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non-feulement de Province, mais de nation.

Sur ce fujet il me dit qu'il eût fouhaité en ce Religieux moins de nudité corporelle & plus de fpirituelle, moins d'aufterité exterieure & plus de mortification interieure. Et parlant d'un Inftitut où l'on s'applique beaucoup à la fcience, & dont il fait parade: Je lui fouhaiterois, difoit-il, un peu moins de la fcience qui enfle, & un peu plus de la charité qui édifie : un peu moins de fuffifance, & un peu plus d'humilité.

Mot, qui me fait fouvenir d'un autre de M. le Cardinal de Berulle, qui parlant d'un Docteur fort profond Théologien, mais peu agile & peu habile in agibilibus ; je lui defirerois, difoit-il, un peu moins de Théologie & un peu plus de fens commun, il n'en mériteroit pas moins le titre de fapientiffimus.

CHAPITRE XXII.
Des aridités fpirituelles.

'EST le propre des enfans d'aimer le fucre & les

C dragées, & ils n'ont pas affez de jugement pour

connoître que ces douceurs leur font nuifibles & leur engendrent des vers. C'eft auffi le fait des efprits peu fermes en la piété, de ne faire de progrès en la vertu qu'à mesure que Dieu leur fait pleuvoir la mane des confolations interieures. L'aridité fe fait-elle fentir, les voilà languiffantes, lâches & pefantes à elles-mêmes & à autrui : leurs penfées les inquiétent & tourmentent leur cœur ; en un mot, ils font comme les enfans d'Ephrem, qui faifoient merveille à Pfal. 77. 9. tirer au blanc, mais qui prenoient la fuite quand ils voyoient l'ennemi.

Xatret. 7.

» Il ne faut pas faire ainfi, dit notre Bienheureux; » au contraire, plus Dieu nous prive de confolation, » & plus nous devons travailler pour lui témoigner » notre fidelité. Un feul acte fait avec féchereffe d'efprit, vaut mieux que plufieurs faits avec une grande tendreffe, parce qu'il fe fait avec un amour plus fort, quoiqu'il ne foit pas fi tendre ni fi agréable.

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Un vaillant foldat va de fang froid dans les périls & dans les hazards, mais le commun ni va que lorf qu'il eft pouffé. On eft contraint pour l'y faire aller, d'ufer du bruit des tambours & des trompettes.

Celui qui eft vaillant dans les chofes de l'efprit, ne s'abbat point dans les féchereffes & aridités; c'est alors qu'il redouble fa conftance. Il n'y a que les lâNum. 13. ches & timides efpions d'Ifraël, qui s'effraient à la vûë des habitans de la terre promife. Qui fert Dieu pour des confolations, aime mieux les confolations de Dieu, que le Dieu des confolations, & qui fuit la Croix n'eft pas digne de la fuivre, ni d'être Difciple d'un tel Maître.

CHAPITRE

CE

XXIII.

De la modeftie au coucher.

'EST une action à laquelle peu de perfonnes prennent garde, n'y obfervant aucune regle de circonfpection & de bienséance.

Nous devons nous coucher décemment, & penfer que l'œil de Dieu, qui ne dort point, nous voit en cette action, & pareillement nos Anges Gardiens, auffi bien que les malins efprits, qui, furtout là, nous tendent des piéges.

·

Nous devons, dit notre Bienheureux, avoir « Entret, A Dieu devant les yeux toujours & en tout lieu, auf- « fi bien étant feuls qu'en compagnie & en tout « tems, oui même en dormant. Un grand Saint l'é- « crivit à fon Difciple, difant qu'il fe couchât mo- « deftement en la préfence de Dieu, de la même ma- « niere comme feroit celui à qui Notre-Seigneur étant encore en vie, commanderoit de dormir & « fe coucher en fa préfence ; & quoi, dit-il, que «< vous ne le voyez pas, & n'entendiez pas le com- « mandement qu'il vous en fait, ne laissez pas « de le faire tout de même que fi vous le voyiez, «< parce qu'en effet il vous eft préfent & vous garde pendant que vous dormez. O mon Dieu ! combien « nous coucherions-nous modeftement & dévote- « ment, fi nous vous voyions; fans doute nous croi- « ferions les bras fur nos poitrines avec une grande «< dévotion".

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Quelques ferviteurs de Dieu récitent en cette oc

cafion ces faintes paroles. Je dors,mais mon cœur veille. Cant. 5. 22 Gardez-moi, Seigneur, comme la prunelle de votre œil, Pfal. 16. 8. protegez-moi fous l'ombre de vos aîles ; environnez-moi Pfal. 90. 5. de votre verité comme d'un bouclier, & me préservez des

craintes nocturnes. En lui je dormirai en paix & me re- Pfal. 4. 9. poferai ; car il m'a établi en une finguliere esperance en

fa bonté. Si Dieu ne garde la cité, en vain veille celui Pfal. 126, 1. qui la garde.

CHAPITRE

UN

XXIV.

Commander par obéissance.

NE fille de la Vifitation, que l'on destinoit pour être Superieure, fe plaignant à notre Bienheureux, & lui difant qu'elle perdroit le fruit,

de l'obéiffance, il la confola par ces paroles: » Tant » s'en faut, lui dit-il, ma fille, qu'il vous fera extrê"mement multiplié; car fi vous demeuriez en l'état de fujerion, vous n'auriez que le fruit de l'obéiffance qui vous feroit impofée par la Superieure: mais étant Superieure, autant de commandemens que vous ferez à vos filles feront pour vous autant d'obéiffances.

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La fille s'étonnant de ce difcours & lui en demandant l'éclairciffement: Voyez-vous, lui dit-il, ma fille, n'eft-ce pas Dieu, , qui, par l'élection qu'il fair de votre perfonne pour commander à une Communauté, vous ordonne de commander ? En obéiffant donc à ce commandement, & acceptant humblement la charge qui vous eft impofée, ne voyez-vous pas que commandant par obéiffance, tous vos commandemens pour autrui feront des obéiffances pour vous, d'autant que vous commanderez par obéiffance, parce que vous obéiffez au commandement qui vous eft fait de commander.

Au refte, je vous trouve heureufe d'entrer en charge avec cette averfion de commander, & un grand amour pour l'obéiffance; parce que cela fera que vous commanderez par amour & pour l'amour, & ce divin amour rendra votre fardeau léger, & le joug des autres fuaves.

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E demandai une fois à notre Bienheureux s'il n'étoit pas mieux de ne prendre qu'un point pour faire oraifon, & de n'en tirer qu'une affection & ane réfolution

Il me répondit que l'unité & fimplicité en toutes chofes,principalement aux exercices fpirituels, étoit toujours à préferer à la multiplicité. Qu'il n'y avoit que les commençans à qui l'on confeillât d'en prendre plufieurs pour les occuper.

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Sur la multiplicité des affections & réfolutions, il me répondit, que quand le Printems étoit fort abondant en fleurs, c'étoit alors que les abeilles faifoient moins de miel, d'autant que prenant beaucoup de plaifir à voltiger fur cette abondance, elles ne fe donnoient pas le loifir d'en extraire le fuc & l'efprit, duquel elles compofent leurs rayons. C'eft le propre, ajouta-t-il, des bourdons, de faire affez de bruit & peu de fruit.

A la demande, s'il n'étoit pas mieux de répéter fouvent la même affection & réfolution pour l'inculquer davantage, il dit qu'il falloit imiter les Peintres & les Sculpteurs, qui font leurs ouvrages à force de réïtérer les coups de pinceau & de cizeau, & que pour faire de profondes impreffions fur nos

cœurs, il falloit leur redire fouvent la même chofe.

Il ajouta que comme ceux qui en nâgeant remuent trop promptement les jambes & les bras, enfoncent, étant néceffaire de les remuer doucement & à loifir, auffi ceux qui s'empreffent trop dans l'oraifon s'évanouiffent dans leurs penfées, & leurs penfées Job. 17. 12 diffipées affligent leur cœur.

Q

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UANT à la question qui m'eft faite, comment s'entend ce mot, que notre Bienheureux attri bue au grand faint Antoine, que celui qui prie doit

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