ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

homme foit intempérant pour un feul acte d'in- tempérance, & ainfi des autres ".

Quand donc il voyoit que pour un péché on accufoit quelqu'un d'en avoir le vice, il relevoit doucement cette accufation, & difoit qu'il y avoit bien de la différence entre vice & péché ; que celui-là difoit l'habitude, & celui-ci l'acte ; & que tout ainfi qu'une hirondelle ne faifoit pas le Printems, aussi un feul acte de péché ne rendoit pas une personne vicieuse, c'est-à-dire, habituée au vice dont elle avoit commis l'acte.

Mais, lui difoit-on, il ne faudra pas non plus juger, fi une perfonne eft en grace & a la charité, quelque faint qu'il paroiffe dans les actions de fa vie.

:

Il répondoit que fi la foi, felon S. Jacques, fe fait Cap. 2. connoître par les œuvres, beaucoup plus la charité, qui eft une vertu bien plus active; les œuvres étant afon égard comme des étincelles qui marquent qu'il y a du feu en quelqu'endroit, & quoique voyant commettre un péché manifeftement mortel, nous puiffions dire que celui qui l'a commis a perdu la grace que fçavons-nous fi un moment après Dieu ne lui a point touché le cœur, s'il ne s'eft point converti de fa mauvaise voie par un acte de contrition. C'est pourquoi il ne faut jamais juger en mal d'autrui qu'avec crainte ; mais pour en juger en bien, nous avons toute liberté, parce que la charité croit & efpere tout bien du prochain, & n'en pense point 1. Cor. 13. 7. mal; fe réjouit de la verité & de la bonté, mais non pas de l'iniquité.

:

I

[blocks in formation]

Le point effentiel de la Charité.

L le faifoit confifter dans la préférence de Dien, & de fa volonté à toutes choses.

La plus forte preuve que nous preuve que nous puiffions avoir fi nous fommes en état de grace, eft fi nous n'avons aucune volonté contraire à celle de Dieu; car fi nous en avons quelqu'une, fans doute nous préferons quelchofe à Dieu, & alors nous n'avons plus la charité, qui ceffe d'être fi-tôt qu'elle ceffe de régner.

que

Non-feulement nous devons préferer Dieu à touteschofes, mais encore nous ne devons rien aimer à Z. 10. Conf. l'égal de Dieu. Celui-là, dit S. Auguftin, aime Dieu 6. 29. 7. 4. moins qu'il ne doit, qui aime quelque chofe avec lui, qu'il n'aime pas pour l'amour de lui, c'est-à-dire, avec rapport & fubordination à l'amour de Dieu. Je ne dis pas que l'on ne puiffe aimer plufieurs chofes avec Dieu, puifqu'il nous eft commandé de nous aimer nous-mêmes, & notre prochain comme nousmêmes mais d'aimer quelque chofe, ou plus que Dieu ou à l'égal de Dieu, c'est ce qui eft incompatible avec la charité; laquelle fait que dans un cœur qu'elle poffede, toutes les créatures font devant le Créateur comme les étoiles devant le Soleil.

:

[blocks in formation]

N en diftingue de quatre fortes dans la Théologie, de vivantes, de mortes, de mortifiées,

& de vivifiées.

Les œuvres vivantes font celles qui ont le principe de vie, & de vie éternelle, c'est-à-dire la grace, & qui font faites en charité, & par le motif de la

charité.

Les œuvres mortes font celles qui n'ont point ce principe, & qui font faites en état de péché mortel; c'est-à-dire, qui n'ont ni le fondement, ni la racine de la charité, & quoiqu'elles foient bonnes en foi d'une bonté morale & naturelle, néanmoins, comme le dit S. Gregoire, ce rameau de la bonne œuvre ne peut avoir aucune verdeur, ni porter aucun bon fruit devant Dieu, s'il n'eft attaché à la racine de la charité.

11. ch. 12.

Les œuvres mortifiées font celles qui ont été faites Theotime. en état de grace, & qui ont eu la racine de vie, mais le péché mortel furvenant les dépouilles de toute verdeur & vigueur, comme font les plantes en hyver, lefquellès, s'il duroit toujours, mourroient enfin fans reffource. Mais le foleil du Printems rapportant une nouvelle chaleur à la terre, leur fait pouffer des fleurs, des feuilles & des fruits, & femble, par une espece de réfurrection les appeller à

une nouvelle vie.

Et ce font les œuvres qu'on appelle vivifiées, c'està-dire, renouvellées & rappellées de la mort à la vie. Ce qui arrive lorfque l'on fort du péché mortel pour rentrer en grace. Alors toutes les oeuvres faintes qui avoient été mortifiées par le péché, revivent & reprennent leur ancienne verdeur & vigueur.

:

Theot. l.s.

3.

[merged small][ocr errors][merged small]

CHAPITRE

L

PREMIE R.

De l'amour de complaisance.

A vraie complaifance en Dieu doit être enracinée & fondée en la charité, & proceder du vrai motif de la charité qui est un motif défintereffé, & qui fe peut rapporter tout à Dieu & à fa gloire, pour être telle que Dieu la defire, & fi nous voulons qu'il prenne fes délices en nous, c'est à nous de prendre nos fouveraines délices à penfer que Dieu eft Dieu, & que fa bonté eft une bonté fouverainement infinie.

دو

[ocr errors]

Voici comme notre Bienheureux s'en explique: » L'ame qui eft en l'exercice de l'amour de complaifance, crie perpétuellement en fon facré filence, il me fuffit que Dieu foit Dieu, que fa bonté foit infinie, que fa perfection foit immense; que je » meure, ou que je vive, il importe peu pour moi, puifque mon cher bien-aimé vit éternellement » d'une vie toute triomphante. La mort même ne » peut attrifter le coeur qui fçait que fon fouverain. » amour eft vivant. C'eft affez pour l'ame qui aime, » que celui qu'elle aime plus que foi-même, foit » comblé de biens éternels, puifqu'elle vit plus en » celui qu'elle aime, qu'en celui qu'elle anime, ou plûtôt qu'elle ne vit pas elle-même, mais fon bien

39

"

» aimé en elle.

La vraie complaifance en Dieu eft donc de fe plaire en Dieu pour Dieu, de prendre plaifir au plaifir de Dieu, fans penfer fi cela nous plaît, mais s'il eft agréable à Dieu. Ainfi nous uniffons notre plaifir au plaifir de Dieu, & en cette façon fe forme la complaifance amoureufe que nous avons au bien de Dieu pour Dieu même.

CHAPITRE II.

De l'amour de bienveillance.

L faut diftinguer en Dieu deux fortes de biens, l'un interieur, l'autre exterieur. Le premier eft lui-même, car fa bonté n'est point diftinguée de fon effence, non plus que fes autres perfections. Or ce bien étant infini, ne peut être ni augmenté par nos fervices & nos honneurs, ni diminué par nos péchés & nos révoltes. Le fecond, quoiqu'il foit à lui n'eft pourtant pas dans lui, mais dans fes créatures, comme les finances du Roi font bien à lui, mais dans les coffres de fes tréforiers. Ce bien exterieur font les honneurs, les obéiffances, les fervices & les hommages que lui doivent & que lui rendent les créatures, lefquelles font toutes destinées à sa gloire comme à la fin derniere de leur création, & ce bien nous pouvons avec fa grace le vouloir & le donner à Dieu, & en augmenter la gloire exterieure, laquelle nous pouvons auffi diminuer par nos péchés.

A l'égard de ce bien exterieur, nous pouvons exercer envers Dieu l'amour de bienveillance, faifant pour accroître fon honneur, toutes les bonnes ceuvres que nous pouvons, avec cette intention de

[ocr errors]
« ÀÌÀü°è¼Ó »