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Ce n'est qu'un tribut de l'usage,

Que par indemnité l'on paye à la laideur.

Le Chevalier eft délivré d'un entretien qui le fatiguait cruellement par Durimon, Médecin fort étourdi, quoiqu'âgé de cinquante ans, lequel entre avec précipitation, & tenant à la main de petits papiers à vignettes; ce font des bulletins qu'il envoye à trente de fes confreres qui veulent profiter de fon expérience.

Le CHEVALIER.

Quoi, de Paris on vous confulte ici?
DURIMO N.

De Paris, dites-vous? des deux bouts de la

France;

J'ai guéri ce matin vingt hommes dans Albi, Travaillés des long-tems d'une cacochimie.

Il blâme enfuite l'ancienne méthode des Médecins, il affirme que la moderne eft bien meilleure.

Le Moliere eut raison de traiter de mauffades,
Un tas de gens chargés de Grec & de Latin,
Dont le projet était de guérir leurs malades.
Eft-ce là, dites-moi, l'objet d'un Médecin, ?

L'on ne fuit plus l'antique ufage 5
Jadis on s'attachait à connaître le corps.
Et fa complexion; mais aujourd'hui plus
fage,

La Médecine a fu reconnaître les torts,
Son fyftême n'eft plus qu'un riant badinage,
L'efprit du jour devient fon élément,
La gaieté fon foutien, & l'air du perfifflage
Eft fon premier talent.

CIDALIS E.

Pour être Médecin, il faut être plaisant.

DURIM O N.

Je puis fans vanité comparer mes malades, Aux Héros d'Opéra, qui meurent en chan

tant.

Par un principe faux, jadis nos Camarades

Les affommaient en commençant ;

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Plus raifonnables & moins fades, Nous les divertiffons. jufqu'au dernier inftant

Le CHEVALIER.

J'entens, ils meurent auffi vîte;
Mais un peu plus. gaiement..

Durimon, après avoir etalé fes merveilleux talens pour la Médecine, ne peut s'empêcher de parler de fes

équipages; voici comment il s'exprime.

En entrant dans le monde avec un certain

nom.

J'eus la demi-fortune, & c'était le bon ton ; Mais depuis qu'on a vu, jouant l'air d'impor

tance,

Meffieurs les Chirurgiens prendre la dili

gence,

Il a fallu changer. J'ai deux cabriolets, Douze Chevaux Danois, quatre Juments fiin gantes,

Un Cul de Singe, trois Soufflets,
Un Vis-à-Vis & deux Défobligeantes.

Julep, garçon Médecin, vient apporter à Durimon la lifte des morts. & des mourans ; Durimon lui ordonne d'attendre fes ordres par écrit. Nerine & Arlequin arrivent avec précipitation; ils ont une grande nouvelle à annoncer, c'eft qu'ils ont trouvé le Comte pleurant aux genoux de fa femme; l'Amour a fait la paix. Le Comte & la Comteffe furviennent; ils s'aiment d'une égale ardeur; le Comte détefte fon égarement en préfence de tous les Acteurs; il en eft raillé

par Cidalife, fon avis eft qu'une fi charmante union devroit être célebrée par une fête éclatante. Durimon qui joint à fes brillantes qualités celle d'Auteur, propofe de faire exécuter la Servante Maîtreffe. Cidalife dit que l'Italien l'ennuye: Durimon ajoute qu'il traduit les fcènes en français. Le Chevalier & Nerine offrent dechanter les deux rôles, ce qui eft accepté. Arlequin voudroit auffi y faire fa partie, mais on le renvoye au Buffet, & il en marque fa joie par une cabriole.

Cettte piece dont l'intrigue eft médiocre & dont tout le comique ne vient que d'un rôle épifodique & très-ridicule, eft encore de Chevrier. Cependant plufieurs détails qui font agréablement écrits lui obtinrent une forte de fuccès, mais l'intermede charmant qu'elle annonce & dont elle fut fuivie en eut un bien plus grand & plus durable.

LA SERVANTE MAITRESSE.

Intermede, 14 Août, 1754.

PANDOLFE
ANDOLFE ouvre la fcène par le
Monologue fuivant ; il eft affis devant
une petite table.

A I R.

Long-tems attendre

Sans voir venir;

Au hit s'étendre,

Ne point dormir;
Grand'peine prendre,
Sans parvenir;

Sont trois fujets d'aller fe pendre.

Il appelle Zerbine de toutes fes forces. En fe retournant il apperçoit Scapin, qui eft entré fans dire mot, & qui fe tient tranquillement derriere lui. Comme malgré les cris de fon Maître, il ne s'empreffe pas d'aller chercher Zerbine, Pandolfe eft obligé de le pouffer dehors par les épaules. Il continue enfuite de fe plaindre de fa Servante & n'accufe que lui-même dont les bontés l'ont rendue infolente; elle

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