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La premiere eft, de vifiter avec les lampes d'uri exact examen la Jerufalem de notre interieur, & dè voir fi dans fon fond réfide cette ferme & invariable réfolution de n'offenfer jamais Dieu mortellement d'une volonté déliberée; car c'eft en ce point que confifte notre grande union à la volonté de Dieu,qui ne refpire pour nous que la grace & la fanctification. La feconde, fi nous avons un ferme & conftant defir d'aimer Dieu : quand il difoit constant & ferme, il entendoit un defir efficace, non ces volontés imparfaites que l'on appelle velleités.

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E Séréniffime Duc de Savoye ayant des guerres

Lfur les bras, & preffé de néceffités publiques & urgentes, obtint un Bref du Pape pour faire dans Les Etats quelque levée de deniers fur les biens Eccléfiaftiques, & l'envoya aux Evêques pour faire chacun dans leurs Diocèfes les départemens de cette contribution, proportionnément aux revenus des

bénéfices.

Le Bienheureux fit affembler les Bénéficiers de fon Diocèfe, & les voyant peu difpofés à fatisfaire à ce qui étoit ordonné par Sa Sainteté, les uns & les autres alléguant diverfes excufes, lefquelles lui paroiffant trop légeres pour contrebalancer des befoins auffi preffans qu'étoient ceux du Duc, entra en zele, tant pour la Maifon de Dieu que pour celle de fon Prince, & leur dit en l'excès de fa ferveur : Quoi, Meffieurs, eft-ce à nous à alléguer des raifons, quand les deux Souverains concourent à un même

commandement ! Eft-ce à nous de pénétrer leurs confeils, & à leur demander, pourquoi faites-vous ainfi ?.

Nous rendons bien cette déférence,non-feulement aux Arrêts des Cours Souveraines, mais aux Sentences des moindres Juges, établis de Dieu. pour décider les différends qui naiffent entre nous, fans nous enquerir des motifs de leurs jugemens, & quand ils difent, pour cause, cela nous fuffit & nous arrête ; & ici où deux oracles parlent, qui n'ont à rendre compte qu'à Dieu de ce qu'ils ordonnent, nous voudrions examiner leurs fentimens, comme fi nous voulions leur fervir d'inquifiteurs ; pour moi je vous déclare que je ne puis ni entrer dans vos fentimens ni les approuver.

Vraiment nous fommes bien éloignés de la perfection de ces Chrétiens, même laïques, à qui faint Paul difoit: Vous avez vû avec joie tous vos biens Heb. 10. 4 pillés, fçachant que vous aviez d'autres biens plus excellens & qui ne périront jamais.

Vous voyez qu'il parle de l'injufte raviffement de tous leurs biens; & vous autres ne vous relâcherezvous pas de quelque petite portion des vôtres pour foulager le Pere de la Patrie, notre bon Prince, au zele duquel nous devons le rétabliffement de la Religion Catholique dans les trois Bailliages du Chablaix, & qui n'a point de plus grands ennemis que les adverfaires de notre créance ?

Notre Ordre n'eft-il pas le premier des trois qui compofent tous les Etats des Princes Chrétiens? Eft-il rien de plus jufte que de contribuer de nos biens auffi-bien que de nos prieres, à la défense des Autels, de notre vie & de notre repos, tandis que le Peuple prodigue fa fubftance pour cela, & la Nobleffe fon fang. Souvenez-vous des

guerres

paffées, & appréhendez que votre ingratitude & votre défobéiffance ne vous replongent dans de pareils

maux.

A ces paroles il ajouta fon exemple, & fit lui-même fa taxe fi exceffive, felon la partie de fon revenu, qu'il n'y en eut aucun, non-feulement qui osât fe plaindre, mais qui n'eût honte d'avoir contredit.

C'est ainfi qu'il obéiffoit, & qu'il apprenoit aux autres à obéir; puiffant en parole & en œuvre, & Judic. 7. 17. difant comme Gedeon à fes foldats, ce que vous me verrez faire, faites-le.

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a. 2.3.4.

28. a. 4.

I

CHAPITRE VI.

De l'excellence du væu.

L n'y a point de doute que le jeûne, par exem

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lent & plus parfait que celui qui eft fait sans vœu, 2. 1. q. 88. a. fuivant les raifons du Docteur Angélique. 9. 189. 1. Parce que le vœu étant un acte de la vertu de Religion très-noble entre les vertus morales, & beaucoup plus excellent de fa nature que celui du jeûne, cette bonté de la vertu de Religion ajoutée à celle du jeûne, augmente de beaucoup la valeur & la perfection du jeûne.

2. Parce que celui qui jeûne par vœu donne nonfeulement le fruit du jeûne, mais l'arbre & le fonds, qui eft la volonté déterminée & obligée par le vœu.

3. Parce que le vœu ajoutant une obligation étroite à l'acte du jeûne, lie davantage la volonté, & la rend plus réfoluë, plus conftante & plus ferme dans l'exécution.

4. J'ajoute, qu'un bien ajouté à un autre l'augmente néceffairement.

Il faut néanmoins avouer que celui qui jeûneroit fans vou, mais avec une charité plus grande, feroit une action meilleure, plus excellente & plus parfaite, que celui qui jeûneroit par vœu avec une moindre charité; parce que c'eft certe vertu qui donne le prix à nos œuvres devant Dieu. Ce qui engage les perfonnes qui font de bonnes œuvres par vou, à les faire dans la charité & par la charité, pour n'en point perdre le prix & le mérite.

Ce

CHAPITRE VII.

Sa ponctualité.

'E'TOIT une de fes maximes, que la grande fidelité envers Dieu se voyoit dans les petites chofes. Celui qui eft ménager fur les deniers & fur les liards, difoit-il, combien le fera-t-il fur les écus & les pistoles?

Et ce qu'il enfeignoit, il le pratiquoit exactement, car c'étoit l'homme le plus ponctuel qu'on pût voir. Non-feulement aux Offices Divins, à l'Autel & au Chœur, il obfervoit ponctuellement & fidellement les moindres cérémonies, mais encore quand il récitoit fes heures en particulier.

Il étoit le même dans les démonftrations de civilité; il ne manquoit à rien. Un jour je me plaignois à lui du trop grand honneur qu'il me déferoit : Et pour combien, me dit-il, comptez-vous JesusChrift, que j'honore en votre perfonne.

Sur-tout il me recommandoit de bien étudier le cérémonial des Evêques. C'est aux Pafteurs, difoitil, qui font le fel de la terre & la lumiere du mon- Matt. de, de fe montrer exemplaires en toute chose. Il

✔ 14.

avoit fouvent en la bouche ce beau mot de faint

1.Cor. 14. 40. Paul: Que tout se fasse parmi vous dans la bienséance & avec ordre.

CHAPITRE VIII.

Son peu d'eftime des biens de la terre, & fon zele pour le falut des ames.

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UOIQUE ceux de Geneve lui retinffent presque tout le revenu de fa Manfe Epifcopale, & celui de fon Chapitre, je ne lui en entendis jamais faire aucune plainte, tant il étoit peu, non pas attaché ou affectionné, mais attentif aux chofes de la terre. Il avoit coutume de dire, qu'il en étoit des biens de l'Eglife comme de la barbe, plus on la rafe & plus forte & épaiffe elle revient. Lorsque les Apôtres n'avoient rien, ils poffedoient tout; & quand les Eccléfiaftiques veulent trop poffeder, le trop fe

réduit à rien.

Il ne foupiroit qu'après la converfion de ces ames rebelles à la lumiere de la verité, qui ne luit que dans la vraie Eglife. Il difoit quelquefois en foupiGenef. 14. 21, rant: donnez-moi les perfonnes & prenez le reste, parlant de fa Geneve, qu'il appelloit toujours fa pauvre, ou chere, nonobftant fa rébellion.

Plût à Dieu, m'a-t-il dit quelquefois, que ces Meffieurs euffent encore ce peu de revenu qu'ils m'ont laiffé de refte, & que nous euffions feulement autant d'accès en cette déplorable Ville, que les Catholiques en ont à la Rochelle ; une petite Chapelle pour célébrer le divin Service & y faire les fonctions de notre Religion, vous verriez dans peu de tems tous ces prévaricateurs revenir à leur

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