페이지 이미지
PDF
ePub

s'abandonner tout-à-fait entre les bras de Dieu à la mort, à la vie temporelle & éternelle, afin qu'il fit de lui au tems & en l'éternité felon fon bon plaifir. Mais il me damnera, difoit cet homme, car il est jufte.

Mais il vous pardonnera, difoit notre Bienheureux, fi vous lui criez merci; car il eft miféricordieux, & a promis le pardon à quiconque le demandera avec un cœur contrit & humilié.

Or bien, dit le patient, qu'il me damne s'il lui plaît, je fuis à lui, ne peut-il pas faire de moi ce que le Potier fait de fon argile.

Mais plûtôt, difoit le Bienheureux, dites avec David, je fuis à vous, Seigneur, fauvez-moi.

Enfin il le réduifit à fe confeffer avec une grande repentance & contrition, & mourut conftamment avec un grand fentiment de fes fautes, dans un profond abandon à la très-fainte volonté de Dieu. Les dernieres paroles que le Bienheureux lui fit prononcer, furent: O Jefus, je me donne & abandonne

entierement à vous.

A ce propos je vous dirai que j'ai fouvent oüii-dire à notre Bienheureux, qu'il étoit impoffible à Dieu Tout-puiffant de perdre éternellement une ame, laquelle en fortant de fon corps avoit fa volonté foumife à la volonté Divine.

Rom. 9. 21.

Pf. 118. 94.

Auffi quand il affiftoit un malade qui tiroit à la fin, il faifoit tous fes efforts pour le déterminer à foumettre entierement fa volonté à celle de Dieu, & ne lui parloit prefque d'autre chofe. Son grand mot étoit: ô Dieu, votre volonté ; & encore, oüi, Matt. 11. 26. Pere, puifque vous le trouvez bon ainfi : ô mon Luc. 22. 42. Seigneur, que ma volonté ne foit pas faite, mais la

vôtre.

CHAPITRE XXII.

Que rien ne nous arrive que par la volonté de Dieu.

CE

[ocr errors]

'ETOIT fa coutume de regarder, & de faire regarder tous les événemens dans la très-sainte volonté de Dieu.

Rien ne nous arrive, difoit-il, hormis le péché, que par la volonté de Dieu, foit bien, foit mal. Bien, car Dieu étant la fource de tout bien, tout don Jacob. 1. 17. précieux & tout don parfait defcend d'en haut du Amos. 3. 6. Pere des lumieres. Mal, car il n'y a point de mal en la cité que le Seigneur n'ait fait, ce qui s'entend de celui de peine ; d'autant que Dieu ne peut vouloir le péché, encore qu'il le permette, laiffant agir la volonté humaine felon la liberté naturelle qu'il lui a

donnée.

Ajoutez que le péché, à proprement parler, ne peut pas être dit nous arriver, parce que ce qui nous Matt. 15. 19. arrive nous vient de dehors, & que le péché au contraire vient du dedans, & fort de nos cœurs, comme dit la fainte Parole. O quel bonheur pour nous, fi nous étions accoutumés à recevoir toutes chofes Pf. 144. 16. de la main paternelle de celui, qui en l'ouvrant remplit tout ce qui eft animé de fa bénédiction. Que d'onction adouciroit nos peines, & que de miel nous tirerions de la pierre, & que d'huile des plus durs rochers. Que de modération nous accompagneroit dans la profperité, puifque Dieu ne nous envoie l'adverfité & la profperité que pour en tirer fa gloire & notre falut.

Deut. 32. 13.

Pensons bien à cette verité, & ne regardons que

Dieu dans tous les événemens, ni tous les événemens qu'en Dieu, afin qu'en toutes chofes foit honoré Dieu, le Pere de Notre-Seigneur Jesus-Christ, qui nous confole dans tous nos maux, & qui nous 2. Cor. 14. fait tirer avantage & profit de toutes nos tribu- . Cor. 10.13. lations.

CHAPITRE XXIII.

De l'honneur que chacun rendoit à la vertu de
notre Bienheureux, & en particulier
M. de Lefdiguieres.

A vertu étoit fi généralement reconnue, tant des Catholiques que des Proteftans, qu'elle étoit dans une approbation univerfelle.

de

L'année qu'il prêcha l'Avent & le Carême à Grenoble, M. de Lefdiguieres qui y étoit Lieutenant de Roi, & Maréchal de France, n'étoit pas encore converti à l'Eglife Catholique. Il ne laiffa pas l'accueillir avec des careffes & des honneurs extraordinaires, de l'inviter souvent à fa table, de le vifiter en sa maison, & même d'affifter quelquefois à fes prédications, eftimant fa doctrine, & faifant beaucoup de cas de fa vertu.

Ceux de la Religion prétendue réformée entrerent en allarme, à cause principalement des conférences longues & fecrettes qu'il avoit avec le faint Evêque. Il le louoit en toute occafion, l'appelloit toujours Monfieur de Geneve, & avoit pour lui des déférences dont chacun étoit étonné.

Quelques bruits & quelques menaces d'excommunication que fiffent les Miniftres pour empêcher ceux de leur parti d'affifter aux prédications du faint Evê

que, defquelles ils fortoient avec beaucoup d'édifi→ cation, ils n'en purent venir à bout. Ils tinrent même des confiftoires pour examiner les moyens de faire des remontrances à M. de Lefdiguieres, fur le trop grand honneur qu'il déféroit à l'Evêque d'Annelly, (car c'eft ainfi qu'ils l'appelloient à caufe de la Ville de fa réfidence,) de la trop grande familiarité qu'il avoit avec lui,& de ce qu'il affiftoit à ses Sermons,au fcandale de tous les Proteftans. Ils députerent enfuite à M. de Lefdiguieres quelques Notables du parti pour lui faire la correction fraternelle.

Ce Seigneur étant averti auffi tôt de leur délibération, leur fit dire que s'ils demandoient à le vifiter pour lui communiquer quelqu'affaire, il les recevroit de bon cœur ; mais que s'ils penfoient lui faire des remontrances confiftoriales, ils fe pouvoient affurer qu'étant entrés par la porte, ils fortiroient par la fenêtre.

Voyant ce moyen inutile, ils s'aviferent d'un autre expédient, qui fut de lui faire parler par un des Principaux Seigneurs de la Province, qui étoit de leur créance, lequel fe chargeant de la commiffion, prit occafion de repréfenter en particulier à M. de Lefdiguieres ce que Meffieurs les Confiftoriaux n'avoient ofé faire, crainte de fon indignation.

M. de Lefdiguieres lui répondit : dites à ces Meffieurs que j'ai affez d'âge pour fçavoir comment il faut vivre dans le monde. J'ai été Catholique Romain jufqu'à trente ans, je fçai de quelle forte les Catholiques Romains traitent leurs Evêques, & de quelle façon les Evêques font traités par les Rois & les Princes. Nous fommes dans un Etat où ils tiennent un autre rang que nos Miniftres, qui tout au plus ne font parmi nous que comme Curés, puifqu'ils ont rejetté la dignité Epifcopale, quoique

bien

bien fondé en l'Ecriture, & je crois qu'ils ne font pas à s'en repentir.

Dites à un tel (c'étoit un Miniftre de petite naiffance, qui avoit été fon domestique, & que fa faveur avoit fait mettre au rang de ceux qui gouvernoient l'Eglife Prétendue Réformée de Grenoble) que quand je verrai des fils & des freres de Roi, & des Princes fouverains fe faire Miniftres, comme j'en vois d'Evêques, d'Archevêques & de Cardinaux, je verrai quel honneur je leur rendrai.

Pour ce qui regarde M. de Geneve, fi j'étois arffibien M. de Geneve que lui, & Prince fouverain de cette Ville-là comme lui, je m'y ferois bien obéir & y reconnoître ma principauté. Jefçai quels font fes droits & fes titres mieux qu'un tel, ni que pas un de fes collegues & affistans; c'est à moi à leur faire la leçon là-deffus, & à eux de fe taire s'ils font fages. Ils font trop petits compagnons & trop jeunes, pour apprendre à vivre à un homme de mon âge & de ma qualité.

Depuis il redoubla les honneurs & les careffes au bon Evêque, à l'étonnement de nos Prétendus Réformés feulement, & il reçut des communications de ce faint Prélat, & de fi bonnes impreffions de notre Religion, que cela facilita beaucoup fa converfion quand il fut appellé à la Charge de Connétable, en laquelle il eft mort fort bon Catholique, & a fait une très-heureuse fin.

CHAPITRE XXIV.

Defir du Ciel dans un homme du commun.

E Bienheureux étant en la vifite de fon Diocèse, fut averti quan bon Paylan malade eûr defiré

I

« 이전계속 »