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garder l'équanimité néceffaire, d'où eft venu le proverbe, qu'en cent livres de procès il n'y a pas une once d'amitié.

Il vouloit auffi, quand on étoit malade, que l'on dît tout fimplement fon mal à ceux qui pouvoient y apporter remede; telle étant la volonté de Dieu, qui a créé la Médecine, & qui ordonne qu'on honore le Médecin.

Hors ces cas de juftice & de maladie, il eftimoit les plaintes non-feulement inutiles, mais pour l'ordinaire injuftes; étant extrêmement difficile que celui qui eft offenfé & fouffre du mal, ne paffe les bornes de la verité & de l'équité en faifant des plaintes. Car, foit que ces maux nous arrivent par des caufes innocentes ou coupables, il faut toujours regarder à la premiere, qui eft la volonté de Dieu, lequel fe fert des unes & des autres; de celles-là absolument, & de celles-ci par permiffion; ou pour nous corriger, ou pour nous faire croître en vertu ; de forte que les plaintes que nous faifons rejailliffent toujours en quelque maniere contre Dieu.

Plufieurs perfonnes qui ont affifté notre Bienheureux en plufieurs maladies, même en celle de fa mort, m'ont dit que jamais ils ne lui ont oui faire une feule plainte, difant tout fimplement fon mal comme il le fentoit, fans l'agrandir ni diminuer, s'abandonnant tout-à-fait aux ordonnances des Médecins, prenant fans contredit tout ce qu'on lui donnoit, non-feulement avec courage, mais avec quelque témoignage de joie.

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СНАР?

CHAPITRE II.

Saint ufage des offenfes reçûës.

L difoit que la moiffon des vertus étoit de fouf

I frir des affronts & des injures, parce que plufieurs vertus fe préfentoient en foule pour y prendre part . & s'y exercer.

1. La juftice; car qui eft celui qui ne péche pas, & par conféquent qui ne foit digne de correction. Etes-vous offenfé? confiderez combien de fois vous avez offenfé Dieu, & combien il eft jufte que les créatures vous en puniffent, comme inftrumens de La justice.

2. Si l'on nous accuse justement, il faut reconnoître fimplement fa faute, & en demander pardon à Dieu & aux hommes, & remercier celui qui nous la représente, quand bien même ce feroit de mauvaise grace, nous fouvenant que les médecines pour être défagréables ne laiffent pas d'avoir un effet falu

taire.

3. Si l'accufation eft fauffe, il faut paifiblement & fans émotion rendre témoignage à la vérité ; car nous devons cela à cette vertu & à l'édification du prochain, qui pourroit tirer fcandale de notre filence comme d'un aveu tacite.

4. Cela fait, fi l'on perfevere à nous accufer, il ne faut pas fe défendre davantage, mais faire place à la colere en pratiquant la patience, le filence &

la modestie.

5.La prudence y prend encore fa párt,d'autant que les outrages méprifés s'évanouiffent. Si vous vous y oppofez avec colere, il femble que vous les avoüiez. X

Hebr. 11. 33.

6. La difcretion vient enfuite de la prudence pour y exercer fon acte, qui eft la modération.

7. La force & la grandeur de courage, en fe furmontant foi-même.

8. La tempérance tenant en bride les paffions, de peur qu'elles n'échappent.

9. L'humilité, puifqu'elle a cela de propre, de nous faire non-feulement connoître, mais aimer notre abjection.

10. La foi même qui a, felon faint Paul, fermé la gueule des lions; & qui nous fait regarder JesusChrift auteur & confommateur de notre foi, chargé d'opprobres & d'ignominies, & au milieu de tout Pjal. 37. 15. cela devenu comme un fourd & un muet qui n'a aucune repartie.

11. L'efperance qui nous fait attendre une cou2. Cor. 4. 17. ronne qui ne flétrira jamais, pour ce léger moment de tribulation que nous endurons.

12. Enfin la charité qui eft patiente, douce, bé-1. Cor. 13. nigne & gracieufe, qui croit tout, qui efpere tout qui endure tout, qui fouffre tout.

O combien chéririons-nous les outrages & les affronts qui nous font faits, fi nous étions bien foigneux de notre falut ; & que ces occafions nous feroient précieuses, puifquelles nous fourniffent le moyen d'exercer en même-tems tant d'actions agréables à Dieu !

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Réponse du Bienheureux quand il apprenoit qu'on difoit du mal de lui.

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N venoit quelquefois dire à notre Bienheureux que quelques-uns médifoient de lui & en difoient des chofes étranges; car il n'eft point de foleil fi élevé qui n'ait un peu d'ombre, ni de vertu fi éminente qui ne foit fujette aux calomnies.

Et au lieu de s'excufer & de fe défendre, il difoit avec douceur ; ne difent ils que cela? Ho! vraiment ils ne fçavent pas tout. Ils me flattent, ils m'épar gnent, je vois bien qu'ils ont de moi plus de pitié que d'envie, & qu'ils me fouhaitent meilleur que je ne fuis. Hé bien, Dieu foit béni, il fe faut corriger, fi je ne mérite d'être repris en cela, je le mérite d'une autre façon, c'eft toujours miféricorde que je le fois fi bénignement.

Quand on prenoit fa défenfe & que l'on difoit que cela étoit faux. Hé bien, difoit-il, c'eft un avertiffement afin que je me garde de le rendre vrai. N'est-ce pas une grace que l'on me fait de m'avertir que je me détourne de cet écueil.

Quand il voyoit que l'on s'eftomaquoit contre les médifans. Hélas, difoit-il, vous ai-je paffé procuration de vous couroucer pour moi. Laiffez-les dire, ce n'eft qu'une croix de parole, une tribulation de vent, la mémoire en périt avec le fon. Il faut être bien délicat pour ne pouvoir fouffrir le bourdonnement d'une mouche. Qui nous a dit que nous foyons irrépréhensibles? Poffible voyent-ils mieux mes défauts que moi ni que ceux qui m'aiment. Nous ap

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Rom. 12. 19.

pellons fouvent des verités du nom de médisance, quand elles ne nous plaifent pas.

Quel tort nous fait-on, quand on a mauvaise opinion de nous ; ne la devons-nous pas avoir telle de nous-mêmes? Telles gens ne font pas nos adverfaires, mais nos partifans, puifqu'avec nous ils entreprennent la deftruction de notre amour propre. Pourquoi nous fâcher contre ceux qui viennent à notre aide contre un fi puiffant ennemi ?

C'est ainfi qu'il fe moquoit des calomnies & des outrages, eftimant que le filence ou la modeftie étoient capables d'y réfifter, fans employer la patience pour fi peu de chose.

V. Philot. part. 3. c. 5.

C

CHAPITRE IV.

De la patience dans les calomnies.

E mot du divin Apôtre lui plaifoit extrêmement, & il l'inculquoit fort fouvent, ne vous défendez pas, mes très-chers freres, mais donnez place à la colere. Les coups de canon s'amortiffent dans la laine, tandis qu'ils brifent tout ce qui leur résiste. Eccli. 6. 5. La parole douce éteint le couroux, comme l'eau éteint le feu. Rien n'appaise fi tôt un éléphant en furie comme la vûë d'un petit agneau ; & l'ours fuit devant un chat.

Matt. 5.4.

La poffeffion de la terre eft donnée par JefusChrift à ceux qui font doux, patiens & débonnaires, parce qu'ils fe rendent par leur douceur maîtres & poffeffeurs de tous les cœurs. Comme ceux qui font doux font ailément la volonté des autres, les autres auffi s'accommodent aifément à leurs volontés.

Son grand avis, dans les calomnies d'importance,

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