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modé à la portée de fes auditeurs. Il entroit dans un grand détail, & prêchoit contre les vices qui régnoient le plus : fur tout il reprenoit ceux qui obfervoient les augures, qui honoroient des arbres ou des fontaines, ou gardoient quelque auApp. ferm. tre refte de paganifme. On trouve de lui jufques Aug. à cent deux fermons, dont plufieurs ont été attribuez à d'autres peres, particulierement à S, Lib. 2. 2. Auguftin, qu'il avoit le plus aimé.

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La tranquillité de fa vie fut troublée par la calomnie d'un de fes Secretaires qui fit dire au roi Alaric que l'évêque Cefaire étant natif de Châlon fur Saone, faifoit tous fes efforts pour foumettre aux Bourguignons la ville & le terri toire d'Arles. Cependant le faint évêque faifoit tout le contraire, & prioit jour & nuit à genoux pour la paix des nations & le repos des villes en general. Le roi fans examiner, l'envoya en exil à Bourdeaux. Le feu prit une nuit dans la ville, & le peuple accourut vers S. Cefaire, lui criant de l'éteindre par fes prieres. Il fe profterna en oraifon devant les flammes & auffi-tôt elles s'arrête, rent: ce qui le fit regarder comme un Apôtre dans le lieu de fon exil. Le roi Alaric ayant reconnu fon innocence, ordonna qu'il retournât à fon églife, & que fon accufateur fût lapidé. Le peuple accouroit déja avec des pierres: mais S, Cefaire l'ayant apris, alla promptement trouver le roi & obtint la grace, pour lui donner le moyen de faire pénitence. A fon retour tout le peuple vint audevant de lui avec des cierges & des croix en chantant des Pleaumes, & crut lui être redevable d'une grande pluie qui tomba alors après une longue féchereffe.

Plufieurs évêques des Gaules furent chaffez de leurs fieges par des foupçons femblables, de favorifer une domination étrangere. Ainfi Aprunculus évêque de Langres, deyint fufpect aux

4

Bour

Bourguignons: parce que la terreur desFrançois étoit répandue dans le pays, & que tous defiroient les avoir pour maîtres. La haine desBourguignons contre le S.évêque alla fi loin qu'il fut ordonné de le tuer fecrettement. Ce qu'ayant appris à Dijon qui étoit fa patrie, il fe fit defcendre de nuit par-deffus la muraille & se sauva en Auvergne, où il fuccéda à S. Sidoine, & fut l'onzième évêque de Clermont. Son fucceffeur Euphrafius reçut S. Quintien évêque de Rodés, chaffé fous le même prétexte. Car depuis la 3, converfion de Clovis, les François étoient encore plus defirez. Ainfi étant furvenu un differend entre les citoyens de Rodès & leur évêque, ils lui reprocherent qu'il vouloit le foumettre aux François. Les Goths qui demeuroient dans la ville fe le perfuaderent, & refolurent de le tuer. Mais il en fut averti, & partit de nuit avec les plus fideles de fes ferviteurs, pour se retirer en Auvergne, où l'évêque Euphrafius le reçut humainement, & lui donna des maisons, des terres & des vignes, difant: que les biens de cette églife étoient fuffifans pour les entretenir tous deux. L'évêque de Lion lui donna auffi quelque bien que fon églife avoit en Auvergne. S. Quintien fut enfuite évêque de Clermont & vécut jufques à une extrême vieilleffe, & l'églife honore fa mémoire le 14. de Juin. Le même prétexte d'intelligence avec les François, fir auffi chaffer par les Goths Volufien feptiéme évêque de Tours, fucceffeur de S. Perpere, qui fut envoyé à Toulouse & y mourut. Verus fon fucceffeur fur chaffé pour le même fujet, & mourut auffi en exil.

Greg. vit.

PP. c. 4.

Martyr R.14. jun.

Greg. X. bift.c.31.

IV.

S Severin

Il parut bien par la fuite qu'Alaric roi des Vifigoths avoit raifon de craindre les François :puif d'Agaune. qu'il perit de la main de Clovis. Mais avant cet te guerre Clovis tomba malade d'une fiévre

Tome VII.

G

quarte

Vita S. S.

to.1.

Bened. p. 558. Boll. 11. Febr. p.

$47.

quarte la vingt-cinquième année de fon regne, 595. de J.C. & en fut affligé pendant deux ans, fans trouver de secours, ni dans l'art des mede. cins, ni dans les prieres des évêques. Enfin Tranquillin fon medecin lui confeilla d'envoyer au monaftere d'Agaume, où repofoient les reliques de S.Maurice, & dont l'abbé Severin gueriffoit grand nombre de maladies. Le roi y envoya un de fes chambellans nommé Transoaire, qui amena le S.abbé. Paffant à Nevers il trouva que l'évêque Eulalius étoit malade depuis un an,& avoit perdue l'ouie & la parole. Il le guerit par fes prieres; en forte qu'il fe leva le même jour, vint à l'églife, offrit le faint facrifice & benit le peuple. Entrant à Paris faintSeverin trouvą à la porte un lépreux qu'il guerit, le baifant & lui appliquant de fa falive.

Quand il fut chez le roi, il fe profterna en priere devant fon lit, puis s'étant levé il ôta fa chafuble & en revêtit le roi, que la fievre quitta auffi-tôt. Clovis beniffant Dieu, se jetta aux pieds du faint abbé, & lui dit : Mon pere,je vous offre mon trefor, prenez-en ce qu'il vous plairą pour les pauvres; & je fais grace à tous les criminels arrêtez dans mon royaume. S. Severin guerit plufieurs autres malades dans la maison du roi & dans toute la ville de Paris: puis il en partit & arriva à Château-Landon en Gatinois, où Dieu lui avoit revelé qu'il devoit mourir. Il le déclara à deux prêtres qu'il y trouva, nommez Pafcafe & Urficin; & leur recommanda le prêtre Faufte qui l'avoit fervitrente ans. Trois jours après il mourut: les deux prêtres l'enlevelirent avec honneur & il fe fit quantité de miracles à fon tombeau : où le roi Childebert fils de Martyr Clovis fonda depuis une églife, aujourd'hui fervie par des chanoines reguliers. On honore faint Severin l'onziéme de Février,

P1-Feb.

V.

Clovis

marche

ric.

Greg. 11hift.c 37. vita S. Remig.

Hincmar.

Vita S.Ge

nov c.ult.

ap. Boll. to.1.p 143.

Ibid.c 6. 2.25.

c. 7.n.40.

Clovis étant gueri, dit aux fiens: Je fouffre avec grande peine que ces Ariens Occupent une partie des Gaules: allons avec le secours de Dieu contre Alales vaincre & conquerir ce pays. Tous approuverent fon deffein, & les troupes marcherent vers Poitiers où Alaric étoit alors. Cependant pour attirer les bénedictions du ciel fur cette en treprise, Clovis fonda à Paris une grande églife en l'honneur de S. Pierre & S. Paul fur le tombeau de fainte Genevieve; decedée quelques années auparavant. Cette fainte fille étoit fi celebre par tout le monde, que S, Simeon ftylite en demandoit des nouvelles aux marchands qui venoient de Gaule. Elle fit un grand nombre de miracles & fecourut fouvent la ville de Paris, parti culierement dans une grande famine. Nonobftant les aufteritez, elle vécut plus de quatrevingts ans,& mourut à Paris vers l'an soo.le troi fiéme de Janvier, jour auquel l'églife honore encore fa memoire. On bâtit d'abord furfon fepulcre un oratoire de bois; mais enfuite le roiClovis par le confeil de la reine Clotilde, y fit commencer une grande églife que la reine acheva après fa mort. Il y avoit à l'entrée trois galeries, apparemment pour enfermer la cour; & des peintures qui reprefentoient les Patriarches, les Prophetes, les Martyrs & les Confeffeurs. Il s'y fit un grand nombre de miracles, & dès le même fiecle on avoit recours à l'intercellion de fainte Genevieve pour les fievres, comme on fait encore à prefent. Son nom eft demeuré à cette Eglife, qui fut d'abord servie par des moines.

Le roi Clovis avant que d'entrer dans le pays des Goths, defendit à toute fon armée de piller les vafes facrez des églifes, ni de faire aucune infulte aux vierges ou aux veuves confacrées à Dieu, aux clercs, à leurs enfans, à leurs domeftiques, ou aux ferfs des églifes. Et il en avertit

Gij

les

... 52. Martyr. R. 3.Januar.

Greg. Tur. de glor. confc 91° Epift. Clodov 10.4. conc.p.402

AN, 507
Greg. 11.

hift. c 37.

les évêques après la guerre; afin que chacun pût repeter ce qu'il avoit perdu, & même demander la liberté des captifs. Il fit obferver exactement cette ordonnance. Paffant près de Tours il fit publier un ban, portant défense de rien prendre que l'herbe & de l'eau, pour le refpect de S. Martin. Un foldat ayant trouvé du foin, dit: C'eft auffi de l'herbe, & l'enleva de force à un pauvre homme à qui il appartenoit. Le roi le fit mourir auffi-tôt, & dit: Où fera T'efperance de la victoire, fi on offense S.Martin? Cet exemple retint toute l'armée. Le roi envoya à l'églife de S. Martin des deputez avec des prefens, demandant à Dieu un prefage de fa viP. XVII. toire. Comme fes ferviteurs entroient dans l'églife, le premicier entonna par hazard ce verfer du Pleaume Vous m'avez donné de la force pour la guerre, vous avez mis mes ennemis fous mes pieds. Les envoyez rendirent graces à Dieu, firent des vœux à S. Martin & porterent au roi cette agréable nouvelle. Quand il fut près de Poitiers il fit encore conferver avec grand foin les terres de S. Hilaire.

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Sup. 1.
Vita S.

Max. 19. 1. Act. Bened. #578.

Martyr R. 4. Fuin.

Près de là étoit le monaftere de S. Maixent natif d'Agde & difciple de S. Severe. Etant ve. nu en Poitou il fe mit fous la conduite d'Aga pit prêtre & abbé; & pour fe mieux cacher il quitta le nom d'Ajutor, qu'il avoit reçu au batême. Le roi Clovis ayant appris fon merite, lui rendit de grands honneurs, & lui donna une terre nominée Milon, & plufieurs autres chofes, S.Maixent mourut quelque tems après âgé de Greg.11. foixante & huit ans, le 26. de Juin, jour auhift.'s. 37. quel l'églife honore fa memoire. Son nom eft demeuré non feulement au monaftere, mais à une ville entiere. Clovis vint aux mains avec Alaric, & le defit près de Vouillé en Poitoų, l'an s07, vingt-troifiéme du regne d'Alaric, dont

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