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beatitudes de la faim de la justice, & de la perfécution pour la juftice.

5. Redouble-t-on la calomnie; voici la constance qui eft une patience redoublée, & qui résiste aux maux les plus violens.

6. La calomnie pour tout cela ne ceffe point; voici la longanimité, qui eft une patience de longue

durée.

7. A la longanimité fuccede la perfevérance, qui va jufqu'au bout de la carriere & qui remporte la

Couronne.

S. La prudence, la douceur, la modestie en paroles, veulent auffi chacune y représenter leur perfonnage; mais fur-tout la maîtreffe du chœur des vertus, leur reine, leur vie, leur ame, la très-fainte charité, puifque fans elle tout ce monceau de vertus ne feroit qu'un tas de pierre. C'eft elle qui jette des Rom. 12. 20. charbons ardens au vifage de ceux qui nous calomnient, qui nous fait bénir ceux qui nous maudiffent, Luc. 6. 28. & prier pour ceux qui nous perfécutent. C'est elle qui fouvent leur change de telle forte le courage, qu'elle les rend de perfécureurs nos protecteurs, & de calomniateurs nos panégyriftes.

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form. cap. I.

LE
E Concile de Trente dit que cette charge eft re- Seff. 6. de re-
doutable aux épaules des Anges mêmes, & faints. Greg.
Gregoire appelle le gouvernement des amnes, l'art des

arts.

Un Pafteur fe plaignant un jour à notre Bienheureux des épines de fa vocation; des follicitudes qui en font inféparables; mais principalement

Paftoralis cu

ra part. I. cap. I.

de l'indocilité des peuples & de leur tête dure:

Il répondit que leur dureté ne devoit pas tant être confiderée que la délicateffe de plufieurs Pasteurs, qui fe rebutent fouvent & tombent en impatience, quand ils voient que la femence de leurs remontrances & de leurs travaux ne fait pas le rapport & n'a pas le fuccès qu'ils defireroient.

Le laboureur n'est pas blâmé pour ne pas faire une abondante recolte, mais s'il ne cultive pas bien fon champ & n'y fait pas toutes les façons néceffaires.

que

Le découragement en cette occafion est une marde grand amour propre, & d'un zele & d'un zele accompagné de peu de fcience. La bonne leçon pour les Pafteurs, eft celle que l'Apôtre fait à tous en la perfon2. Epift.4.2. ne de Timothée: Faites inftance, prêchez à tems & à contre-tems, reprenez, suppliez, reprochez en toute parience & doctrine; où vous voyez que le mot de patience eft la clef de tout ce fecret. C'est avec cette Luc. 21. 19. vertu que nous poffedons nos ames en paix.

Il ajouta ce beau mot de S. Bernard : Onus animarum non validarum eft, fed infirmarum. La charge n'eft pas de celles qui font fortes, mais de celles qui font foibles,& l'expliqua par ces deux comparaifons.

Les plumes chargent à la vérité les oiseaux, & néanmoins fans cette charge ils ne pourroient pas s'élever dans les airs. La charge des ames faintes & vertueufes eft un faix de cinnamone, qui foulage par fa fuavité celui qui le porte, & ces ames-là fervent aux Pasteurs à les faire voler vers le Ciel & courir en la voie des Commandemens de Dieu.

L'autre comparaison. Voyez vous, disoit-il, un Berger qui conduit un troupeau de cent brebis, fi quelqu'une fe rompt la jambe, il la charge fur fes épaules pour la rapporter au bercail, & celle-là feule

lui

lui pefe plus que toutes les autres qui marchent bien les ames qui vont d'elles-mêmes au bien, exercent peu le foin & la vigilance des Pasteurs, ce font les défectueufe s & difficiles à gouverner.

CHAPITRE XVI.

Afpirer & refpirer.

OTRE Bienheureux difoit que par

le recueil

V. Phil. part.

Nlement intérieur on fe retiroit en Dieu, ou a...

l'on attiroit Dieu en foi.

Mais quand & en quel lieu peut-on y avoir recour? En tout tems & en tout lieu. Il n'y a ni repas, ni compagnie, ni emploi, ni occupation, qui puiffe l'empêcher, comme auffi il n'empêche ni ne traverse aucune action; au contraire c'est un fel qui affaifonne toute forte de viande, ou plûtôt un fucre qui ne gâte aucune fauce.

Cela ne confifte qu'en regards intérieurs de foi & de Dieu, de foi en Dieu, de Dieu en foi; & plus ce recueillement eft fimple, meilleur il est.

Quant aux afpirations, ce font auffi de courts mais vifs élans en Dieu; & plus une aspiration eft vehemente & amoureuse, meilleure elle est.

Tous ces élans ou afpirations font d'autant meilleurs qu'ils font plus courts. Celui de S. Bruno me Temble excellent à caufe de fa brieveté: ô bonté ! celui de S. François : mon Dieu, mon tout ! de S. Auguftinô aimer, ô mourir à foi, ô arriver à Dieu !

Ces deux exercices fe tiennent & fe fuivent comme le refpirer & l'afpirer. Et de même qu'en refpirant nous attirons l'air frais de dehors en notre poitrine, & en afpirant nous repouffons le chaud; ainfi en refpirant par le recueillement nous attirons

Dd

Entret. 9.

Dieu en nous, & en afpirant nous nous jettons entre les bras de fa bonté. Heureufe l'ame qui refpire & afpire de la forte, car ainfi elle demeure en Dieu & Dieu en elle.

I

CHAPITRE XVII.

Des réfolutions en l'oraifon.

Ly a des ames qui fe découragent en l'oraison, & vont jufqu'à en quitter l'exercice, non parce qu'elles y rencontrent des difficultés, mais parce que, difent-elles, elles font infidelles aux refolutions qu'elles y prennent, & craignent de fe rendre plus coupables, que fi elles n'en prenoient point

du tout.

Notre Bienheureux regardoit cela comme un trèsdangereux ftratagême de l'ennemi. L'on attend bien, difoit-il, une année entiere pour recueillir un épi de bled fortant d'un grain que l'on a jetté en terre, & plufieurs années pour manger des pommes provenant d'un pepin que l'on aura femé.

Il ne faut jamais abandonner l'exercice de l'oraifon, que pour vacquer à des œuvres plus importantes, & encore faut-il en réparer le manquement de fréquentes afpirations.

par

Et dans cet exercice il ne faut jamais ceffer de faire des réfolutions, car elles font tout le fruit de l'oraifon. Et quoique l'on n'exécute pas fitôt ces réfolutions-là, & qu'aux premieres occafions qui fe préfentent de les mettre en pratique, on faigne du nez, & on regarde en arriere, néanmoins ces femences nelaiffent point de prendre racine en notre cœur, & de pouffer des fruits en une autre faifon, lors même que nous nous fouvenons le moins de les avoir faites.

Et quand par ces réfolutions nous ne ferions autre chofe que de nous exercer à la vaillance fpirituelle, encore ces bonnes volontés ne laifferoient pas d'être agréables à Dieu, qui entend nos pensées de Pfal. 138. 34 loin, & découvre nos routes & nos fentiers: quand nous ne ferions que comme ces écoliers qui apprennent dans les académies à monter à cheval, & à faire des armes, encore feroit-ce quelque chofe ; & tel fuit aujourd'hui, comme difoit cet ancien, qui combattra courageufement dans une autre occafion.

Il ne faut donc jamais perdre courage, mais dire avec le Prophete: Je me confie au Seigneur pourquoi Pfal. 10. ■ dites-vous à mon ame qu'elle s'enfuye au defert comme

Le paffereau. O mon ame pourquoi vous attriftez-vous, & Pf. 42, 2156 pourquoi me troublez-vous; efperez en Dieu. Ouy, nous le loüerons & fervirons encore quelque jour, il est mon falut & ma force, & mon vrai Dieu.

CHAPITRE XVIII.

La défiance de nous-mêmes ne doit jamais nous quitter pendant la vie.

Ni

Ous n'avons de nous-mêmes que malice & infirmité ; & à l'égard du vrai bien qui est surnaturel, & qui tend à l'éternité, nous fommes inca- . Cor. 3. 5. ́pables, de nous comme de nous, d'avoir aucune bonne

penfée, toute notre fuffifance venant de Dieu, de qui Jacob. t. 7. procéde tout préfent très bon, & tout don parfait ; c'est pourquoi nous avons grand fujet de vivre dans une continuelle défiance de nous-mêmes.

Notre Bienheureux enfuite de la doctrine de fon cher livre le Combat fpirituel, tenoit cette défiance pour la bafe de l'édifice de la perfection interieure. C'eft une maxime reçûe dans le monde, que

la

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