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ce foir. (La Marquife conduit Dorizée, elles s'embraffent au bout du fallon.) JULIETTE les regardant.

Madame eft toute attendrie.... je fuis tentée de croire qu'elle aura tout avoué. Ah! que je le voudrois!

SCENE IV.

LA MARQUISE, JULIETTE, UN VALET-DE-CHAMBRE, UN

LAQUAIS.

LA MARQUISE revenant.

VENEZ m'embraffer, ma chère Juliette,

& recevoir mes excufes de la maniere dont je vous ai parlé tout-à-l'heure.. JULIETTE baife la main qu'elle lui tend, la Marquife l'embraffe.

Des excufes!...

L A MARQUIS E.

Oui, cette expreffion n'eft pas trop forte. N'avez-vous pas été la compagne de mon enfance? N'êtes-vous pas l'amie que ma tante m'a donnée ?... Elevée avec moi, élevée par elle, que de titres vous avez pour m'être chere!... Ah! Juliette, que n'ai-je profité comme vous de l'éducation que j'ai reçue.... Hélas! je n'ai jamais fenti mes torts avec autant d'amertume qu'aujourd'hui.

JULIETTE.

Ah! Madame de quel attendriffement

vous me pénétrez!... Je l'avois prévu, que cet entretien falutaire vous rendroit entiérement à vous-même....

LA MARQUIS E.

....

Ma tante!.... que je l'aime! . . . . quelle ame peut fe comparer à la fienne! quelle raifon! quelle douceur! quelle charmante & tendre indulgence!....

UN

VALET-DE-CHAMBRE apportant un billet.

Madame

c'eft de la part de Madame la Baronne de Saint-Phar, & l'on attend la réponse.

LA MARQUIS E.

...

Il fuffit.... (Elle lit.) Le Valet-de-Chambre fort.) Quelle importunité!.... Mais il faut bien répondre.. Qu'ai-je fait du premier billet?.... Ah! le voici.... Alfons, je vais écrire, Juliette, pendant que vous acheverez de me coëffer. Mettez feulement quelques fleurs dans ma tête.... à la hâte.... (Elle fe met à fa toilette, & prend fon écritoire.)

JULIETTE à part.

Ces maudits billets, je le parie, vont la diftraire de fes bonnés difpofitions.... Fuliette prend des fleurs dans un carton.) Madame veut-elle cette guirlande de Rofes? LA MARQUIS E.

Tout ce que vous voudrez, cela m'eft égal. (Juliette s'approche & la coëffe.) (La Marquife cherchant fur fa toilette. Ou donc eft mon cachet?..(Elle apperçoit la figure de bifcuit.) Ah! Juliette.

JULIETTE.

Quoi donc, Madame, je vous ai piquée?....

LA MARQUIS E.

Eh! non. Regardez donc la jolie chofe !
JULIETTE.

Ah! ce n'eft que cela?.... C'est une galanterie de Madame la Vicomteffe; il y a même un billet par-là. (Elle cherche avec la queue de fon peigne.) Tenez, le voici. LA MARQUIS E.

Comment ne me parlez-vous pas de cela? (Elle lit le billet.)

JULIETTE.

Je l'avois oublié. Je fuis fi blafée fur toutes ces figures de l'amitié & les autels de l'amitié, & les chiffres!

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...

LA MARQUIS E.

Son billet eft charmant, & cette attention a réellement beaucoup de grace. JULIETTE à part.

Oui tout-à-fait.

LA MARQUIS E.

Ah! convenez, Juliette, que cette figure eft raviffante; elle a une expreffion!... JULIETTE.

Moi, je ne lui vois qu'un vifage fade & long, qui me paroît d'une infipidité à donner des vapeurs. (Elle baille.)

LA MARQUISE féchement. Vous êtes difficile. Pour moi, je la trouve charmante.

JULIETTE.

C'est tout ce qu'il faut.

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LA MARQUISE fe regardant dans un miroir,

Comme vous m'avez coëffée?.... Mais c'eft affreux!.... Donnez-moi encore une branche de rofes.... & puis cachetez mes lettres, & portez-les. (Juliette cachette avec des pains à chanter. La Marquise raccommode fa coeffure.)

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UN LAQUA IS.

Madame, c'eft de la part de Madame la Comteffe de Rofanne.... (Il lui donne un billet, la Marquise lit.)

JULIETT E.

Et de trois!....

LE LAQUA IS.

Madame la Marquife Sophie & Madame de Torvures ont envoyé favoir des nouvelles de Madame.

LA MARQUIS E.

C'est bon. Il n'y a point de réponse à ce billet. Juliette, donnez-lui ceux que Vous venez de cacheter.... (Le Laquais s'en ya.) (La Marquife au Laquais.) Ecoutez il faut aller favoir des nouvelles de Madame Dorville.

JULIETTE.

Eft-ce qu'elle est malade?

LA MARQUIS E.

Oh! non, mais elle avoit hier un peu de migraine à l'Opéra.... (Au Laquais.) Et puis de Madame de Germeuil.... entendezyous ?

LE LAQUA I S.

Oui, Madame. (Il fort.)

LA MARQUISE fe coëffant toujours. Une épingle..... raccommodez donc cette boucle.... (Elle fe regarde.) Il est vrai que je fuis aujourd'hui d'un change

ment....

JULIETT E.

A la vie que vous menez, cela est tout fimple; & fi cela continue, dans deux ans vous ne ferez plus du tout jolie.

LA MARQUIS E.

Je ne m'en foucie guere; ne faut-il pas toujours finir par-là?

JULIETT E.

Oui; mais en vieilliffant avant le temps, on détruit fa fanté, & ce malheur eft trèsréel. D'ailleurs, Madame, fi vous êtes fi peu attachée à votre figure, pourquoi ces toilettes éternelles qui confument un temps que vous pourriez bien mieux employer? LA MARQUIS E.

Vous avez raifon, d'autant plus que la toilette me fatigue & m'ennuye à l'excès. UN VALE T-D E-CHAMBRE. Mademoiselle le Doux demande fi elle peut

entrer.

JULIETT E.

Ah! bon, voici à préfent les Marchandes de modes....

LA MARQUIS E. Renvoyez-la, je n'ai besoin de rien. LE VALE T-DE-CHAMBRE. Elle dit qu'elle ne defire que l'honneur de voir Madame, & de lui montrer des mo

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