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Il paroît toutefois qu'il fut rétabli dans fa digni AN. 1409 té, puifqu'il foufcrivit au concile de Pise come archevêque de Genes.

XXXIV.

Fin du concile de Pife.

La vingt-uniéme & derniere feffion du concile avoit été affignée au vendredi second jour d'Août, mais elle fut remise au mécredi feptiéme ; & on y lut un decret contenant en substance; Le pape avec l'aprobation du concile a défendu d'aliener ou hypotequer les immeubles de l'église Romaine ou des autres églifes jufqu'au premier concile. Le pape ordone aux métropolitains de tenir leurs conciles provinciaux & aux évêques de tenir leurs finodes, felon la forme de droit & le decret du concile général : c'eft celui de 1215. Les chapitres des moines & des chanoines reguliers feront tenus suivant le même concile & les conftitutions d'Honorius III. & de Benoît XII. Le pape promet de ne point faire de translation malgré celui qui eft transféré, sinon après l'avoir apelé & entendu. Il envoïera des nonces à tous les rois & les princes pour publier ce qui a été fait en ce concile, & en poursuivre l'éxécution. Il acorde indulgence pleniere à tous ceux qui ont affifté au concile & qui y adhérent. Enfin il leur done congé de retourner chacun chés cux, jufqu'au prochain concile de 1412. Et ainsi finit le concile de Pife..

Il fut très-nombreux, on y compte vingt-deux cardinaux, dix archevêques, foixante ou quatrevingt évêques, cent procurcurs ou députés d'évêques abfens, cent procureurs de chapitres, quatre-vingt abbés & les procureurs de deux cens autres; Les généraux des quatre Ordres mcndians,

AN. 1409.

212. 553.

les députés de l'univerfité de Paris & de plufieurs autres: Enfin les ambaffadeurs de l'empereur Rupert, des rois de France, d'Angleterre, de Pologne & de plufieurs autres feigneurs. Les divers exemplaires de ce concile mettent quelques évêques & quelques députés de plus ou de moins. L'archevêque de Pife étoit Alemanno Adimari Ughel.to. 3. p° noble Florentin docteur célébre, chanoine puis évêque de Florence, archevêque de Tarente, & enfin de Pife, où il fut placé par le pape Innocent VII. en 1406. qui obligea Louis Bonito fon prédéceffeur de paffer malgré lui à l'archevêché de Tarente. Et voilà un exemple de ces translations forcées aufqueles Alexandre V. renonça. Loüis Bonito fut fait cardinal en 1408. par Gregoire XII. auquel il demeura toûjours ataché.

XXXV. Concile de Per

Sup. n. 21.

Pendant le concile de Pife, Benoît XIII. continuoit de tenir à Perpignan son prétendu concile pignan. général comencé dès le mois de Novembre 1408. Conc. p. 21 Il fut affés nombreux & on y compta jusqu'à fixvingt évêques. Après plusicurs ceffions Benoît demanda l'avis aux prélats fur ce qu'il y avoit à faire, pour le bien de l'églife, fur quoi les opinions furent extrêmement partagées. Quelques-uns vouloient que Benoît envoïât à Pife des légats, avec pouvoir de renoncer auffi-tôt au pontificat en fon nom: d'autres étoient d'un avis opofé & vouloient tirer l'afaire en longueur. Cette diversité de sentimens fut cause que prefque tous les prélats se retirerent de Perpignan, en forte qu'il n'en demeu- Indic. Arrag. defquels Alfonfe Exea pa- Th. Niem. III. ra que dix-huit, au nom triarche titulaire de C. P. préfenta au pape Benoît . 36.

1408.

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le premier Février 1409. leur avis en forme de requête tendant principalement à lui perfuader de ceder inceffament.

Le vingt-fixiéme de Mars Benoît tint une feffion avec le peu de prélats qui lui reftoient, & envoïa sept légats à Pife, favoir Pierre Zagarriga archevêque de Tarragone, les évêques de Siguença, de Mende & de Senès, & Boniface Ferrier prieur de la Chartreuse de Saragoce. Le but de cette légation étoit de fonder à quelles conditions on pouroit s'acorder, mais l'archevêque demeura en Catalogne, pour aller en ambaffade au nom de Benoît auprès du roi de France : les autres demeurerent à Nîmes où ils furent retenus par les officiers du roi ; & on intercepta les lettres dont Benoît les avoit chargés. Ce qui fit perdre toute efperance d'amener Benoît à la ceffion, & de parvenir à l'union de l'églife.

XXXVI. Boniface Ferrier étoit frere du fameux faint VinBoniface Ferrier Chartreux. cent Ferrier de l'Ordre des freres Prêcheurs. Ils Boll. 5. April. 10. 9. pag. 484. naquirent à Valence en Espagne d'une famille anciene & de parens vertueux. Boniface étudia le droit civil & le droit canon, & fut le plus favant jurifconfulte de fon tems: il fut à Valence un de ceux qu'on nomoit les Peres jurés, charge confidérable dans la ville. Sa femme étant morte il entra dans l'Ordre des Chartreux à la perfuafion de fon frere Vincent, & en prit l'habit au monaftere nomé la porte du Ciel près de Valence.

Marten Thefaur. to. 2. p. 1435

Le fchifme étant arrivé dans l'églife, il s'en forma auffi de particuliers dans les Ordres religieux. La grande Chartreufe fe trouvant dans les

terres de l'obédience de Clement VII. fon prieur le reconut pour pape; & Boniface Ferrier qui en devint prieur en 1402. reconut auffi Benoît XIII. Cependant Urbain VI. fit fuperieur des Chartreux de fon obédience fous le titre de vicaire général Jean de Bar, qui fut reconu pour tel au chapitre tenu à Rome en 1382. Son fucceffeur du tems du concile de Pise fut Etiene Maco, qui après l'élection du pape Alexandre V. renonça à fon généralat, come fit auffi de fon côté Boniface Ferrier. Benoît XIII. le trouva fort mauvais, & contraignit Boniface à reprendre la conduite de la grande Chartreuse. Mais enfin Boniface voïant l'opiniâtreté de Benoît, l'abandona entierement,

AN. 1409

XXXVII. Comencement S. Vincent Ferrier.

Boll.p.479.

Vincent Ferrier n'aquit en 1357. Il entra dans l'Ordre des freres Prêcheurs étant en fa dix-hui- de tiéme année, c'est-à-dire en 1374. Six ans après il comença à enfeigner la dialectique & le refte de la philofophie. On l'envoïa ensuite étudier la théo- p. 487. logie à Barcelone, puis à Lérida, & il fut paffé docteur à l'âge de vingt-huit ans. Etant rapelé à Valence, il y fut en grande eftime, & y enfeigna publiquement la théologie tant pofitive que fcholastique à la priere de l'évêque, du chapitre & des magiftrats. Ce qu'il fit pendant fix ans ; & en même tems il prêchoit avec un grand concours d'auditeurs & de difciples.

Cependant vint à Valence le cardinal Pierre de Lune envoïé légat du pape Clement VII. au roi de France Charles VI. Ce cardinal donc aïant oui parler de la fcience & de la vertu de Vincent, le prit avec lui, l'emmena en France & le retint

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AN. 1409.

P.480.

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pendant tout le tems de fa légation. Ensuite étant élu pape fous le nom de Benoît XIII. il fit venir Vincent à Avignon de Valence où il étoit retourné pour l'avoir auprès de lui, le choifit pour fon confeffeur, & le fit maître du facré palais : c'étoit en 1395. Vincent ne demeura à Avignon que deux ans, & en 1396. qui étoit fa quarantiéme année, il comença fes miffions, c'cft-à-dire fes voïages pour prêcher en divers lieux : dequoi il croïoit avoir reçu ordre de J. C. même.

Pour le retenir, le pape Benoît voulut lui doner l'évêché de Valence, qui vaqua la même année 1396. par le décès de Jaques d'Aragon: mais Vincent refufa cette dignité & celle de cardinal que Benoît lui ofrit en même tems. Les raifons de fon refus furent qu'il fe croïoit indigne de ces grandes places, & qu'il efperoit fe rendre plus utile à l'eglife par fes prédications, qu'en demeurant à la cour du pape, come il auroit été obligé étant cardinal. Il remercia donc le pape, & lui aïant découvert fon intention, il lui demanda la permisfion de prêcher par tout, que le pape Benoît lui acorda avec la qualité de legat apoftolique & les pouvoirs les plus amples de lier & d'abfoudre.

Il comença donc fes miffions en 1398. & au forp. 480. n, 1o. tir d'Avigon il retourna en Catalogne où il travailla deux ans de fuite. En 1400. il s'embarqua à Barcelone, & vint en Provence, d'où l'année suivante il paffa en Piémont, & en 1402. en Daufiné, où il convertit grand nombre d'hérétiques, particulierement dans le diocéfe d'Embrun. Delà il paffa en Savoie, puis en Allemagne, à la priere

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