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Malheureufe eft la mort fans l'amour du Sauveur, dit notre Bienheureux, & malheureux eft l'amour fans la mort du Sauveur ; car c'eft cette mort précieufe qui nous a mérité le divin amour, fans lequel ni nos actions, ni nos fouffrances n'ont aucun accès à la vie éternelle.

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La devife de notre Bienheureux étoit celle-ci, ou mourir ou aimer. C'est ainfi qu'il s'en explique en Theot. 1. 12. quelques-uns de fes Ouvrages. » Ou aimer ou mourir. Mourir & aimer. Mourir à tout autre amour pour vivre à celui de Jefus, afin que nous ne mou» rions pas éternellement, mais que vivant en votre » amour éternel, ô Sauveur de nos ames, nous » chantions éternellement, vive Jefus, j'aime Je» fus. Vive Jefus que j'aime. J'aime Jesus qui vit & » regne dans les fiècles des fiécles. Amen.

L. 3. Ep. 62.

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Et ailleurs. Je defire de mourir ou d'aimer Dieu, » ou la mort ou l'amour; car la vie qui est sans cet » amour, est tout-à-fait pire que la mort.

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De la paix du cœur au milieu des embarras.

'EST un abus extrême de certaines ames, d'ail

Cleurs bonnes & pieufes, de s'imaginer qu'on ne puiffe conferver le repos interieur parmi les embarras. Y a-t-il un plus grand mouvement que celui que la mer apporte les vaiffeaux y font-ils jamais fans quelque forte d'ébranlement, & cependant ceux qui y font ne laiffent pas d'y repofer & dormir, & l'aiguille de la bouffole d'y être toujours

tournée vers le Nord.

Quiconque ne regarde que Dieu en toutes les ac

que

tions, & n'a point d'autre intention
de les rap
porter à la gloire divine, trouve le repos par-tout,
-même dans les plus véhémentes agitations, parce
que rapportant même ces agitations à l'honneur de
celui qui les permet ou qui les envoye, il arrive par
là à l'unique fin de fes prétentions, qui eft d'hono-
rer Dieu en toutes chofes & en toutes occafions.

J'admire que ceux qui fe font dédiés à Dieu en des vacations fort faintes, fe plaignent quelquefois quand on les emploie à des offices où il y a beaucoup de mouvemens, & appellent cela des fonc tions diftrayantes.

Certes, il n'y a d'occupations vraiment diftrayantes, que celles qui nous féparent de Dieu, & il n'y a que le péché qui puiffe nous en féparer; car toute Occupation légitime, non-feulement ne nous en fépare pas, mais eft un moyen pour nous y unir davantage.

Ceux qui manient les procès s'y peuvent unit, en rapportant à la gloire de Dieu cette administration, & le fervant en cette fonction fi traverfée. Le même fe peut dire des Marchands, des Artifans, des Soldats, bref de toute forte de vacations.

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Voici comme notre Bienheureux s'en explique : Soyons tous à Dieu parmi tant de tracas que la di- « z. Ep. 62. verfité des chofes mondaines nous préfente. Com- « ment voulons-nous mieux témoigner notre fideli- « té qu'entre les contrarietés ? Hélas! la folitude a « fes affauts, le monde a fes tracas. Par tout il faut avoir bon courage, puifque par-tout le fecours du « Ciel eft prêt à ceux qui ont confiance en Dieu, & Pfal. 144. 181 qui avec humilité & douceur implorent fon affif- « tance paternelle. Gardez-vous bien de laiffer con- « vertir votre foin en trouble & inquiétude, & toute « embarquée que vous êtes fur les vagues & parmi «

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» les vents de plufieurs tracas, regardez toujours au Giel, & dites à Notre-Seigneur: O Dieu, c'eft "" pour vous que je vogue & navige : foyez mon gui de & mon pilote. Et puis confolez-vous de ce que lorfque nous ferons au port, les douceurs que » nous y aurons effaceront les travaux pris pour y »aller. Or nous y allons parmi tous ces orages, pourvû que nous ayons le cœur droit, l'intention »bonne, le courage ferme, l'œil en Dieu, & en lui » toute notre confiance. Que fi la force de la tempête nous émeut quelquefois un peu l'estomach, » & nous fait un petit tourner la tête, ne nous éton»nons point: mais fi-tôt que nous pourrons, pre»nons haleine & nous animons à mieux faire. Vous » marchez toujours entre nos faintes résolutions, je » m'en affure : ne vous fâchez donc point de ces pe» tits affauts d'inquiétude & chagrins, que la multiplicité des affaires domeftiques vous donne : » non, car cela vous fert d'exercice pour pratiquer » les plus cheres & aimables vertus, que NotreSeigneur nous ait recommandées. Croyez-moi, la - » vraie vertu ne fe nourrit pas dans le repos inte» rieur, non plus que les bons poiffons dans les eaux croupiffantes des marais.

رو

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DIX-HUITIE'ME PARTIE.

C

CHAPITRE PREMIER.

De la réputation.

OMMENT eût-il ambitionné les faux honneurs, qui procedent des charges que les indignes. poffedent fouvent plûtôt que les dignes, puifque même la vraie réputation, qui eft un parfum que l'on ne brûle que fur l'autel de la vraie vertu, ne le touchoit qu'autant qu'elle pouvoit fervir à avancer la gloire de Dieu, qui étoit non-feulement la gran de, mais l'unique paffion de fon cœur.

Sur une calomnie.d'importance que l'on fufcita contre lui, jufqu'à la faire retentir par-tout, il ne dit autre chofe, finon, je me fuis humilié, & je Pfal. 38. 22 n'ai point produit le bien que je pouvois propofer pour ma défense, me contentant de cacher ma douleur au dedans de moi. L'effet que cette patience fait naître en moi, a été d'échauffer davantage mon cœur en l'amour de Dieu, & d'embrafer le feu de ma méditation. J'ai dit à Dieu: Vous êtes mon pro- Pfal. 30. 4. tecteur & mon refuge dans cette tribulation. C'est

pour

a

V. 4

à vous de m'en délivrer, ô Dieu de verité. Rache- Joan. 8. 32 tez-moi de la calomnie des hommes.

Pfal. 118.

Voici ce que notre Bienheureux écrivit fur ce 34• grand affaut de réputation à une bonne ame, & qui

prenoit plus de part à fes interêts que lui-même. L... 67. Sur tout cela, la Providence fçait la mesure de la réputation qui m'eft néceffaire pour bien faire le fervice auquel elle me veut employer, & je n'en » veux ni plus ni moins que ce qui lui plaira que » j'en aye.

Matt, 25.21.

"

Cette calomnie eft rapportée dans sa Vie, écrite par M. Marfollier, Tome II. page 79. feconde Edition.

CHAPITRE II.
De la trifteffe.

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OMME la béatitude de l'autre vie eft appellés joie dans l'Ecriture, c'est auffi dans la joie que confifte la félicité de la vie préfente, mais non en toute forte de joie ; car la joie de l'hypocrite, dit ch. 20. 5. le S. Efprit par la bouche de Job, eft comme un point, Ibid. 21. 13. c'est-à-dire, ne dure qu'un moment. Ils passent leurs jours dans les délices, eft-il dit des méchans, & en un Prov. 14. 13. inftant ils descendent aux enfers. Les larmes font ax bout de la fauffe joie.

La vraie joie ne peut proceder que de la paix in

terieure, & cette paix ne provient que du témoi2. Cor. 1. 13. gnage d'une bonne confcience, laquelle eft appelProv. 15. 15. lée un banquet continuel. C'eft cette joie du Seigneur Philipp. 4. 4. & dans le Seigneur, accompagnée de charité & de modeftie, que l'Apôtre recommande tant.

Notre Bienheureux faifoit tant d'état de cette joie fainte, qu'il y établiffoit la félicité de cette vie, & il y étoit fi bien établi, qu'un grand ferviteur de Dieu difoit de lui, qu'il poffedoit une paix imperturbable & inaltérable.

Comme notre Bienheureux étoit ami de la paix

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