma tante, Juliette n'a dit que l'exacte vérité.

DORIZÉ E.

Et fans cette explication, vous l'accu.fiez cependant de vous calomnier. LA MARQUIS E.

J'ai eu tort; mais vous voyez du moins que je le répare fans détour. J'ai cédé au premier mouvement d'impatience qu'a dû m'infpirer cet empreffement de vous apprendre des chofes qu'elle étoit fûre que vous blâmeriez.

DORIZÉ E.

Puifque vous les faites fans fcrupule, en fachant vous même qu'elles peuvent me -déplaire, pourquoi craindre que j'en fois inftruite? N'êtes-vous pas votre maîtreffe? Je n'ai fur vous que les droits que votre amitié peut me donner; quand vous vous -y refuferez, je n'ai plus ni reproches à vous faire fur vos fautes, ni confeils à vous - offrir.

LA MARQUIS E.

Ah! ne me parlez point ainsi, vous me percez l'ame. Pourriez-vous me foupçonner d'oublier ce que je vous dois, & de ne pas avoir pour vous tout le refpect & tout l'at-tachement de la fille la plus tendre? Combien de fois j'ai gémi de cette longue abfence qui m'a féparée de vous! Ah! plût cau Ciel que vous ne m'euffiez jamais quittée! Non, ma tante, mon cœur eft tou

jours le même, vous y conferverez à jamais tous vos droits, & croyez que la crainte de vous affliger pourroit feule mettre des bornes à ma confiance.

DORIZEE l'embrassant.

Hélas! eft-il rien de plus affligeant pour moi, que de vous en voir manquer? Achevez donc de me faire lire dans ce cœur naturellement fi fenfible & fi vrai, & qui vient peut-être de ne s'ouvrir qu'à demi. LA MARQUISE, avec embarras. Qu'exigez-vous?... D'ailleurs, je n'ai point de fecrets.... Il eft vrai que depuis quelque temps je me fuis livrée à un genre de vie trop fatiguant pour moi; mais j'y renoncerai fans peine, & je fens que l'occupation & la folitude conviennent mieux à mon caractere que toute cette vaine diffipation.

DORIZ É E.

La folitude n'eft faite ni pour votre âge, ni pour votre état. Ne fauriez-vous renoncer aux abus d'une diffipation exceffive, fans devenir fauvage? Ce ne feroit, mon enfant, que changer de folie. Vous devez vivre dans le monde; jouiffez des plaifirs innocents qui s'y trouvent; donnez à la fociété fept heures de la journée; mais du moins employez le refte à cultiver votre efprit & vos talents. Voilà tout ce que j'avois exigé de vous, & ce que vous m'aviez promis. Nous étions convenues auffi que vous ne joueriez point aux jeux de hafard.

LA MARQUIS E. Tout cela eft vrai; mais j'ai toujours joué un jeu fi médiocre!...

DORIZ É E.

Les jeux de hafard font toujours chers & dangereux, fur-tout lorfqu'ils conduifent jufqu'à cinq heures dn matin d'ailleurs, ce font eux qui donnent à une femme la réputation de joueufe; & je vous ai parlé tant de fois des inconvénients affreux d'une telle réputation!

LA MARQUIS E.

Vous m'avez quittée, je me fuis égarée; vous revenez, je retrouve mon guide; je me corrigerai, n'en doutez pas..... DORIZÉ E.

Je vois du moins que votre cœur n'eft point changé.... tout peut fe réparer, j'en fuis fure à préfent.... Que faites-vous ce foir ?

LA MARQUIS E.

Je n'ai point d'engagement. J'attends du monde ce matin; mais ce foir je ferai libre. DORIZÉ E.

Voulez-vous me donner à fouper?
LA MARQUIS E.

Si je le veux!... Eft-il rien que je puiffe préférer jamais au bonheur d'être avec vous? Je ferai feule.

DORIZÉ E.

Puis-je y compter?

LA MARQUIS E.

Ah! foyez-en füre; il n'y a point de tiers avec vous, qui ne me fut importun

DORIZÉ E.

Vous m'aimez donc toujours?
LA MARQUIS E.

Autant que ma vie, & je le fens plus que

jamais.

DORIZE E.

Vous avez un moyen bien facile de me

le prouver.

LA MARQUIS E.

Ah! comment?

DORIZE E.

En m'accordant une confiance entiere... mais nous cauferons ce foir. Promettezmoi feulement de répondre fans détour à toutes les queftions que je vous ferai.

LA MARQUIS E.

Ah! je pourrois defirer que vous ignoraffiez mes fautes; mais mentir, & fur-tout avec vous, non, ma tante, vous ne le craignez pas.

DORIZÉ E.

Il fuffit, je fuis parfaitement tranquille & contente.... mais il faut achever votre toilette. Adieu, ma chere fille; à ce foir, nous reprendrons cette entretien. (Elle Pembraffe.)

LA MARQUIS E.

Que vos bontés me rendent heureufe!... JUILETTE furvenant.

Madame, voilà un billet, & l'on attend

la réponse.

DORIZÉ E.

Allons, mon enfant, je vous laiffe. A

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