페이지 이미지
PDF
ePub

le bénir, glorifier & exalter par toutes nos actions, nous abstenant pareillement de toutes les fautes qui pourroient ternir cette gloire.

L'amour de bienveillance envers Dieu ne s'arrête pas là; mais parce que la charité nous oblige d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, nous faifons tout ce que nous pouvons pour le provoquer à fervir cette divine gloire, nous l'excitons à faire toute forte de bien pour glorifier Dieu, à Pfal. 33. 4. l'exemple du Prophete, qui difoit, venez, glorifiez le Seigneur avec moi, & exaltons ensemble fon S. Nom.

Cette même ardeur nous pouffe auffi, & nous preffe, dit S. Paul, de nous oppofer au mal que le prochain pourroit commettre contre Dieu, & à arrêter les péchés par lefquels la divine bonté eft offenfée, & c'eft proprement ce qu'on appelle zele; Pfal. 128. v. zele qui faifoit fécher le Prophete, voyant que les pécheurs mettoient Dieu en oubli.

139.

c. 9.

On me demande fi cet amour de bienveillance ne pourroit point encore s'exercer envers Dieu, quant au bien interieur & infini qu'il poffede, qui est lui

même.

[ Theot. l. s. Je répons avec notre Bienheureux, que nous pouvons vouloir ce bien en nous réjoüiffant de ce qu'il l'a, & de ce qu'il eft ce qu'il est. On peut encore quelquefois, dans des mouvemens extraordinaires & des excès d'amour, lui fouhaiter ce même bien par des defirs imaginaires de chofes impoffibles, tel qu'étoit celui que l'on attribuë à S. Augustin, & rapporté par notre Bienheureux en ces termes: Hé! Seigneur, je fuis Auguftin, & vous êtes » Dieu; mais fi toutefois, ce qui n'eft pas & ne peut » être, étoit, que je fuffe Dieu & que vous fuffiez » Augustin, je voudrois en changeant de qualité

[ocr errors]

avec vous, devenir Auguftin, afin que vous fuffiez

Dieu.

[ocr errors]

Nous pouvons encore lui vouloir ce même bien en nous réjouiffant de ce que même par fouhait nous ne fçaurions rien ajouter à l'incompréhenfible infinité, & infinie incompréhenfibilité de fa grandeur & de fa perfection. O Saint, Saint, Saint, Seigneur Dieu des armées, le Ciel & la Terre font pleins de votre gloire. Louange à Dieu au plus haut des Cieux.

2

[blocks in formation]

De l'apétit avec fatieté.

OMMENT dites-vous, s'entend ce que dit

[ocr errors]

CS. Pierre, que les Anges defirent de voir Jefus- 1. Epift.c. 1,

Chrift: le defir étant d'une chofe abfente, comment v. 12. peuvent-ils defirer ce qu'ils poffedent ?

Ce fera notre Bienheureux qui vous répondra, & non pas moi. Les Bienheureux, dit-il, en leur « fouveraine complaifance affouviffent tellement «< leurs ames de contentemens, qu'ils ne laiffent pas cc de defirer de l'affouvir encore, & favourant la di- « vine bonté, ils la veulent encore favourer; en fe « raffafiant ils veulent manger, & en mangeant ils « veulent fe raffafier «.

Et en expliquant le paffage même que vous propofez; voici comme il parle : Le chef des Apôtres « ayant dit en fa premiere Epître que les Anges mê- « mes defirent regarder le divin Sauveur ; comment « cela fe peut-il entendre ? Ils le voyent certes tou- « jours, mais d'une vûë fi agréable & fi délicieuse, " que la complaifance qu'ils en ont les affouvit fans a leur ôter le defir, les fait defirer fans leur ôter l'af

C.

Theot. I. s.

3.

[ocr errors][merged small]

fouviffement. La joüiffance n'eft pas diminuée par » le defir, au contraire en eft perfectionnée, com» me leur defir n'eft pas étouffé, étouffé, mais affiné par la joüiffance.

"

[ocr errors]

Vous ne vous rendez pas encore, & vous demandez comment deux chofes fi oppofées, la fatieté & l'appétit, peuvent compâtir en un même sujet ?

Certes, c'eft une des merveilles de la grace & de la gloire, & qui eft au-deffus de la nature. De cela le Sauveur nous en affure, quand il dit que ceux qui mangeront de fes faveurs en auront, non-feulement encore appétit, mais faim. L'abeille détrempe & délaye fon miel avec fon aiguillon, & la grace qui eft comparée au rayon de miel en l'Ecriture, laiffe toujours l'agréable pointe du defir dans le raffafiement de fa joüiffance.

Cela eft bon, dites-vous, en l'état de grace, qui en cette vie peut toujours être accrue; mais en la gloire, où la grace eft confommée, elle ne peut être augmentée, & partant ce defir femble incompatible avec la plénitude des fatisfactions des Bienheureux.

Notre Bienheureux va vous répondre lui-même. La joüiffance, dit-il, d'un bien qui contente tou»jours ne flétrit jamais; au contraire il fe renouvelle » & fleurit fans ceffe. Elle est toujours aimable, tou» jours deûrable. Le continuel contentement des

Bienheureux produit un defir perpétuellement » content, comme leur continuel defir fait naître en >> eux un contentement perpétuellement defiré. Le » bien qui eft fini termine le defir quand il donne la joüiffance, & ôte la joüiffance quand il donne le » defir, ne pouvant être poffedé & defiré tout en» femble: mais le bien infini fait regner le defir dans » la poffeffion, & la poffeffion dans le defir, ayant de

[ocr errors]

quoi

[ocr errors]

quoi affouvir le defir par fa fainte préfence, & de quoi le faire toujours vivre par la grandeur de fon » excellence, laquelle nourrit en tous ceux qui la poffedent un defir toujours content, & un con»tentement toujours defireux.

[ocr errors]
[ocr errors]

O excellence de l'éternelle félicité, ô Seigneur rfal 83. Dieu des vertus, que vos pavillons font aimables, un jour vaut mieux dans vos tabernacles que mille autres ailleurs! Que bienheureux font ceux qui les habitent, ils vous loüeront dans les fiécles des fiécles, c'est-à-dire fans fin! Plus ils loüent Dieu, plus ils veulent le louer, & plus ils poffedent ce qu'ils défirent, plus ils defirent de le poffeder; & plus ils adorent ce qu'ils aiment, plus ils aiment à l'adorer; plus ils voyent ce qui les ravit, plus ils font ravis de le voir.

CHAPITRE IV.

Des difputes en matiere de Religion.

Lfort à contre-cœur, principalement quand on Es difputes en matiere de Religion lui étoient les entamoit à table, ou à la fortie du repas, difant que ce n'étoient pas des matieres de bouteille. Je lui dis un jour fur ce mot, que fi l'on caffoit ces bouteilles, c'étoit pour en faire fortir les lampes de la vérité, qui font toutes de feu & de flammes: oui certes, reprit-il auffi-tôt, de feu & de flammes de colere & d'altercation, qui n'ont que de la fumée, & de la noirceur, & fort peu de lumiere.

Sur tout il défaprouvoit que l'on traitât des controverfes en la prédication, qui eft plûtôt établie pour édifier que pour démolir, & pour régler les mœurs, que pour décider les contefta

Z

tions, que font fur la foi, ceux qui font hors da fein de l'Eglife.

Mais dira-t-on, c'eft pour affermir les Catholiques en leur créance, que l'on détruit devant eux celle de leurs adverfaires.

Spécieuse raifon, mais que l'expérience fait connoître peu efficace, parce que outre les épines de tant de difficultés qui fe rencontrent en ces fâcheufes conteftations, l'efprit humain par la corruption de la nature à tant de propenfion vers le mal, qu'il s'arrête plûtôt dans l'objection, que dans la folution, & ainfi prend le ferpent pour le pain.

Sa méthode étoit tant en prêchant, qu'en fes conférences particulieres avec les Proteftans, d'expliquer, avec cette clarté & facilité qui lui étoit fi particuliere, les fimples & nuës vérités de la foi; difant que la vérité en fa fimplicité toute naïve, avoit des graces & des attraits capables de se faire aimer par les ames les plus rebelles.

Ce procédé lui réuffiffoit fi admirablement, que pourvû qu'il pût obtenir d'un Proteftant une audience tranquille & paifible, non-feulement il lui faifoit tomber les armes des mains, & lui enlevoit Les objections, avant qu'il les eût faites, mais s'il ne le gagnoit fur le champ, il le bleffoit fi avant, bien-tôt il revenoit, pour chercher le remédé, & la guérifon en la main qui l'avoit fi heureusement bleffé.

que

« 이전계속 »