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perd néanmoins avec tant de regret.

C'étoit un de fes beaux mots. Il faut fe plaire avec foi-même quand on eft en la folitude, & avec le prochain comme avec foi-même, quand on eft en compagnie, & par tout ne fe plaire qu'en Dieu, qui a fait la folitude, & la compagnie : qui fait autrement s'ennuira par tout ; car la folitude fans Dieu eft une mort, & la compagnie fans lui, eft plus domageable que défirable. Par tout il fait bon avec Dieu, nulle part fans lui.

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CHAPITRE XXII.

Sçavoir abonder, & fouffrir la difette.

E mot de Saint Paul lui étoit en finguliere re- philip, 4. 12 commandation. Il difoit que fçavoir abonder, étoit bien plus difficile que de fçavoir fouffrir la difette. Mille tombent à la gauche de l'adverfité & dix mille à la droite de la profpérité; tant il eft difficile dans l'abondance de marcher droit devant foi : c'eft ce qui faifoit dire à Salomon, Seigneur ne Prov. 30. 3. me donnez ni la pauvreté, ni les richesses, donnez-moi feulement ce qui m'eft nécessaire pour vivre.

Sçavoir garder la modération parmi les richesses, eft comparé par un ancien aubuiffon ardent, qui brûloit fans fe confumer, & aux trois jeunes hommes qui fortirent de la fournaise de Babylone fans être aucunement brûlés.

L'humilité, dit S. Grégoire, court un grand ha fard parmi les honneurs, la chafteté bien du rifque parmi les délices, & la modération un grand danger parmi les richeffes.

Sçavoir abonder, & fouffrir la difette d'un cœur égal, eft un figne évident que l'on ne regarde que.

Dieu dans la pauvreté, & dans les richesses ; puifque les dures pointes de celle-là ne découragent point, ni n'enflent point les commodités de cellesci. Qui peut baifer avec égalité d'efprit l'une & l'autre main de Dieu, a rencontré le haut point de la perfectionchrétienne, & trouvera fon falut dans le Seigneur.

CHAPITRE XXIII.

Il ne demandoit & ne refufoit rien.

ELON fa grande maxime de ne rien demander,

SEL

& de ne rien refufer, il avoit coutume de recevoir les petits préfens que les pauvres gens lui faifoient, même en l'adminiftration des Sacremens.

C'étoit une chofe édifiante de voir de quel œil, & de quel cœur il recevoit en ces occafions une poignée de noix, ou de chataignes, ou des pommes, ou de petits fromages, ou des œufs que les enfans, ou les pauvres lui préfentoient. D'autres lui donnoient des fols, des doubles ou des liards, qu'il recevoit humblement, & avec action de recevoit même des trois, des quatre fols pour des Meffes qu'on lui envoyoit de quelques Villages, & les difoit avec grand foin.

grace.

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dire

Ce qu'on lui donnoit en argent, il le diftribuoit lui-même aux pauvres qu'il rencontroit au fortir de l'Eglife; mais ce qu'on lui donnoit, qui étoit propre à manger, il l'emportoit dans fon rochet, ou dans fes poches, & le mettoit fur des tablettes de fa chambre, au le donnoit à fon econome, à condition 4. 147.2. qu'on le lui fervît à table, difant quelquefois, Labores manuum tuarum quia manducabis, beatus es, & bene tibi erit. Il faifoit grand cas de ces paffages de faint

Job.5.7.

Paul, où il recommande le travail avec tant d'in- 1. Cor. 4. 12. 1. Thef. 2. 9. ftance ; & de ceux-ci : L'homme eft né pour travailler, 2. Thef. 3. 8. comme l'oyfeau pour voler ; que celui qui ne veut point tra- Act. 20. 34. vailler, ne mange point, & il ajoutoit de bonne grace: 2.Thef. 3.10. que fi l'homme pouvoit vivre fans travailler, & la femme enfanter fans douleur, ils auroient gagné leur procès contre Dieu.

CHAPITRE XXI V.

De la récréation, & comme il fe fervoit de tout pour s'élever à Dieu.

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L ne prenoit jamais de récréation de fon mouvement, mais feulement par condefcendance. Il n'avoit point de jardin dans les deux maifons qu'il a habitées durant fon Epifcopat, & jamais ne se promenoit, que quand il y étoit obligé par la compagnie, ou quand le Médecin lui ordonnoit pour fa fanté, car il étoit fort ponctuel à cette obéïffance. S. Charles Borromée étoit dans cette même rigueur, ne pouvant fouffrir qu'après les repas, les compagnies qu'il avoit reçûes, s'amufaffent à paffer le tems à des entretiens inutiles; difant que cela étoit indigne d'un Pafteur chargé d'un Diocèse fi grand & fi péfant que le fien, & qui avoit tant d'autres meilleures occupations. Cela étoit excufable dans ce Saint que l'on fçait avoir vêcu dans une grande févérité; de forte que l'on ne trouvoit pas étrange quand il coupoit court en ces occafions pour aller chercher autre part de quoi exercer ce grand zele des ames, & de la maifon de Dieu, dont il étoit dévoré.

Notre Bienheureux avoit l'efprit plus doux, &

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ne fuyoit pas les entretiens après la table. Quand je lui rendois vifite, il avoit foin de me divertir après le travail de la prédication. Lui-même me menoit promener en bateau fur ce beau lac qui lave les murailles d'Anneffy, ou en des jardins affés beaux, qui font fur ces agréables rivages. Quand il me venoit voir à Belley, il ne refufoit point de femblables délaffemens aufquels je l'invitois, mais jamais il ne les demandoit, ni ne s'y portoit de lui-même.

Et quand on lui parloit de bâtimens, de peinture, de mufique, de chaffe, d'oyfeaux, de plantes, de jardinage, de fleurs, il ne blâmoit pas ceux qui s'y appliquoient; mais il eût fouhaité que de toutes ces cccupations ils s'en fuffent fervi comme d'autant de moyens pour s'élever à Dieu; & il en donnoit l'exemple, tirant de toutes ces chofes autant d'élevations d'efprit.

1. Cor. 3.9. Si on lui montrait de beaux plans, nous fommes, difoit-il, le champ que Dieu cultive. Si des bâtimens; nous fommes l'édifice de Dieu. Si quelque Eglife magnifique & bien parée; nous fommes les temples du Dieu vivant; que nos ames ne font-elles auffi-bien ornées de vertus! Si des fleurs ; quand eft ce que nos fleurs donneront des fruits, Si de rares & exquifes peintures, il n'y a rien de beau comme l'ame, qui eft faite à l'image de Dieu.

Quand on le menoit dans un jardin. O quand celui de notre ame fera-t-il femé de fleurs, & rempli de fruits, dreffé, nétoyé, poli: quand fera-til clos & fermé à tout ce qui déplaît au jardinier

célefte!

Ala vue des fontaines. Quand aurons-nous dans nos cœurs des fources d'eau vive rejailliffantes jufJan. 4. 14. qu'à la vie éternelle. Jufqu'à quand quitteronsJesus, 2. 15, nous la fource de vie pour nous creufer des citer

nes mal enduites: O quand puiferons-nous à fouhait faï. 12. 3. dans les fontaines du Sauveur !

A l'afpect d'une belle vallée : elles font agréables Pfal. 63. 14. & fertiles, les eaux y coulent; c'eft ainfi que les e 103.10. eaux de la grace coulent dans les ames humbles, &

laiffent feches les têtes des montagnes, c'est-à-dire, les ames hautaines.

Voyoit-il une montagne : J'ai levé mes yeux vers Pfal. 120. 1. les montagnes, d'où me doit venir du fecours Les hautes Pf. 103. 18. montagnes fervent de retraite aux cerfs. La montagne

fur laquelle fe batira la Maison du Seigneur, sera fon-Isaï. 2. 2. dée fur le haut des monts : que les montagnes avec toutes Pfal. 148. 9. les collines béniffent le Seigneur.

199

Si des arbres. Tout arbre qui ne porte point de fruit Luc. 7. 18. fera coupé & jetté au feu. Un bon arbre ne porte point de mauvais fruit.

Si des rivieres. Quand irons-nous à Dieu, comme

ces eaux à la mer.

Si des lacs. O Dieu délivrez-nous du lac & de l'a- Pfal, 39. 3. bime de mifere & de la boue profonde où je fuis. Ainsi il voyoit Dieu en toutes chofes, & toutes chofes en Dieu, ou pour mieux dire, il ne regardoit qu'une feule chofe, qui eft Dieu..

CHAPITRE XXV.

De la dévotion à la Sainte - Vierge.

TANT né en un des jours de l'Octave de l'Affomption de la fainte Vierge, le 21 Août 1567. il a toujours eu une très-fpéciale dévotion envers cette Vierge.

Dès fes plus tendres années fa vie nous apprend qu'il s'adonna à l'honorer, & par de particuliers

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