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Ephef. 5. 29 dit que nul ne hair fa propre chair; & cet amour, quand il eft réglé, n'eft point défagréable à Dieu, qui eft auteur de la nature, auffi bien que de la grace. Surnaturel, quand il regarde les biens de la grace & de la gloire, & cet amour eft autant au-deffus de l'autre, que les biens de la grace & de la gloire font au-deffus de ceux de la nature.

L'amour furnaturel de nous-mêmes peut être, ou d'efpérance ou de charité. Celui d'efpérance eft intereffé, car nous aimons Dieu par cet amour comme notre fouverain bien, non comme fouverain bien en lui même, & pour lui-même, qui eft l'amour de charité. Amour entierement definteressé, puifqu'alors nous aimons Dieu à caufe de lui-même & pour lui-même & nous en lui & pour lui, nous rapportant tout à fa gloire.

L'amour légitime de nous-mêmes, tant le naturel que celui d'efpérance, n'eft pas toujours rapporté à Dieu, mais certes il eft toujours rapportable; mais celui de la fainte charité n'eft pas feulement rapportable, mais il est toujours rapporté à Dieu, foit habituellement, foit virtuellement, foit actuellement. Theet.l.2.c.8. Le Sauveur, dit notre Bienheureux, qui nous a » racheté par fon fang, defire infiniment que nous » l'aimións, afin que nous foïons éternellement fauvés, & defire que nous foyons fauvés, afin que » nous l'aimions éternellement, fon amour tendant » à notre falut, & notre falut à son amour.

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Notre falut en fon total doit s'étendre, tant à la gloire que Dieu nous donnera au Ciel, qu'à celle que nous lui rendrons, felon la mesure de cette gloire. En quoi fe trompent ceux qui parlant du falut éternel, ne penfent qu'à leur intérêt; c'est-à-dire, à la gloire que Dieu leur donnera au Ciel, & nullement à celle qu'ils rendront à Dieu, quoique celleci foit la principale, & la fin derniere & fouveraine,

pour laquelle Dieu a fait le Paradis ; l'autre n'étant que la fin prochaine & moins principale, & comme un moyen pour arriver à l'autre ; car nul ne glorifie Dieu au Ciel, que celui que Dieu y glorifie, pour en être glorifié.

V

CHAPITRE IV.

La mefure de l'amour de Dieu.

Ous me demandez quelle eft la mesure de
l'amour de Dieu ?

Je vous réponds avec S. Bernard, que fa mesure eft z. De diligen de n'en point avoir, parce que fon objet étant infini, do Deo. c. 1. il ne peut avoir de bornes.

Notre Bienheureux appelloit lâches & pareffleux, ces efprits qui mettoient des limites à leur amour, & qui fe renfermoient dans certains devoirs, audelà defquels ils ne vouloient point s'étendre, comme s'ils vouloient renfermer l'efprit de Dieu dans leurs

mains.

Dieu étant plus grand que notre cœur,quelle entre- Joan. 3. 20. prife que celle de vouloir le refferrer dans une fi petite circonference! Si l'amour de Jefus Chrift a été excef- Joan. 13. 1. fif, quelle honte pour nous de vouloir contenir le nôtre dans la médiocrité! Si la mer & l'enfer ne difent jamais, c'eft affez; que doit dire le faint amour, dont les flammes font dites au cantique plus arden-, tes que celles de l'enfer.

Notre Bienheureux dit à ce fujet une remarquable fentence. De demeurer, dit-il, dans un état de « confiftance longuement, il eft impoffible; qui ne « gagne, perd en ce trafic ; qui ne monte, defcend « en cette échelle; qui n'eft vainqueur, eft vaincu «

Cap. 8. v. 6.

:

Monachos. S

» en ce combat ;nous vivons entre les batailles que
» nos ennemis nous livrent; fi nous ne réfistons,
» nous périffons; & nous ne pouvons réfifter fans
» furmonter, ni furmonter fans victoire; victoire
» fuivie de triomphe & de couronne.

دو

Epift. 341.ad S. Bernard confirme ce fentiment en difant, que ne Bertini, n. 2. pas avancer c'eft reculer, parce que nous ramons fans ceffe fur une mer orageufe, où font entraînés, par le courant des eaux, tous ceux qui ceffent de ramer.

Ed, Ben.

1. Pet. 2, 25.
Ø 5.4.
Act. 1. La

Matt. 23. 3.

بریم

CHAPITRE V.

Faire & dire.

E Fils de Dieu modele de toute perfection, le Prince des Pafteurs, & l'Evêque de nos ames, a commencé à faire, puis à enseigner, & il a été trente années à faire, & n'a été que trois années à enfeigner, nous montrant par fon exemple qu'il faut faire avant que dire.

Auffi blâme-t-il les Docteurs de fon tems qui difoient & ne faifoient pas, impofant aux autres des fardeaux infupportables, qu'ils n'auroient voulu toucher du bout du doigt.

par

pas

Non pas qu'il veuille que l'on juge de la doctrine la vie & les mœurs de celui qui enfeigne, mais pour montrer combien elle eft plus efficace pour perfuader, quand elle eft appuyée fut la bonne vie de celui qui la débite; autrement comment penfet-il perfuader aux autres, ce dont lui-même n'eft point perfuadé ?

C'est reffembler à ces trompettes qui fonnent la charge où ils ne vont pas ; à l'efcalier qui conduit à l'appartement où il ne monte pas ; à ces pôteaux des grands chemins qui enfeignent où il faut aller & qui ne bougent pas.

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Si

CHAPITRE VI.

De la mortification, & de l'oraifon.

ON fentiment étoit que la mortification fans L'oraifon étoit un corps l'oraifon étoit un corps fans ame, & l'oraifon fans mortification une ame fans corps. Il ne vouloit pas que ces deux chofes fuffent féparées, mais que comme Marthe & Marie fans fe quereller, elles fuffent de bon accord au fervice de Notre-Seigneur. Il les comparoit aux deux baffinets de la balance, dont l'un s'abaiffe quand l'autre s'éléve. Pour élever l'efprit par l'oraison, il faut abattre le corps par la mortification, autrement la chair déprimera l'ef prit, & l'empêchera de s'élever à Dieu.

Le lys & la rofe de l'oraifon & de la contempla tion, ne fe confervent & nourriffent bien que parmi les épines des mortifications. On ne va à la colfine de l'encens, fymbole de l'oraifon, que par la montagne de la myrrhe de la mortification. L'encens même qui repréfente l'oraifon, n'exhale fon odeur que lorsqu'il eft brûlé; ni l'oraifon ne peut monter au Ciel en odeur de fuavité, fi elle ne fort d'une perfonne mortifiée.

Lorfque nous fommes morts à nous-mêmes, & à nos paffions, c'eft alors que nous vivons à Dieu, & qu'il nous repaît en l'oraifon du pain de vie & d'intelligence, & de la manne de fes infpirations.

Notre Bienheureux difoit fur ce fujet un mot bien remarquable. Il faut vivre en ce monde, difoit-il, comme fi nous avions l'efprit au Ciel, & « le corps au tombeau. La premiere partie de cette « fentence eft appuyée fur ces paroles: » Que votre converfation foit dans les Cieux; & la feconde fur cel- Philip. 3. 19.

Pfal. 87.6. le-ci: Il faut vivre comme ces bleffés qui dorment dans Pfal. 142. 3. les fepulchres, & dont on ne fe fouvient plus ; & être dans les obfcurités entre les morts du fiécle.

„V

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Ous me demandez comment s'entendent ces paroles de notre Bienheureux :Que rare»ment pouvons-nous dire un menfonge, pour petit qu'il foit, fans nuire au prochain.

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Le mot de rarement décide la difficulté ; néanmoins on peut dire que tout menfonge, quelque leger qu'il paroiffe, fait toujours du mal, foit à nous, foit à autrui, toujours bleffe-t-il la vérité & la droiture du cœur ; & tout homme qui ment, ne fut-ce que par récréation, témoigne qu'il a le cœur double, Pfal. 11. 3. & qu'il parle en un cœur & en un cœur ; & tout le monde fçait que le Seigneur perdra les lèvres trompeuProv. 12. 22. fes,& qu'il aen abomination ceux qui parlent avec duplicité, Que votre parole foit donc fimple, ronde, naïve, véritable, fi vous voulez être enfans de celui qui eft pere de vérité, & la vérité même par effence.

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Theot, 1.4.

I

CHAPITRE VIII.

Des jugemens inconfiderés.

L avoit peine à fupporter que l'on taxât une perfonne d'être mauvaife, pour une action repréhenfible qu'elle auroit faite : parce que, difoit-il, » les habitudes vertueufes ne périffent pas par un feul acte contraire, car on ne peut pas dire qu'un

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