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tions & confolations ne fatisfont pas les yeux de « Dieu, mais elles contentent feulement ce miféra- « ble amour & foin que nous avons de nous-mêmes, hors de Dieu & de fa confideration.

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Mais, me dira-t-on, ne faut-il pas que nous prenions garde à ce que nous faifons, fur tout quand il s'agit du fervice de Dieu; puifque l'Ecriture nous dit, que toute la terre eft en défolation, parce que nul ne pense en fon cœur, & ne fait point réfle-ai. 57. 86 xion fur foi-même.

Il ne faut que diftinguer les tems pour accorder tout cela. On ne dit pas qu'il ne faille point faire de réflexion fur foi-même, & fur fa conduite; ce feroit vivre en bête, & ne faire aucun ufage de fa raifon. Mais chaque chofe a fon tems, dit le Sage. Eccle și Eccle✈ 11 y a tems d'agir, & tems de réfléchir fur fon action. Le peintre ne s'arrête pas à chaque trait de peinceau pour juger de fon ouvrage; il ne le fait que par intervales.

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Les fréquens examens de confcience font fort bons, le foir, le matin & à midi. Tout chrétien affectionné à fon falut, doit avoir foin de remonter l'horloge de fon cœur, & même durant le jour, il eft bon de rems en tems de prendre garde en quelle affiette il est; mais de n'avoir autre occupation que de confiderer ce que l'on fait, ce n'eft pas pour avancer beaucoup la gloire du Pere céleste, & c'eft une attention, qui, à la fin devient incommode, & qui pour l'ordinaire ne fe termine qu'à notre interêt propre. Le fel & le fucre font deux bonnes chofes, mais il en faut ufer modérement.

תור.

CHAPITRE

Des Superieurs.

V I.

UELQUES UNS fe plaignant au Bienheureux qu'on leur avoit donné un Supérieur ignorant à la place d'un autre qui les traitoit trop rudement, & ajoutant à leurs plaintes des paroles groffiéres & même injurieufes, quoique d'une maniere enveloppée, il leur dit, il ne faut jamais parler de la forte des Supérieurs, pour miférables qu'ils foient. Dieu veut qu'on obéisse, même à 1. Petr. 18. ceux qui font rudes & fâcheux, car qui réfifte à la Rom. 13. puiffance, refifte à l'ordre de Dieu.

Entret.11.

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i

Et prenant la défenfe de ce Superieur, il dir, fi Num. 22. 28, Balaam fur bien inftruit par une âneffe, à plus » forte raifon devez-vous croire que Dieu, qui vous » a donné ce Supérieur, fera qu'il vous enfeignera » felon fa volonté, bien que peut-être ce ne fera » felon la vôtre.

pas

J'entens que ce bon perfonnage eft fort doux, & que t'il n'en fçait pas beaucoup, il n'en fair pas moins bien, & que fon exemple fupplée au défaut de fa doctrine. Il vaut mieux avoir un Supérieur qui faffe le bien qu'il ne dit pas, qu'un autre qui dife le bien qu'il faut faire, mais qui ne le prati

que pas.

DIXIE' ME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

De la mortification des inclinations naturelles.

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,

'EST une parole dorée de notre Bienheu reux & que j'ai ouie quelquefois de fa bouche, que celui qui mortifie davantage fes inclinations naturelles, attire davantage les infpirations furnaturelles.

2.Cor.4. 10%

Certes, la mortification intérieure & extérieure eft un grand moyen pour attirer fur nous les faveurs du Ciel, pourvû qu'elle foit pratiquée en la charité & par la charité. Ceux qui portent la mortification de Jefus-Chrift en leur corps & dans leur cœur, font femblables à cette hoftie du Prophete Elie, fur laquelle defcendit le feu du Ciel, ou à cette boue dont il eft parlé dans les Macchabées qui 1. 2. c. 1. Và prit feu aux rayons du Soleil.

3. Reg.18. 38.

22.

Comme la manne célefte ne fut donnée à Ifraël dans le défert, qu'après qu'il eut confumé toutes les farines qu'il avoit emportées de l'Egypte, auffi les faveurs du Ciel font-elles rarement départies à ceux qui fe conduisent encore felon les inclinations de la terre. Mon efprit, dit le Seigneur, ne demeure- Gen. 6. 3ra point avec l'homme, parce qu'il eft chair.

1

CHAPITRE II.

Du don de convertir les Hérétiques.

NOTRE Bienheureux

par

OTRE Bienheureux a eu une grace très ticuliere du Ciel, pour convertir les pécheurs au dedans de l'Eglife, & pour ramener ceux qui étoient hors de l'Eglife dans le fein de cette mere, hors duquel nous ne fçaurions avoir Dieu pour

pere.

A l'égard de ceux-ci, outre, qu'en la réduction du Chablaix à la véritable Eglife, il a cooperé à la converfion de quarante à cinquante mille ames ; il en a ramené pour fa art plus de quinze à seize mille.

Ce don fpéci qu'il avoit de les réduire, fit dire un jour au Grand Cardinal du Perron, l'honneur des lettres, que s'il n'étoit queftion que de confondre les Hérétiques, il penfoit en avoir trouvé le secret; mais pour les convertir qu'il falloit les envoyer à M. l'Evêque de Geneve, qui avoit commiffion du Ciel pour cela. M. le Cardinal de Berulle étoit dans le même fentiment, & disoit tout Luc. 1. 66. haut que la main de Dieu étoit avec le Bienheureux François.

CHAPITRE III.

Des réformes.

Oprifes de reformes ; mais la méthode étoit d'al

N l'a plufieurs fois employé dans les entre

ler doucement en befogne & à pas de plomb., pratiquant cette devife, qu'il eftimoit beaucoup : de fe

hâter tout bellement. Il vouloit qu'en toutes choses on fît peu & bien ; & quoique la grace n'aime point les retardemens & les délais, néanmoins il ne vouloit point que l'on marchât dans une ferveur peu judicieuse, qui donne toujours dans les extrêmités, & ne fait pas le bien, pour le vouloir tout à coup trop bien faire. Son grand mot étoit, pederentim. il défiroit que l'on gagnât terre pied à pied, répétant affez fouvent cette parole du Sage, que la route du Prov. 4.18. Jufte eft femblable à l'aurore qui s'accroît, & s'avance peu à peu jufqu'à ce qu'elle ait amené le jour parfait. Le vrai progrès, difoit-il, fe fait du moins au plus. Dieu même, qui n'a que faire du tems pour amener les chofes à la perfection, quoiqu'il arrive fortement à la fin qu'il fe propofe, le fait néanmoins avec des difpofitions fi fuaves, qu'elles font prefque imperceptibles.

Il n'imitoit pas ceux qui commencent la réformation par l'extérieur, pour parvenir, difent-ils, à l'intérieur, & demeurent fi long-tems à l'écorce, qu'ils en oublient la moëlle. Ceux-là imitent les Peintres ou les Sculpteurs qui ne travaillent que fur l'extérieur ; & c'eft plûtôt un fard & une illufion des fens, que quelque chofe de véritable.

Quand il vouloit introduire la réformation en quelque Cloître, foit d'hommes, foit de filles, il ne demandoit en celui d'hommes que deux chofes: l'exercice de l'Oraison mentale, & de fa compagne inféparable la lecture fpirituelle, & la fréquentation des deux Sacremens de Pénitence & d'Euchariftie. Avec cela, difoit-il, tout se fait fans bruit, fans effort, fans contradiction, doucement & infenfiblement.

Pour les filles,il ne défiroit que deux chofes, l'une pour le corps, & l'autre pour l'ame. 1. Pour le

corpe

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