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c. 6.

dant c'eft à quoi on penfe le moins, comme fi l'inten tion n'étoit pas l'ame de nos actions, & comme fi Dieu avoit promis de récompenfer des œuvres qui ne font pas faites pour lui & rapportées à son honneur. Theotime 1. » Le falut, difoit-il, eft montré à la foi, il est préparé à l'efpérance, mais il n'eft donné qu'à la cha» rité. La foi montre le chemin de la terre promife, » comme la colomne de nuée & de feu, claire & obf»cure. L'efperance nous nourrit de fa manne de fuavité: mais la charité nous introduit, comme » l'Arche d'alliance, en la terre célefce, promife aux "vrais Ifraëlites, en laquelle ni la colomne de la for "ne fert plus de guide, ni on ne fe repaît plus de la manne d'efpérance.

Certes, comme un Architecte conduit fon ouvrage, l'équiere, la régle, le niveau à la main; auffi pour édifier les murailles de Jerufalem, & en rendre nos actions les pierres vivantes, c'est à nous d'avoir toujours devant les yeux l'alignement de la charité, faifant tout pour Dieu fuivant cette pa 1. Cor. 10. 3. role de l'Apôtre : Soit que vous buviez, foit que vous mangiez ou quelqu'autre chofe que vous faffiez, faites tout au nom de notre Seigneur Jefus-Chrift.

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'ETOIT fon grand mot, & le principal reffort Cde tout fon gouvernement.

Il m'a dit fouvent que ceux qui veulent forcer les volontés humaines, exercent une tirannie extrêmement odieufe à Dieu & aux hommes. C'estpourquoi il ne pouvoit approuver ces efprits abfolus qui veulent être obéis bon gré, malgré, & que

tout cede à leur empire. Ceux-là, difoit-il, qui aiment à fe faire craindre, craignent de fe faire aimer, & eux-mêmes craignent plus que tous les autres ; car les autres ne craignent qu'eux, mais eux craignent tous les autres. Neceffe eft mulios timeat, quem multi timent.

Je lui ai fouvent oui dire cette belle Sentence; en la galere royale de l'amour divin, il n'y a point de Theatimel. t. forçat, tous les rameurs y font volontaires.

c. 6.1.2.6

37.

Fondé fur ce principe, il ne faifoit jamais de commandement que par forme de perfuafion ou de priere; ce mot de S. Pierre lui étoit en finguliere venération, paissez le troupeau de Dieu, non par con- x. Pet. 5, 20 trainte, mais librement & volontairement. Il vouloit qu'en matiere de gouvernement fpirituel, on fe comportât envers les ames à la façon de Dieu & des Anges par infpirations, infinuations, illuminations, remontrances, prieres, follicitations; en toute patience & doctrine; que l'on frapât comme l'époux à la porte des cœurs, que l'on preffât doucement l'ouverture; fi elle fe faifoit, que l'on y introduifit le falut avec joie ; fi on la refufoit, qu'on en fupportât le refus avec douceur.

Comme je me plaignois à notre Bienheureux des réfiftances au bien que je voulois établir dans mes vifites; il me dit que vous avez l'efprit absolu, vous voulez marcher fur les aîles des vents, & vous vous laissez transporter à votre zéle, qui, comme les ardens, vous conduit aux précipices! Voulezvous faire plus que Dieu, & géner les volontés des créatures que Dieu a faites libres ! Vous tranchez comme fi les volontés de vos Diocèfains étoient toutes en votre main, & Dieu qui a tous les cœurs en la fienne, n'agit pas ainfi. Il fouffre les réfiftances, les rebellions contre fes lumieres: que l'on s'oppofe

à fes infpirations, jufqu'à contrifter fon efprit, & enfin il laiffe perdre ceux qui par l'endurciffement de leur cœur impénitent s'amaffent des tréfors de colere pour le jour des vengeances. Il ne laiffe pas pour cela d'infpirer, quoique l'on rejette fes attraits, & qu'on lui dife, retirez-vous de nous, nous ne voulons point fuivre vos voyes.

Nos Anges Gardiens imitent en cela fa conduite, & quoique nous abandonnions Dieu par nos iniquités, néanmoins ils ne nous abandonnent pas. Voulez-vous de meilleurs exemples pour régler votre conduite ?

Theotimel. 9»

c. 3.

C. 4.

CHAPITRE VI.

De la réfignation, fainte indifference,& fimple attente.

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A réfignation fe pratique, dit le Bienheureux, par maniere d'effort & de foumission. On » voudroit bien vivre au lieu de mourir, néanmoins puifque c'eft le bon plaifir de Dieu qu'on meure, »on acquiefce. On voudroit vivre, s'il plaifoit à » Dieu; & de plus on voudroit qu'il plût à Dieu de » faire vivre; on meurt de bon cœur, mais on vi» vroit encore plus volontiers. On meurt d'affez » bonne volonté, mais on vivroit encore de meil»leure volonté.

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» La fainte indifference eft au-deffus de la réfigna»tion; car elle n'aime rien, finon pour l'amour de » la volonté de Dieu : de maniere que rien ne tou» che le cœur indifférent en la préfence de la volon»té de Dieu.

Or la réfignation & la fainte indifference regarde la volonté de Dieu, fignifiée par l'événement, quoique diverfement; parce que celle-là s'y range

avec effort, & celle-ci fans effort. Mais le degré de la fimple attente eft encore au-deffus de tout cela, parce qu'il regarde la volonté de Dieu qui nous eft inconnue, & nous fait vouloir par avance tout ce que Dieu voudra, fans que nous le fçachions, & en ayons aucune affurance.

CHAPITRE VII.

Préfence d'efprit accompagnée d'une grande

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humilité.

que

Nɛame affez bonne, mais fimple, lui vint dire un jour tout franchement fur quelques rapports qu'on lui avoit faits de lui, elle avoit conçu contre lui une averfion extrême, & ne pouvoit plus l'estimer.

Le Bienheureux fans lui en demander le fujet lui répondit fur le champ, je vous en aime davantage. Comment cela, lui demanda cette perfonne ?

Parce qu'il faut que vous ayez un grand fond de candeur pour me parler ainfi, & j'eftime cette qualité-là extrêmement.

Je vous ai dit cela, reprit la perfonne, felon le vrai fentiment de mon ame, non-feulement paffé, mais encore préfent.

Et moi, repartit le Bienheureux, felon le fentiment de la mienne, paffé, préfent, & encore futur, comme je l'efpere de la grace de mon Dieu.

Alors cette perfonne, comme le voulant quereller, lui dit que le fondement de fon averfion venoit de l'avis qu'on lui avoit donné, qu'il avoit appuyé de fa faveur fon adverse partie, en une affaire fort épineufe & importante.

Le Bienheureux répliqua; cet avis est véritable, & je l'ai fait, parce que j'ai jugé que le droit étoir de fon côté.

Vous devriez, lui dit l'autre, vous comporter comme un pere commun; & non pas comme partie, embraffant un côté au préjudice de l'autre.

Et les peres communs, répondit le Bienheureux, ne difcernent-ils pas dans les conteftations de leurs enfans, ceux qui ont tort ou raifon ? Vous devez avoir appris par le jugement qui a été rendu, que le droit étoit du côté de votre partie, puifqu'il lui

a été confervé.

On m'a fait injuftice, repliqua la partie intereffée.

Certes, fi j'euffe été de vos Juges, répondit le Bienheureux, j'euffe prononcé de la même forte

contre vous.

C'eft bien, dit l'autre, pour me guérir de mon

averfion.

Voyez-vous, dit le Bienheureux, c'eft la plainte ordinaire de ceux qui ont perdu leur caufe; mais quand le tems aura remis votre efprit en une plus tranquille affiette, vous benirez Dieu, & vos Juges qui font fes organes, de vous avoir ôté un bien que vous ne pouviez poffeder en confcience ni avec juftice, & alors ceffera toute averfion, & contre eux & contre moi, ce qu'il ne faut pas esperer jufqu'à ce que cette taye de la paffion vous tombe des yeux. Je prie Dieu qu'il vous en faffe la grace.

Amen, reprit l'autre : mais je voudrois bien fçavoir fi c'eft fincerement que vous avez dit que vous m'en aimiez davantage.

Je n'ai jamais proféré de parole, dit le Bienheureux, plus conforme au vrai fentiment de mon cœur ; car qui n'aimeroit pas une ame qui fe décharge

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