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Tout ce qu'on ignore paroît toujours difficile, au contraire ce qu'on connoît paroît aifé.

Omnia hæc dum incipias gravia funt : dumque ignores,
Ubi cognoveris, facilia. Luem ibid.

On ne vient à bout des entreprises difficiles que par beaucoup de peine & de travail.

Ardua molimur, fed nulla nifi ardua vincunt

Difficilis noftrâ pofcitur arte labor.Ovid. de art.am.l.2.

Nihil tam difficile eft, quin inquirendo inveftigari poffit. Ter.

Les chofes les plus faciles ne perfuadent pas d'abord.

Sed neque tam facilis res ulla eft: quin eft ea primum
Difficilis magis ad credendum conftet. Lucret. l. 2.

Difficultez

Les difficultez font les orriemens des belles actions. Il y a du bonheur à être d'un naturel porté à la vertu : mais il y a de la gloire à forcer fon naturel à fuivre la vertu.

Plus l'obftacle eft grand, plus on reçoit de gloire,
Et les difficultez dont on eft combattu,

Sont les Dames d'atour qui parent la vertu.

Le Ciel par les travaux veut qu'on monte à la gloire Pour gagner un triomphe, il faut une victoire. Corn. Il n'y a rien d'inacceffible à ceux qui ont le courage de ne fe point re

buter par les difficultez.

Prima tuæ menti veniat fiducia, cun&tas

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M. Bayle remarque fur cet endroit qu'on ne doit rien attendre de ces naturels timides, qui fous une modeftie apparente, cachent une lacheté veritable. Il ne faut pas ni trop craindre ni trop méprifer fes rivaux: mais s'il y avoit à choifir entre les deux extrémitez, il y a plus à efperer, quand on les méprife, que quand on les redoute. Celui qui doute s'il vaincra, eft à demi vaincu; celui qui en défefpere, eft déja vaincu.

Ce n'eft rien faire de vouloir décider une difficulté par une autre.

Nil agit exemplum quod litem lite refolvit. Hor. Sat. 36

L. 2.

Il n'y a point de difficultez qu'on ne furmonte, quand l'amour s'en mêle.

Omnia vincit amor Virg.

Elles plaifent, & la gloire qui doit revenir d'une entreprife difficile anime & donne de nouvelles forces. Properce dit:

Magnum iter ascendo, fed dat mihi gloria vires,
Non juvat ex facili le&a corona jugo. i.4.

Ce que l'on obtient facilement,ne pa

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roît fi doux ni fi agréable, que ce qui
coûte quelque peine. C'eft le fenti-
ment de Petrone.

Nolo quod cupio ftatim tenere
Nec victoria mihi placet parata.

Un lâche se rebute par les difficultez qui encouragent un homme de cœur.

Subruere eft arces & ftantia monia virrus

Quamlibet ignavi præcipitata ruunt. Ovid. Trift.l. z.

On n'arrive à la gloire que par des chemins difficiles & raboteux. La vertu paroît plus grande au milieu des difficultez.

Ardua per præceps gloria vadit iter.
Hectora quis noffet, felix fi Troja fuisset?

Publica virtutis per mala facta via eft, &c.
Apparet virtus, arguiturque malis. Ovid.ideml.şi

Difficile eft fateor, fed tendit in ardua virtus,
Et talis meriti gratia major erit. Idem de Pont, 1, 2,

Dire.

On ne dit rien qui n'ait déja été dit auparavant. C'eft pourquoi on ne doit pas blâmer ceux qui fe fervent de ce que les anciens ont dit:

Nullum eft jam dictum, quod non dictum prius.
Quare æquum eft vos cognofcere, atque ignofcere
Quæ veteres facilitarunt : fi faciunt novi.Ter, Eun,

Difcorde.

Les anciens en ont fait une divinité

mal

yeux

mal-faifante. Ariftide nous en a fait le portrait. Il l'a dépeint ayant les haves & tout en feu, le vifage pâle & défait, & les lévres livides , portant dans fon fein un poignard. Jupiter la chaffa du Ciel, parce qu'elle mettoit la divifion parmi les Dieux. Syllius Ital. l'appelle Folle, parce qu'elle renverse la tête aux hommes.

Difcordia demens

Intravit cœlos, fuperofque ad bella coëgit. Syll. l. 9. En quo difcordia cives-perduxit miferos. Virg.

La Déeffe Discorde ayant étéchaffée des Cieux, elle fe vintrefugier parmi les hommes.

La Déeffe difcorde ayant brouillé les Dieux,
Et fait un grand procez là haut pour une pomme,

*

*Cette Déeffe fut caufe de la ruine deTroye; car étant indignée de ce qu'elle n'avoit pas été invitée aux nôces de Thetis & de Pelée avec les autres Dieux, elle s'avifa de jetter dans la Salle du feftin une pomme d'or, qui alla tomber comme à deffein aux pieds de Venus, de Pallas & de Junon. Mercure l'ayant ramaffée, vit qu'il y avoit écrit autour, c'eft pour la plus belle. Ce qui fut un fujet de querelle entre ces trois Déeffes. Paris fils de Priam Roi

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de Troye, ayant donné cette pomme à Venus, Junon en fut indignée & détruifit Troye, & les Troyens pour fe

yenger,

Sævæ memorem Junonis ob iram,

On la fit déloger des Cieux.
Chez l'animal qu'on appelle homme
On la reçût à bras ouverts
Elle & Quefiquenon fon frere
Avec tien & mien fon pere.
Elle nous fit l'honneur en ce bas Univers
De préférer notre hemisphere

A celui des Mortels qui nous font oppofez
Gens groffiers & peu civilifez,

Et qui fe mariant fans Prêtres & fans Notaire
De la Difcorde n'ont que faire.
Pour la faire trouver aux lieux où le befoin
Demandoit qu'elle fût prefente;

La renommée avoit le foin

De l'avertir; & l'autre diligente
Couroit vîte aux débats, & prévenoit la paix,
Faifoit d'une éteincelle un feu long à s'éteindre,
La Renommée enfin menaça de fe plaindre,
Que l'on ne lui trouvoit jamais

De demeure fixe & certaine,

Bien fouvent l'on perdoit à la chercher fa peine.
Il falloit donc qu'elle eût un féjour affecté
Un féjour d'où l'on pût dans toutes les familles
L'envoyer à jour arrêté;

L'Auberge enfin dit l'Himenée

Lui fut pour maison affignée. La Font.

Il dit encore agréablement ;

La difcorde a toujours regné dans l'Univers,
Notre monde en fournit mille exemples divers:
Chez nous cette Déeffe a plus d'un tributaire.

Maux que caufe la difcorde, ils font affez détaillez dans les vers fuivans.

Quid loquar everfas urbes & prodita Templa t

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