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Nil prodeft, quod non lædere poffit idem.
Igne quid utilius, fi quis tamen urere tecta
Apparat, audaces inftruit igne manus,
Eripit interdum, modo dat medicina falutem :
Quæque juvans monftrat, quæque fit herba nocens.

Il ajoûte que les fpectacles, & toutes les affemblées & même les Temples tout auguftes qu'ils font, font plus dangereux & plus à craindre pour les moeurs que fes vers. Ce difcours s'adreffe à Augufte, auprès duquel il vouloit fe juftifier, au fujet de quelques vers libres qu'il avoit faits.

Tollatur Circus ; non tuta licentia Circi:
Hic fedet ignoto juncta puella viro.

Cum quædam fpatientur in hac, ut amator eadem
Conveniat, quare porticus ulla patet?

Quis locus eft Templis auguftior? hæc quoque vitet In culpam fi qua eft ingeniofa fuam. Ibid.

Quelquefois l'ame a des préfentimens de l'avenir,

Agnovit longè gemitum præfaga mali mens, Virg. Mittit luctus figna futuri

Mens, ante fui præfaga mali.

Comment les ames font unies aux corps, felon Virgile; elles font fujettes alors à quantité de paffions: leur état après leur féparation. Anchise parle ainfi à fon fils,

Principio cœlum ac terras, campofque liquentes, Lucentemque globum Luna, Titaniaque aftra Spiritus

Spiritus intus alit, totamque infula per artus
Mens agitat molem,
& magno fe corpore mifcet.
Inde hominum pecudumque genus, vitæque volantum,
Et quæ marmoreo fert monftra fuo æquore pontus.
Igneus eft ollis vigor & cœleftis origo

Seminibus: quantum non noxia corpora tardant
Terrenique hebetant artus, moribunda que membra.
Hinc metuunt, cupiuntque, dolent, gaudentque ; nec

auras

Refpiciunt claufæ tenebris & carcere cæco.

Quin & fupremo cum lumine vita reliquit,
Non tamen omne malum miferis, nec funditus omnes
Corporex excedunt peftes: penitufque neceffe eft
Multa diu concreta modis inolefcere miris.
Ergo exercentur pœnis, veterumque malorum
Supplicia expendunt, aliæ panduntur inanes
Sufpenfæ ad ventos; aliis fub gurgite vafto
Infectum eluitur fcelus, aut exuritur igni.

Quifque fuos patimur manes. Exinde per amplum Mittimur Ely fium. Et pauci læta arva tenemus. Virg. Æn. 1.6

Selon ce Poëte le nombre des Elûs eft bien petit.

Pauci quos æquus amavit Jupiter aut ardens evexit ad æthera virtus. Ibid.

Syllius Italicus reprefente Lucrece, cet exemple de chafteté, dans les champs Elisées, les yeux baissez, & Virginie qui ne fçauroit s'empêcher de loüer fon pere de lui avoir ôté la vie.

Ecce pudicitia latinum decus, inclita lethi,
Fert frontem atque oculos terræ Lucretia fixos.
Non datur heu tibi Roma, nec eft quod malle deceret
Hanc laudem retinere diu, Virginia juxta,
Cerne, cruentato vulnus fub pectore servat,
Triftitia defenfi ferro monumenta pudoris,
Et Patriam laudat miferando in vulnere dextram.

Ami.

Un veritable ami eft quelque chofe de fi prétieux qu'il eft dit dans l'Ecriture fainte, que celui qui eft affez heureux pour en rencontrer un tel, a trouvé un trefor. Amicus fidelis, protectio for tis: qui autem invenit illum, invenit thefaurum. Ecclefiaftic. 6. 14. Un Poëte Grec à penfé de même.

Nulla eft amico pulchrior poffeffio.
Cui funt amici, effe fibi thefauros putet.
Generofum amicum poffidens, beatus eft.
Veros amicos ducito fratrum loco,

Nummis porior amicus in periculis. Ex Com, Græcis,

Caractere d'un veritable ami.

Lollius de l'humeur dont je vous connois, je vous crois trop fincere & trop franc pour flatter vos amis. Il y a autant de difference entre un flatteur & un veritable ami, qu'entre une courtifanne & une honnête femme. D'un autre côté, il y a un vice oppofé à la flatterie: mais ce vice me paroît encore plus infupportable: ce vice eft une certaine humeur aigre, facheufe & defagréable qui fe pare du nom de droiture & de vertu, & qui fait qu'on dit aux

gens des brutalitez, fous pretexte de dire avec liberté ce qu'on penfe. Mais la vertu tient le milieu entre deux vices opposez. Le Pere Tarteron.

Si bene te novi, metues, liberrime Lolli,
Scurrantis fpeciem præbere, prof flus amicum.
Ut matrona meretrici [1] difpar erit, atque
Difcolor [2] infido Scurræ diftabit amicus.
Eft huic diverfum vitio vitium prope majus, [ 3 ]
Afperitas agreftis & inconcinna gravifque
Quæ fe commendat tonfâ cute, dentibus atris:
Dum vult libertas mera dici, veraque virtus.
Virtus eft medium vitiorum & utrinque reductum.
Hur. l. 1. Ep. 18.

I On ne peut voir rien de plus jufte que cette comparaison d'un flatteur avec une courtilanne, & d'un veritable. ami avec une femme chaste & vertueufe. Autant celle-ci eft éloignée de la premiere, autant le veritable ami est éloigné du flatteur. Si l'on prend la peine de parcourir les vices d'un flatteur, on trouvera que ce font les mêmes que ceux d'une courtisarne; l'un & l'autre n'ont que leur plaifir & leur utilité en vûë fans aucun égard pour l'honnêteté: de forte que l'on peut fort bien appliquer au métier de la Courtisanne la définition que Platon fait de la flatterie, un commerce de plaifir fans honneur: ou celle de Theophrafte, un commerce bonteux, mais utile à celui qui le fait. Tout

de même les qualitez d'une femme fage & vertueufe,conviennent parfaitement au veritable ami, Ceft pourquoi Ariftote appelle la vertu qui tient le milieu entre la rudeffe & la flatterie, il l'appelle, dis-je, amitié & gravité. Plutarque dans fon excellent traité, comment on peut difcerner le flatteur d'avec l'ami, a appellé de même l'amitié du flatteur, une amitié de Courtisanne, & il l'oppose à la veritable amitié, qu'il appelle chafte & pudique. Ce n'eft pas fans raifon, puifque la veritable amitié n'est fondée que fur la vertu, qui en eft Comme l'ame.

2. Horace s'eft fervi du terme difcoLør & non fans raifon; c'eft que les honnêtes femmes n'étoient pas habillées comme les Courtifannes: celles-ci portoient des habits de toutes fortes de couleurs, au lieu que les autres n'en portoient point

L'Infidelité eft inféparable de la flatterie c'eft auffi en cela que le flatteur ne reffemble pas mal à la Courtisanne, l'un & l'autre fuivent la fortune & changent avec elle. C'eft pourquoi Horace a dit dans l'Ode 35. du L. 1.

At Vulgus infidum & meretrix retro
Perjura cedit.

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