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avec les mains pour le jetter en l'air: quelque AN. 484. fois la corde rompoit, & ils fe caffoient la tête ou les jambes.

Paß. 7.

monach,

Dagila femme d'un échanfon du Roi, qui avoit déja confeffé plufieurs fois fous Genferic, quoi que noble & délicate, après avoir fouffert plufieurs coups de fouet & de bâton, fut envoyée en exil, dans un lieu fec & defert, où elle ne pouvoit recevoir confolation de perfonne, laiffant avec joïe fa maifon, fon mari & fes enfans. On lui offrit enfuite de la transferer à une folitude moins rude, mais elle le refusa.

Sept Moines fouffrirent auffi le martyre, fçavoir: Liberat Abbé, Boniface Diacre, Servus & Ruftique Soudiacres, Rogat, Septime & Maxime fimples Moines. Ils étoient du territoire de Capfe: mais on les attira à Carthage, & on les tenta d'abord par des promeffes flatteufes, leur propofant une grande fortune, & même la faveur du Roi. Comme ils demeurerent fermes dans la foi de la Trinité & d'un feul baptême, on les mit chargez de chaînes dans une obfcure prifon.Mais le peuple fidele ayant gagné les gardes par prefens, les vifitoit jour & nuit, pour recevoir leur inftruction, & s'encourager au martyre. Le roi l'ayant appris, les fit charger de fers plus pefans, & fouffrir des tourmens inouïs Jufques alors. Puis il commanda d'emplir un vaiffeau de menu bois fec, de les y attacher, & après les avoir menez en mer y mettre le feu. On les tira de la prifon, fuivis d'une multitude de peuple, qu'ils exhortoient au martyre: on fit des efforts particuliers pour feduire Maxime qui étoit encore fort jeune mais il protesta hardiment, qu'il ne vouloit point fe feparer de fon pere Liberat & de fes freres. Etant menez dans le vaiffeau, ils furent attachez fur le bois; mais comme on y eut mis le feu, il s'éteignit auffi

tôt

tốt; & quoiqu'on essayât plusieurs fois de le r'allumer, on ne put jamais y réuffir. Le Roi confus & irrité leur fit caffer la tête à coups d'aviron; on jetta leurs corps dans la mer qui les rendit auffi-tôt contre l'ordinaire; & le peuple qui étoit prefent les enfevelit honorablement, conduit par le Clergé de l'Eglife de Carthage, entre autres l'Archidiacre Salutaris & le fecond Diacre Muritta, qui avoient déja confeffé la foi par trois fois, & qui porterent les Reliques. Elles furent enterrées avec le chant folemnel au Monaftere de Bigua près la bafilique de Celerine.

L'Evêque Eugene étant déja en exil, on bannit auffi tout le Clergé de Carthage, compofé de plus de cinq cens perfonnes, après leur avoir fait fouffrir la faim & les tourmens. Le Diacre Muritta se signala entre les autres. L'officier le plus ardent à faire tourmenter les catholiques étoit un apoftat nommé Elpidifore,qui avoit été baptifé par les catholiques dans l'Eglife de Faufte, &levé des fonts par leDiacreMuritta.Comme on appelloit par ordre tout le Clergé, pour être expofé aux tourmens, après les Prêtres vint l'Archidiacre Salutaris, puis le fecond Diacre Muritta, qui étoit un vieillard venerable. Quand on commença à l'étendre,avant qu'il fût dépouil lé, il tira tout d'un coup les linges dont il avoit couvert Elpidifore au fortir des fonts, & qu'il avoit cachez fous fes habits; & les ayant étendus devant tout le monde, il dit à Elpidifore qui étoit affis comme fonjuge: Voilà les linges qui t'accuferont quand le grand Juge viendra,& qui Te précipiteront dans le puits de fouffre: parce que tu t'es revetu de malediction en perdant leSacrement du vrai Batême & de la foi. Il lui fit plufieurs autres reproches femblables, & Elpidifore confus n'ofa rien répondre.

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Après avoir fouetté & tourmenté ces Confef

Bvj

feurs,

AN. 484+

X11.

Clergé de Carthage ba nni.

Vict. V. n. 9.

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feurs, on les envoya en exil : & pendant le che AN. 484 min, à la perfuafion des Evêques Ariens,jon lâ cha après eux des gens impitoyables, pour leur ôter ce que les fideles leur avoient donné par compaffion, pour leur fubfiftance. Deux Vandales, qui avoient fouvent confeffé fous Genferic accompagnez de leur mere, abandonnerent tous leurs biens & fuivirent les Clercs de Carthage dans leur exil. Un apoftat nommé Theucarius qui avoit été lecteur, & avoit eu fous fa conduite de jeunes enfans, qui apprenoient le chant, confeilla d'en rappeller douze,qu'il connoiffoit pour avoir les plus belles voix. On envoya en diligence pour les ramener : ils ne vouloient point quit. rer les faints Confeffeurs,& s'attachoient à leurs genoux en pleurant; mais les heretiques les en feparerent l'épée à la main, & les ramenerent à Carthage. On effaya d'abord de les gagner par careffes, enfuite on les tourmenta à plufieurs reprifes, & on les chargea de coups de bâton; mais ils demeurerent inébranlables. La perfécu tion étant paffée, la ville de Carthage les refpectoit comme douze Apôtres : ils demeuroient enfemble, mangeoient ensemble & chantoient enfemble les louanges de Dieu. Les Evêques & les Clercs Ariens perfécutoient plus cruellement les catholiques, que le Roi ni les autres Vandales. Ces Evêques marchoient par tout l'épée au côté avec leurs Clercs, & le plus cruel de tous étoit Antoine, voifin du defert de Tripoli: il détermina le Roi Huneric qui le connoiffoit, à. envoyer dans ce defert Eugene Evêque de Carthage; & Antoine ayant ordre de le garder, le mit dans une fi étroite prifon, qu'il ne le laiffoit voir à perfonne: il chercha même plufieurs in-ventions pour le faire périr. Saint Eugene touché des afflictions de fon Eglife, portoit un cilice & couchoit fur la terre couverte feulement

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d'un

P'un fac. Cette aufterité jointe à sa vieilleffe, lui attira une paralyfie qui lui embarraffoit même AN. 484 la langue. Antoine fit chercher du vinaigre trèsfort, & lui en fit boire malgré lui, croyant qu'il en perdroit la vie : fon mal en augmenta à la verité, mais il ne laiffa pas de guerir.

XIII.

Catholi

ques reba ptifez par force.

24. 120

Un autre faint Evêque nommé Habetdeum étoit auffi relegué à Thamallume où Antoine étoit; ne pouvant l'obliger à fe faire Arien, il le fit lier pieds & mains, & lui fit fermer la bouche, de peur qu'il ne criât: puis il lui verfa de l'eau fur le corps pour le rebatifer ; enfuite il le fit délier, & lui dit avec joie: Mon frere, yous voilà maintenant chrétien comme nous, que pourrez-vous faire deformais, finon d'obeïr à la volonté du Roi? Le faint Evêque répondit: J'ai toujours confervé la même foi, & tandis que vous me teniez la bouche fermée, je faifois dans mon cœur une proteftation, que les Anges écrivoient pour la presenter à Dieu. Cette vio n.i3. lence étoit generale, on avoit envoyé par tout des Vandales, pour prendre ceux qui paffoient fur les chemins & les amener aux Evêques Ariens, qui les rebatifoient, & leur en donnoient des certificats par écrit: de peur qu'on ne leur fit ailleurs la même violence. On ne laiffoit paffer ni les marchands ni les autres particuliers fans ces certificats. Les Evêques & les Prétres Ariens alloient même la nuit avec des troupes de gens armez par les villes & les bourgades: enfonçoient les portes & entroient dans les maifons, portant de l'eau, dont ils arrofoient jufques à ceux qu'ils trouvoient dormans dans leurs lits puis crioient qu'ils les avoient faits chrétiens. Les mieux inftruits ne s'en mettoient pas en peine; les plus fimples fe croyant fouillez, jettoient auffi.tôt de la cendre fur leur tête, fecouvroient de cilices,ou fe frotroient de bouë,

AN. 484. 4.14.

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déchiroient les linges dont on les avoit couverts, & les jettoient dans des cloaques.

A Carthage on enleva ainfi par ordre de Cyrilla, le fils d'un homme noble; âgé feulement de fept ans, qui crioit: Je fuis chrétien, & fa mere les cheveux épars le fuivoit en courant toute la ville; ils fermerent la bouche à cet enfant & le plongerent dans leurs fonts. Ils traiterent de même les enfans du medecin Liberat, qui avoit été condamné au bannissement avec fa famille. Les Ariens s'aviferent de feparer les enfans, & comme Liberat les regrettoit, fa femme arrêta fes larmes, en difant Quoi perdrez-vous votre ame pour vos enfans? Comptez qu'ils ne font pas nez: JesusChrift les reclamera, ne les entendez-vous pas crier Nous fommes chrétiens. Comme on avoit mis Liberat & fa femme dans des prifons feparées, on dit à la femme que fon mari avoit obeï au Roi. Que je le voye, dit-elle, & je ferai ce qu'il plaira à Dieu. On la tira de pri fon, elle vit fon mari devant le tribunal enchaîné avec une grande multitude, & le prenant à la gorge, elle lui dit: Miferable, indigne de la grace de Dieu, pourquoi veux-tu

perir éternellement pour une gloire paffagere? A quoi te ferviront l'or & l'argent?te délivrerontils du feu d'enfer ? Son mari lui répondit : Quavez-vous, ma femme, que vous a-t-on dit demois je fuis toujours catholique par la grace de JefusChrift, & ne perdrai jamais la foi.

Plufieurs,tant hommes que femmes,craignant laviolence de cette perfecution,fe retirerentdans des deferts, & y moururent de faim ou de froid. Ainfi Crefconius Prêtre de la ville de Myzente fut trouvé mort dans une caverne du mont de Zique. Il y eut en ce tems là une fechereffe extrême par toute l'Afrique, qui caufa une grande

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