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cœur, & nous nous réjouirions de leur retour à l'Eglife Romaine. Il nourriffoit toûjours cette chere efpérance dans fon sein.

On ne chantoit jamais au Chout le Pfeaume, Su- Pfal. 136. të fer flumina Babylonis, qu'il ne fe fouvînt de cette pauvre ville, le fiege des Evêques fes Prédéceffeurs, non qu'il fouhaitât y être en leur pompe, & en leur abondance, eftimant l'opprobre de la Croix plus que Hebr. 11. 264 toutes les richeffes de l'Egypte: mais touché d'une douleur intérieure de cœur fur la perte de tant d'ames. Quand il difoit fon office en particulier, & qu'il récitoit ce même Pfeaume avec fon Chapelain, les larmes lui couloient des yeux.

Il difoit que Henri VIII. Roi d'Angleterre, qui au commencement de fon régne avoit été fi zélé pour la foi Catholique, & qui avoit fi dignement écrit contre les erreurs de Luther, qu'il en avoit acquis le glorieux titre de défenfeur de la foi, ayant par fon intemperance caufé un fi grand fchifme, en fon Royaume, avoit defiré fur la fin de fa vie de rentrer dans le fein de l'Eglife, qu'il avoit miférablement abandonnée, & que donnant les mains à cette bonne œuvre, l'impoffibilité de reftituer les biens des Ecclefiaftiques qu'il avoit diftribués à fes Milords, avoit empêché ce grand bien; & là-deffus le Bienheureux difoit avec exclamations: faut-il qu'une poignée de terre & de pouffiere raviffe tant d'ames au Ciel. Helas! la portion de tout Chré- Pfal. 118.57. rien, & principalement de l'Ecclefiaftique, eft de Pfal. 17. 5. garder la Loi de Dieu. Le Seigneur eft la part de fon héritage & de fon calice : il leur eût abondamment reftituée cette fucceffion par des moyens puiffans, mais fuaves.

CHAPITRE IX.

Sa patience dans les maladies.

L fouffroit les douleurs de la maladie avec une

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que l'on ne l'entendoit jamais pouffer la moindre plainte, ni former le moindre defir qui ne fût conforme à la fainte volonté de Dieu.

que

,

Il ne regrettoit en aucune façon les fervices qu'il eût pû rendre à Dieu & au prochain dans la fanté. Il vouloit fouffrir parce que tel étoit le bon plaifir divin. Il fçait mieux difoit-il, ce qu'il me faut moi, laissons-le faire, c'est le Seigneur; qu'il Luc. 22 42. faffe ce qui eft agréable à ses yeux. O Dieu, que votre Luc. 10. 21. Volonté foit faite, & non pas la mienne. Oui, Pere celefte je le veux, puifqu'il a été trouvé bon devant-vous. Pfal. 39. 9. Oui, Seigneur, je le veux, & que votre loi & votre volonté foit à jamais gravée au milieu de mon cœur.

Si on lui demandoit s'il prendroit bien une médecine, un bouillon, s'il vouloit être faigné & chofes femblables; il ne répondoit autre chofe finon, faites au malade ce qu'il vous plaira, Dieu m'a mis en la difpofition des Médecins. On ne vit jamais rien de plus fimple, ni de plus obéiffant; car il hoEccli. 31. 8. noroit Dieu dans les Médecins, & fçavoit que

Dieu

avoit fait la médecine, & qu'il commandoit d'honorer le Médecin, honneur qui emporte obéiffance.

Il difoit tout fimplement fon mal fans l'augmenter par des plaintes exceffives, & fans le diminuer par diffimulation. Il eftimoit le premier une lâcheté, & le fecond une duplicité.

Quoique la partie inférieure fût fous le preffoir de vehementes douleurs, on lifoit toûjours néan

moins fur fon vifage, & fur tout en fes yeux, la ferenité de la partie fupérieure, qui brilloit au travers des nuages de la douleur étoit en fon corps.

JAM

,

qui

CHAPITRE X.

Des Domestiques.

AMAIS le Bienheureux ne dit une parole de meni rien de fâcheux à fes Domeftiques; & quand ils faifoient des faures, il affaifonnoit fes corrections de tant de douceur, qu'ils fe corrigeoient auffi-tôt par amour, fans appréhender la verge de fer, qu'ils fçavoient bien n'être point en fa main. Un jour l'entretenant fur la maniere de traiter avec les Domestiques, & lui difant que la familiarité engendroit le mépris: Oui, me dit-il, la familiarité indécente, groffiere, & répréhensible: jamais celle qui eft civile, cordiale, honnête, & vertueufe; car comme elle procéde d'amour, l'amour engendre fon femblable, & l'amour véritable n'eft jamais fans eftime, & par conféquent fans refpect pour la perfonne aimée; vû que l'amour n'eft fondé fur l'eftime que nous en faifons.

que

Mais, lui-dis-je, il faudra donc leur laiffer tout à l'abandon, & les laiffer agir comme ils voudront? Non, mais je dis feulement que fi la charité eft la maîtreffe du cœur, elle fçaura bien faire tenir la partie à la difcrétion, à la prudence, à la juftice, à la modération, à la magnanimité, auffi-bien qu'à l'humilité, à l'abjection, à la patience, à la souffrance, & à la douceur.

Ce que je puis dire au fujet des Domestiques, eft qu'après tout, ce font nos prochains, & d'humbles freres que la charité nous oblige d'aimer comme

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nous-mêmes. Aimons-les donc bien comme nous-
mêmes, ces chers prochains, qui nous font fi
ches & fi voifins, qui vivent avec nous fous un mê-
pro-
me toît, & de notre substance, & traitons-les com-
me nous-mêmes, ou plûtôt comme nous voudrions
être traités, fi nous étions en leur place, & de leur
condition ; & voilà la meilleure maniere de conver-
fer avec les Domestiques.

que

Il eft vrai qu'il ne faut pas diffimuler leurs fautes quand elles font notables, ni leur épargner la correction, mais auffi il faut reconnoître le bien nous en recevons. Il eft même à propos, pour les animer, de leur témoigner quelquefois que l'on agrée leur fervice, que l'on a confiance en eux, & que l'on les tient ou comme des freres, ou comme des amis, de qui l'on veut foulager la néceffité, ou procurer l'avancement.

Certes, comme un coup de vent dans les voiles d'une galere la fait plus avancer en mer, que cent coups de rames, auffi faut-il avouer qu'une parole d'amitié, & un témoignage de bienveillance tirera plus de fervice d'un domeftique, que cent commandemens auftéres, menaçans, & rigoureux.

CHAPITRE XI.

Sa condefcendance.

A condefcendance aux humeurs d'autrui, & le

Ldoux, mais jufte fupport du prochain étoient fes cheres & particulieres vertus, & il les recommandoit fans ceffe à fes chers enfans.

Il m'a dit fouvent : O que c'eft bien plûtôt fait de s'accommoder à autrui, que de vouloir plier chacun à nos humeurs, & à nos opinions. L'efprit humain

eft un vrai miroir qui prend aifément toutes les couleurs qui fe préfentent à lui; l'important eft de ne faire pas comme le cameleon qui eft fufceptible de toutes, excepté de la blanche; car la condefcendance qui n'eft pas accompagnée de candeur & de pureté, eft une dangereufe condefcendance, & que l'on ne fçauroit trop éviter.

Il eft bon de compâtir aux pécheurs, mais avec intention de les tirer du bourbier, où ils font couchés, non pas pour les y laiffer lâchement pourrir & mourir. C'eft une perverfe miféricorde de voir le prochain dans le malheur du péché, & de n'ofer lui tendre la main secourable, par une douce, mais franche remontrance.

Il faut condefcendre en tout, mais jufqu'à l'Autel; c'est-à-dire, jufqu'au point que Dieu ne foit pas offenfé. Voilà les bornes de la vraie condefcendance.

Je ne dis pas qu'il faille à tout propos reprendre le pécheur: la prudence charitable veut que l'on attende le tems auquel il foit capable de recevoir les remedes convenables à fon mal.

Le zele turbulent dépourvû de modération & de science, ruine plus qu'il n'édifie. Il y en a qui ne font rien de bon pour vouloir trop bien faire, & qui gâtent tout ce qu'ils veulent racommoder. Il fe faut hâter tout bellement, felon l'ancien proverbe ; qui marche précipitamment eft fujet à tomber. Il faut du jugement en la répréhension, comme en la condefcendance.

Je n'ai rien vû de plus condefcendant, ni de plus patient que notre Bienheureux; mais après qu'il avoit pris fon tems & fes mefures, il donnoit fes

coups fort à propos, & avec tant de fageffe, de force & douceur, que rien ne pouvoit lui résister.

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