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PHED IM E.

Eh bien!... Vous vous taifez, Phanor.
PHANO R.

Quoi, Zirphée! l'ai-je bien entendu?... mes fentiments ne vous font point odieux! Quoi, vous me permettriez d'ofer vous en entretenir?

ZIRPHÉ E.

Ne m'accufez jamais d'ingratitude.

PHANO R.

Ah! je n'accufe que mon fort.

PHEDI ME.

Nous voilà retombés dans la trifteffe... (bas à Zirphée) Parlez-lui done. Allons, faites-vous un effort. Regardez-le du moins. PHANO R.

O Ciel! que dites-vous, Phédinte! Non, Zirphée, ne me regardez point; je perdrois tout mon bonheur.

ZIRPHEE le regarde avec timidité, & enfuite elle baie les yeux.

Vous voyez, Phanor, que vous êtes injufte.

PHANO R.

Ah! puiffiez-vous me le prouver encore! (Il fait un mouvement pour s'approcher de Zirphée; elle treffaille, & fait quelques pas pour le fuir. Il recule, Zirphée refte immo

bile.

...

PHEDIME après un moment de filence. Les voilà tous deux confternés. Ah çà, Phanor, moi qui n'ai nul peur de vous, je vous prie de me donner le bras, & de me conduire à la comédie. Vous m'aviez

promis une fête, & décidément il m'en faut une: allons, venez....

PHANO R.

Zirphée! vous pouvez fans crainte fuivre votre amie, je vais refter ici.

PHED IM E.

Point du tout; il faut que vous nous faffiez les honneurs de la fête; moi du moins je l'exige. Vous m'avez enlevée tout comme Zirphée, j'étois auffi malheureuse qu'elle, ainfi j'ai les mêmes droits à votre complaifance.... D'ailleurs, je mériterois bien quelque petite préférence. Vous ne me paroiffez pas beau, mais je vous trouve fort aimable. (Elle le prend fous le bras.) Zirphée, venez-vous avec nous ? Vous ne répondez pas?... Mais vous boudez, je crois. ZIRPHÉE à part.

Qu'elle m'impatiente!

PHED IM E.

Adieu, Zirphée.

ZIRPHÉE avec dépit.

Puifque je vous importunerois, allez, Phédime,... allez, Phanor.

PHANOR quittant le bras de Phédime. O Ciel! Zirphée, pourriez-vous croire ?..... PHED IM E.

Que fignifie ceci? Pour la premiere fois, Zirphée, vous avez des caprices... Allons, allons, que de façons ! Voulez-vous venir à la comédie? car pour moi je ne puis vous la facrifier.

ZIRPHÉ E.
Je voudrois... que Phanor y vint auffi.

PHANOR.

Ah! je fens le prix de tant de bonté... mais, Zirphée, en profiter, feroit peut-être en abufer... Pardonnez, je lis dans votre cœur, je n'ai rien fait pour vous, & vous croyez me devoir de la reconnoiffance; vous vous efforcez de combattre la jufte horreur que ma vue vous infpire; mais je fouffre plus de vos peines que des miennes, & je ne puis fupporter la contrainte que vous vous impofez. Vous régnez ici, vous feule êtes la fouveraine de ce palais; commandez-y, fuyez-moi, foyez libre & paisible, & Phanor fera trop heureux.

ZIRPHÉ E.

O le plus généreux des hommes! Que je ferois méprifable à mes yeux, fije pouvois déformais vous voir avec peine.... Non, Phanor, la reconnoiffance n'est point un devoir pénible pour mon cœur.

PHEDI ME.

Fort bien, allons, nous acheverons cet entretien pendant la comédie. (Elle reprend le bras de Phanor. ) Zirphée, fi vous aviez befoin d'un guide, Phanor pourroit.... PHANO R.

O Ciel! qu'ofez-vous dire?

ZIRPHÉE regarde Phanor avec timidité, mais fans effroi.

Phanor, voulez-vous me donner le bras?
PHANO R.

Ah! fi vous me plaignez, fi je vous intéreffe, je vous le répete, j'ofe l'exiger, Zirphée, ne vous contraignez point pour moi.

ZIRPHEE le prenant fous le bras,. Eh bien, je vous obéis, c'eft fans contrainte & fans effort.

PHANO ́R.

Ah, Zirphée! que ne puis-je vous faire connoftre ce qui fe paffe au fond de mon

ame.

PHED IM E.

Vous nous en rendrez compte à la comédie, partons. (A part en s'en allant. Y Grace au Ciel, Zirphée commence à s'apprivoiser.

Fm du premier Acne.

ACTE II.

SCENE PREMIERE. ZIRPHÉE, PHÉDIM E. PHED IM E.

CONVENEZ qu'il eft impoffible d'être plus aimable, plus intéreffant.

ZIRPHÉ E.

Je ne reviens pas de ma furprife; je n'aurois jamais cru pouvoir m'accoutumer à lui. PHED IM E.

Cela eft tout fimple, vous ne vouliez pas l'écouter; vous ne connoiffiez ni les char mes de fon caractere, ni les agréments de fon efprit.

ZIRPHÉ E.

Il est d'une bonté, d'une délicateffe.... Il a même beaucoup de graces.... Comme le fon de fa voix eft touchant!

PHED IM E.

Enfin donc, vous n'en avez plus peur?
ZIR PH É E.

Ah! je l'eftíme trop pour le craindre.... mais l'intérêt qu'il m'infpire me fait éprouver je ne fais quoi de trifte & de douloureux que je ne puis définir. Hier je n'avois pour lui que la pitié qu'on doit aux mal

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