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la clôture telle qu'elle eft ordonnée par le Concile de Trente; fans cela il ne penfoit pas qu'elles puffent vivre avec réputation ni avec fureté de leur honneur. 2. L'Oraison mentale deux fois le jour une demie heure à chaque fois. Avec cela, disoit-il, on peut aisement réduire des filles à leur devoir, & à leur vraie obfervance.

D'austérités, & de mortifications corporelles, il n'en parloit point; ne recommandant d'autres jeûnes que ceux de l'Eglife, non la nudité des pieds, non l'abstinence de la viande, non la privation du linge, non les veilles de la nuit, non tant d'autres mortifications, faintes à la vérité, mais qui ne regardent d'elles-mêmes que l'extérieur.

Comme on le confultoit un jour fur la nudité des pieds qu'on vouloit introduire en une maison Religieufe: Hé, dit-il, que ne laiffe-t-on là les pieds chauffés; il faut réformer la tête & non les pieds.

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Il excite par fes larmes un pécheur
à componition.

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N jour fe préfenta à lui pour se confeffer un perfonnage qui racontoit fes pechés avec tant de hardieffe, pour ne pas dire d'effronterie, & avec fi peu de reffentiment & de déplaifir, qu'il fembloit qu'il racontoit une hiftoire, jufqu'à s'écouter foimême, & fe complaire en fon difcours.

Le Bienheureux connoiffant à ce ton l'indifpofition intérieure de cette ame, qui des trois parties du Sacrement de Pénitence n'en avoit qu'une, qui étoitla confeffion, encore fort imparfaite, étant dépourvûë de cette pudeur & de cette fainte honte qui

la doit accompagner; fans l'interrompre en fon narré,, fe mit à pleurer, à foupirer, à fangloter.

Cette perfonne lui demanda ce qu'il avoit, & s'il fe trouvoit mal. Hélas! mon frere, lui dit-il, je me porte bien graces à Dieu, mais vous vous portez bien mal. L'autre lui répliqua hardiment qu'il e portoit bien auffi. Hé bien, dit le Bienheureux, continuez. Il pourfuivic avec la même liberté, & difoit fans aucun fentiment de douleur de terribles choses. Le Bienheureux fe mit à pleurer chaudement & abondamment. Cette perfonne lui demanda encore ce qu'il avoit à pleurer. Hélas! dit le Bienheureux, c'eft de ce que vous ne pleurez pas.

Celui qui avoit été infenfible au premier coup d'éperon; l'heure de fa vifite, comme il est à croire, étant venuë, ne le fut pas à ce fecond; & ce rocher frapé de cette verge, donna foudain des eaux, & s'écria : O moi miférable, qui n'ai point de regret de mes énormes péchés, & ils arrachent des larmes à celui qui eft innocent. Cela le toucha fi puiffamment, qu'il en penfa tomber en défaillance fi le Bienheureux ne l'eût confolé ; & lui enfeignant l'acte de contrition, qu'il fit avec une componction miraculeufe, il le remit en l'affiette néceffaire pour recevoir la grace du Sacrement; & dès ce moment fe donna tout à Dieu, & devint un modéle de pénitence.

Ce pénitent a découvert lui-même ceci à un de fes intimes, qui fans le nommer, en a fait le rapport, & ajoûtoit ce trait, qui eft d'affez bonne grace. Les autres Confeffeurs, difoit il, font quelquefois pleurer leurs pénitens, mais moi j'ai fait pleurer mon Confeffeur. Il eft vrai qu'il m'a bien rendu mon change : & Dieu veüille, pour le falut de mon ame, que j'en fois bien changé, & que je ne perde jamais

la grace qui me fut alors conferée par la bénédic Pfalm. 45.9.tion de fes mains. Venez & voyez les prodiges & les merveilles que la puiffance de Dieu fait fur la terre, & que fa grace opére dans les cœurs.

CHAPITRE V.

Il confole merveilleufement un autre pénitent.

N particulier, connu de notre Bienheureux

UN particulier,

ayant fait un extrême effort fur foi-même pour lui faire une confeffion générale, où il lui fit un ample chapitre des péchés de fa jeuneffe,leBienheureux trouvant cette confeffion fort à fon gré, & la difpofition de cette ame lui plaifant, il lui en témoigna beaucoup de contentement & de fatisfaction.

C'eft, lui dit le pénitent, pour me confoler ce que vous en faites ; mais en votre ame pouvez-vous eftimer un fi grand pécheur ?

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Après votre abfolution, reprit le Bienheureux je ferois un vrai Pharifien, fi je vous regardois comme tel. Vous me paroiffez plus blanc que la neige, & Reg. s. 14. femblable à Naaman fortant du Jourdain. Au reste, je fuis obligé de vous en aimer doublement.

Voyant la dilection & la confiance que Dieu vous a donnée pour moi je vous regarde comme mon fils que je viens d'engendrer en Jesus-Chrift, ou plûtôt dans le cœur duquel Jefus-Chrift vient d'être formé par mon miniftere.

Quant à l'eftime, elle redouble à proportion de mon amour pour vous. De vafe d'ignominie je vous vois changé en un vafe d'honneur & de fanctificaPal. 76. 11 tion, par un changement de la droite du très-Haut. Notre-Seigneur ne changea pas le deffein qu'il avoit d'établir S. Pierre fur toute fon Eglife après fon pé

ché

ché, ayant plus d'égard à fes larmes qu'à la chute, à fa repentance qu'à fa faute.

Au furplus je ferois trop infenfible, fi je ne prenois ma part de la joie qui eft maintenant dans les Cieux parmi les Anges de Dieu, fur le changement Luc. 15. 10. & la purification de votre cher cœur. Croyez-moi, les larmes que j'ai vû couler de vos yeux ont fait en mon ame ce que fait l'eau des forgerons, qui embrafe plûtôt qu'elle n'éteint le feu de leurs fourneaux. O Dieu que j'aime votre cœur, qui aime maintenant Dieu tout de bon.

Ce Pénitent s'en alla fi fatisfait du Tribunal de la Pénitence, que depuis, à ce qu'il déclara à un de fes amis, il n'avoit point de délices plus agréables que de fe confeffer, jufqu'à importuner fes Confeffeurs par fes trop fréquentes confeflions. Son cher mot étoit: Lavez-moi, Seigneur, de plus en plus ; & appel- Psal 58. §8 loit le Bienheureux l'Ange de la pifcine probatique. Joan. §.

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CHAPITRE VI.

Marcher felon l'esprit de la Foi.

N me demande ce que notre Bienheureux entend quand il dit, qu'Il faut marcher devant Dieu felon l'efprit de la foi.

Je répons: Marcher ainfi, c'est se conduire, non felon les maximes qui nous font fuggerées par la chair & le fang, ou par la raifon humaine, mais felon celles qui nous font révelées par le Pere célefte. C'eft rechercher Jesus-Chrift à la façon des Mages, à la lumiere & à la clarté d'une étoile.

Mais marcher dans la foi vive, ce n'est pas feulement marcher en la lumiere de la foi, mais encore

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à la chaleur de la fainte charité, qui est l'ame & la

vie de la foi. C'eft marcher comme Abraham en lå Gen. 18. 1. ferveur du jour. Ce n'est pas feulement croire, mais faire.

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Ceux au contraire qui ne fuivent que le flambeau de la prudence de la chair & de la raifon humaine, reffemblent à ceux qui durant la nuit ne marchent qu'à la lueur de ces ardens, qui peu à peu les conduifent en des précipices. Exemple : La lumiere de prudence de la chair dicte qu'il faut haïr fes ennemis, celle de la foi nous enfeigne à les aimer. Cellelà dit, vange-toi : celle-ci, pardonne les offenses, comme tu veux que Dieu te pardonne. Celle-là dic qu'il faut amaffer des biens, que les riches font heureux, qu'il ne faut fe laiffer manquer de rien : cellePf. 143. 15. ci dit, non : mais bienheureux le peuple de qui le Matt. 5. Seigneur eft le Dieu. Bienheureux les pauvres d'ef Matt. 19. 21. prit. Va, vends tout ce que tu as & le donne aux

pauvres. Si vous avez des richeffes, n'y attachez Matt. 5. 40. point votre cœur. A qui te prend ton manteau, don1.Tim. 6. 10. ne encore ta robe. Le defir des richeffes eft la racine de tous les maux.

Celle-là dit que c'eft un affront infupportable de recevoir un foufflet: celle-ci nous dit de tendre l'autre joue, & tient à honneur & fe réjouit de fouffrir des affronts pour le nom de Jefus-Chrift. En un mot, le jour n'eft point plus oppofé à la nuit, & la lumiere aux ténebres, que les maximes de la foi à celles de la prudence mondaine.

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