페이지 이미지
PDF
ePub

Mais fi par le mérite on entend ce qui répond à la récompenfe éternelle, alors il faudra prendre la principale partie, même pour ce qui regarde le salaire effentiel de la béatitude de la charité, & dire que celles qui agiront ou contempleront avec plus de charité, auront plus de mérite, & par conféquent une plus grande récompenfe dans le Ciel.

Notre Bienheureux décidera cette question par ces paroles: Que Marthe, dit-il, foit active, «Fntret, v. mais qu'elle ne controlle point Marie: Que Ma-« rie contemple, mais qu'elle ne méprife point Mar-«< the, car Notre Seigneur prendra la cause de celle « qui fera cenfurée «.

Au refte je vous avertis de ne point mesurer les chofes de la grace fuivant les régles de la nature, ni celles de la nature fuivant la mesure de la grace; car autant que le Ciel eft éloigné de la terre, autant font éloignées les voyes furnaturelles de Dieu, des nôtres, qui ne font que naturelles. Il ne falloit point autrefois pefer les chofes profanes au poids du Sanctuaire, ni les chofes facrées au poids profane.

[blocks in formation]

L'avancement dans la vertu ne confifte pas à beaucoup faire, mais à bien faire ce que l'on fait.

Otre Bienheureux recommandoit fur toutes

Nchofes d'éviter ce défaut d'emprellement, &

l'appelloit l'ennemi capital de la vraie dévotion.

Il vaut mieux, disoit-il, faire peu & bien, qu'en- Entret. 13. reprendre beaucoup, & le faire imparfaitement,

Ce n'eft pas, ajoutoit-il, par la multiplicité des cho>> fes que nous faifons, que nous avançons en la per»fection, mais par la ferveur & pureté d'intention » avec laquelle nous les faifons.

D'où nous tirons. 1. Que notre progrès en la perfection ne dépend pas tant de la multiplicité de nos actions, que de la ferveur du faint amour, avec laquelle nous les faifons.

2. Qu'une bonne action faite avec grande ferveur vaut mieux, & eft plus agréable à Dieu, que plufieurs. de même efpéce, faites avec tiédeur & lâcheté.

3. Que la pureté d'intention éleve bien haut le merite d'une bonne action; parce que la fin donnant le prix à l'action, plus la fin eft pure & excellente, plus l'action eft exquife. Or quelle plus digne fin pouvons-nous avoir en nos actions, que celle de la gloire de Dieu.

Dans les converfations particulieres, il vouloit que l'on parlât peu & bon, c'étoit fon mot. Et dans les actions, il defiroit que l'on n'en entreprît pas tant, mais que le peu que l'on faifoit, on le fit avec beaucoup de perfection, felon cet avis, affez-tôt, fi affez bien.

J

Voyez Theotime Liv. 12. c. 7.

CHAPITRE V.

Sentiment de grande humilité.

E ne fçai, me difoit-il, pourquoi chacun me dit l'Inftituteur & le Fondateur des Filles de la Vifitation. Je fuis bien homme de moyens pour faire des fondations, & d'efprit pour établir un Ordre nouveau ; comme s'il n'y avoit pas déja plus que fuffisamment des Inftituts Monaftiques, J'ai donc fait

ce que je voulois défaire, & défait ce que je voulois faire.

Qu'entendez-vous par-là, lui difois-je ?

C'eft, me repartit-il, que je n'avois deffein que d'établir une seule maison à Anneffy, de filles, & de femmes veuves, fans vœux & fans clôture, dont l'exercice fût de vacquer à la vifite, & au foulagement des pauvres malades abandonnés & deftitués de fecours, & à d'autres œuvres de pieté & de miféricorde, tant fpirituelle que corporelle. Et

maintenant c'eft un Ordre formé, vivant fous la regle de S. Auguftin, avec voeux & clôture; chofe incompatible avec le premier deffein, dans lequel elles ont vêcu quelques années, de forte que le nom de Visitation qui leur eft demeuré ne leur convient plus. Ainfi je ferai plûtôt leur Parein que leur Inftituteur, puifque mon inftitution a été comme deftituée.

nal de Mar

Vous n'ignorez pas que Monfeigneur l'Archevê- (Meffire que de Lyon, a été la caufe principale après Dieu Denis Simon, de ce changement; ainfi ce feroit lui qu'il faudroit depuis Cardiappeller leur Fondateur. Si j'ai dressé leurs constitu- quemont.) tions conformes à leur régle, ce n'a été que par commiffion du Saint Siége qui me commanda d'ériger en Monaftére la maifon d'Anneffy, fur la forme de laquelle les autres fe font établies depuis en divers lieux.

Notre Bienheureux eftimoit, & relevoit beaucoup l'action du grand Perfonnage Jean Avila, grand Prédicateur dans l'Andaloufie, lequel ayant dreffé une Congrégation de Prêtres féculiers pour le fervice de Dieu & de l'Eglife, quitta fon entreprise, quand il vit fur pied la Compagnie de Jefus, eftimant que cela fuffifoit pour lors, & que fon deffein n'étoit pas néceffaire.

Et S. Ignace même, quoiqu'il eût fort à cœur le progrès de fon Inftitut, & qu'il avoüât que rien ne feroit plus capable de le toucher fenfiblement que d'en voir la deftraction; néanmoins il fe promettoit (cela arrivant) qu'il en feroit confolé après une heure d'oraifon.

Et notre Bienheureux voyant fon nouvel établiffement, comme fur le point d'être diffipé en fa naiffance, par la maladie extrême de cette trèsvertueufe perfonne, qui a fervi de premiere pierre à cet édifice fpirituel; hé bien, dit-il, Dieu fe contentera de notre bonne volonté, comme il agréa celle d'Abraham. Le Seigneur nous avoit donné de grandes efpérances, le Seigneur nous les a ôtées, fon faint Nom foit beni.

CHAPITRE V I.

De la perfection de l'état.

II la vie L difoit que l'occupation la plus férieuse de la vie du vrai & fidele Chrétien, étoit de chercher fans ceffe la perfection de fon état ; c'est-à-dire, de fe perfectionner de plus en plus en l'état où il fe trouvoit.

Or, la perfection de l'état d'un chacun eft de bien rapporter les moyens à la fin, & de fe fervir de ceux qui font propres à notre état pour faire progrès en la charité, en laquelle feule confifte la vraye & effentielle perfection du Chriftianifme, & fans laquelle rien ne peut être appellé parfait : car fi une chofe eft parfaite, à qui rien ne manque, & fi nulle vertu ne peut arriver à la fin derniere, qui est la gloire de Dieu, que par la charité : qui ne voit

qu'aucune vertu fans la charité, ne peut porter le nom de vertu parfaite, ni par conféquent nous faire toucher au but de la vraie perfection de notre état.

Sur toutes chofes ayons, comme dit le Saint Apôtre, la charité, qui eft le lien de la perfection, & qui non feulement nous lie & nous unit à Dieu, en quoi confiste notre unique perfection; mais qui réïnit encore toutes les autres vertus, & les rapporte à leur vraie centre, qui eft Dieu & fa gloire.

I

CHAPITRE VII.

De l'imitation.

pre

L confeilloit de lire la vie des Saints qui avoient été de notre profeffion, ou qui y avoient plus de reffemblance, afin de les imiter; car il faut avouer, que Dieu a mis principalement aux Inftituteurs des Ordres & Congrégations, pon-feulement les mices de ces Inftituts-là; mais une fi grande abondance de graces, que leurs vertus héroïques font autant d'exemplaires accomplis dont leurs fuivans ont autant à tirer en eux des copies, qui feront d'autant plus excellentes qu'elles approcheront de plus près de ces originaux.

Sur ce que je lui difois un jour, que j'avois tellement les yeux attachés fur lui, & que j'étudiois avec tant d'attention toutes fes démarches, qu'il penfat bien à ce qu'il feroit devant moi; car je vous affure, lui dis-je, que je l'imiterois auffi-tôt, & croirois pratiquer une vertu.

C'eft grande pitié, me dit-il, que l'amitié, auffibien que l'amour, ait un bandeau fur les yeux, & nous empêche de difcerner entre les défauts, & les

« 이전계속 »