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CeSamfon cueilloit le miel dans la gueule des lions, & trouvoit la paix dans la guerre. Comme les trois enfans il trouvoit les rofées dans les fournaifes, les rofes dans les épines, les perles dans la mer, l'huile dans le rocher, & la douceur dans l'amertume la plus amere. Les tempêtes le jettoient au port, il tiroit fon falut de fes ennemis, & rencontroit fon azile comme Jonas dans le ventre de la baleine.

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Voici comme il s'en exprime lui-même. »Depuis quelque-tems tout plein de traverses & de fecretes » contradictions qui font furvenues à ma tranquillité, me donnent une fi douce & fuave paix que rien plus, & me préfagent le prochain établiffe❤ment de mon ame en fon Dieu, ce qui eft fincere»ment, non feulement la grande,mais encore à mon » ame, l'unique ambition & paffion de mon cœur.

V

CHAPITRE XX.

De ceux qui defirent de mourir.

Ous me demandez s'il eft permis de fouhaiter la mort pour ne plus offenfer Dieu ! Je vous répondrai ce que j'ai autrefois entendu dire à notre Bienheureux fur ce fujet : il est toujours dangereux, difoit-il, de fouhaiter la mort, parce que ce defir ne fe rencontre ordinairement que dans ceux qui font arrivés à un haut dégré de perfection, ou dans des efprits mélancoliques, & non en ceux de moyenne taille, tels que nous pouvons être.

On allégue David, S. Paul & quelques autres Saints qui ont fait ce fouhait; mais il y auroit de la présomption de parler comme ces Saints, n'ayant pas leur fainteté, & penfer avoir leur fainteté feroit une vanité inexcufable.

Faire ce fouhait par trifteffe, dépit, & ennui de cette vie, eft une autre extrémité affez voifine du défelpoir.

Mais, dit-on, c'eft pour ne plus offenfer Dieu. Il faut que la haine du péché foit merveilleuse dans une ame pour lui faire faire ce fouhait, vû que les Saints ne l'ont fait que pour jouir de Dieu, & le glorifier davantage, & non afin de ne le plus offenfer. Et quoique l'on dife, je penfe qu'il eft bien malaisé de n'avoir que ce feul motif pour fouhaiter la mort : il y a quelqu'autre chofe qui déplaît dans la vie, & qui la fait trouver fâcheuse; après tout, ce n'est pas tant le defir de glorifier Dieu qui arrache ces paroles, fi ce n'eft du cœur, au moins de la bouche, que celui de ne le deshonorer pas, & de ne diminuer pas fa gloire extérieure par nos offenfes.

D'ailleurs que prétend une perfonne qui dit cela, eft-ce d'aller en Paradis? mais pour y aller, il ne fuffit pas de ne point pécher, il faut encore faire le bien, & le faire d'une maniere qui agrée à Dieu, & à quoi il ait promis cette récompenfe. Eft-ce d'aller en purgatoire ? Je m'affure que fi elles étoient fur le pas de la porte, elles fe retracteroient de leur fouhait, & demanderoient de revenir en cette vie, pour y faire une auftere pénitence, un fiecle entier, plûtôt que de demeurer peu de tems dans ces Ifai. 33. 14 feux dévorans, dans ces ardeurs effroyables.

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CHAPITRE PREMIER.

Le Bienheureux arrête une troifiéme plainte de M. de Belley.

J

fait.

E me plaignois un jour à notre Bienheureux de quelque grand & fignalé outrage qui m'avoit été

Il me répondit, à un autre que vous, je tâcherois d'apporter quelque lénitif de confolation ; mais votre rang, & le pur amour que je vous porte, me difpenferont de cette civilité. Je n'ai point d'huile à verfer fur votre playe, poffible que fi j'y compatif fois cela en redoubleroit l'inflammation. Je n'ai que du vinaigre & du fel à jetter deffus.

A la fin de votre plainte vous avez dit, il faut une prodigieufe patience & à l'épreuve, pour souffrir de tels affauts fans dire mot.

Certes, la vôtre n'est pas de trop forte trempe, puifque vous vous plaignez fi hautement.

Mais mon pere, lui dis-je, ce n'eft que dans votre fein, & à l'oreille de votre cœur: A qui aura recours un enfant, finon à fon bon pere,quand il est traversé?

O vrai enfant, me dit-il, jufqu'à quand aimerezvous l'enfance? Faut-il que le pere des autres, & celui à qui Dieu a donné le rang de pere en fon Eglife faffe l'enfant. Quand on eft petit, dit S. Paul, on peut parler comme tel; mais non quand on eft grand, le begayement qui eft agréable en un enfant à la mamelle, est malséant à celui qui n'est plus en

fant. Voulez-vous qu'au lieu de viande folide, je vous donne du lait & de la boüillie, & comme une nourice je foufle fur votre mal. N'avez-vous pas les dents affez fortes pour mâcher du pain, & du pain dur & de douleur.

Il fait beau vous voir plaindre à un pere terrestre, vous qui deviez dire à votre pere céleste, avec David, je me suis tu, & n'ai point ouvert la bouche, parce pfal. 38. 10. que c'est vous, ô Dieu, qui avez fait ce coup.

Mais ce n'eft pas Dieu, direz-vous, ce font les hommes, & une affemblée de mauvais.

Pfal. 63. 2.

Hé vous ne fçavez donc pas apperçevoir la volonté de Dieu,que l'on appelle de permiffion,qui fe fert de la malice des hommes, ou pour vous corriger, ou pour vous exercer à la vertu ! Job étoit plus habile; car il dit, Dieu m'avoit donné des biens, Dieu Ch. 2. v. 21. me les aôtés. Il ne dit pas, le diable & les larrons, il ne regarde que la main de Dieu qui fait toutes ces

chofes, par

tels inftrumens qu'il lui plaît.

Vous êtes bien éloigné de l'efprit de celui qui di- Pful. 22.41 foit que la verge & le bâton, dont Dieu le frap

poit lui apportoient de la confolation, & qu'il étoit Pfal. 37. 14i comme un homme fans fecours & abandonné, libre néanmoins entre les morts. Qu'il étoit comme un Pfal. 87.5. fourd & un muet, fans repartir aux injures qui lui étoient dites. Qu'il s'étoit tû & humilié, & qu'il Pfal. 38. 3avoit étouffé de bonnes paroles en fa bouche, qui euffent pû fervir à fa juftification, & défendre fon

innocence.

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Mais, monpere, me direz-vous, depuis quand êtes-vous devenu fi rigoureux, & avez-vous chan

gé votre douceur en cruauté; comme difoit Job à Job. 30. 218 Dieu ? où font vos anciennes compaflions?

Cerres, elles font aufli fraîches & auffi nouvelles que jamais: car Dieu fçair fi je vous aime, & fi

Pfal. 80. Si

je m'aime moi-même plus que vous : & le reproche que je vous fais, eft celui que je ferois à ma propre ame, fi elle avoit fait une telle échapée.

Vraiment c'eft figne que cet outrage ne vous plaît pas, puifque vous vous plaignez, car nous ne nous plaignons pas volontiers de ce volontiers de ce qui nous agrée, au contraire nous nous en réjouiffons, & fommes bienaifes qu'on nous en congratule, témoin la parabole de la brebis, & de la drachme retrouvées. N'en doutez pas, ce me dites-vous.

O homme de peu de foi & de petite patience! Hé! que deviendront donc nos maximes Evangeliques, de préfenter notre joiie aux foufflets, de donner notre tunique à qui ôte le manteau, la béatitude des perfécutés, la bénédiction de ceux qui nous maudiffent, la priere pour ceux qui nous perfécutent, l'amour cordial & fort des ennemis. Sontce là à votre avis des ornemens de cabinet, & non les fceaux de l'époux dont il veut que nous cachetions nos cœurs & nos bras, nos pensées &

nos œuvres.

Hé bien je vous pardonne par indulgence pour ufer des termes de l'Apôtre, mais à la charge que vous ferez plus courageux à l'avenir, & que vous ferrerez dans le coffre du filence de femblables faveurs quand Dieu vous les envoyera, fans laiffer prendre l'évent à ce parfum ; que vous en rendrez grace dans votre cœur au Pere célefte, qui daigne vous donner une petite parcelle de la croix de fon Fils.

Quoi vous prenez plaifir à en porter une d'or fur votre poitrine, & vous ne pouvez en endurer une petite fur votre cœur fans la faire fortir par la plainte. Et puis vous criez à la patience quand elle vous échappe, & voudriez volontiers que je

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