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23.

L. 3. Epift.

& de la joie du S. Efprit, qui font, felon S. Tho-2.2.4. 28, mas, les deux grands effets de la charité, auffi étoitil ennemi du trouble & de la trifteffe. Voici comme il en parle à une ame particuliere qui s'y laiffoit aller. Demeurez fort en paix & repaiffez votre «< cœur de fuavité de l'amour célefte, fans lequel « 73. nos cœurs font fans vie, & notre vie fans bon- « heur. Ne vous relâchez nullement à la trifteffe, « ennemie de la dévotion. De quoi fe doit attrister « une fille fervante de celui qui fera à jamais notre « joie? Rien que le péché ne nous doit déplaire & « facher, & au bout de ce déplaifir du péché, enco- « re faut-il que la joie & confolation fainte y foit " attachée ".

Cela eft fi vrai, pour ce qui regarde la pénitence que ce grand Roi, (qui fut felon le cœur de Dieu, après avoir mêlé fon breuvage & arrofé fon lit de fes larmes,) demande à Dieu qu'il lui rende la joie Pfal. 50. 14. de fon falutaire, & qu'il le fortifie de fon efprit principal.

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De la vie morte, & de la mort vivante.

Ous me demandez l'éclairciffement de cette

V brieve mais exquife fentence de notre Bien

heureux. Il faut que nous vivions d'une vie morte, « & que nous mourions d'une mort vivante & vivi- « fiante en la vie de notre Roi, de notre fleur & de « notre doux Sauveur «.

Ces antithefes, qui femblent avoir de la contradiction, font le vrai langage & le pur ftyle de l'Ecriture. S. Paul: Vous êtes morts, & votre vie eft ca- Coloff. 3. 3.

Ff iiij

2. Cor. 5.15. chée en Jefus-Chrift en Dieu. Et encore: Jesus-Chrift eft mort pour nous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus à eux-mêmes, mais à celui qui eft mort & ressuscité Galat. 2. 20. pour eux. Et parlant de lui: Je ne vis plus, mais c'eft Jefus-Chrift qui vit en moi.

Vivre d'une vie morte, c'eft vivre non felon les fens & les inclinations naturelles, mais felon l'efprit & les inclinations furnaturelles, C'est une mort felon la nature, mais une vie felon l'efprit. Cela, c'eft faire mourir le vieil homme en nous, pour faire renaître de fes cendres le nouvel homme.

, Et mourir d'une mort vivante & vivifiante, c'eft mortifier & crucifier la chair avec fes convoitifes, pour faire vivre l'efprit de la vie de la grace, laquelle nous ayant été méritée par la vie & la mort de Jefus Chrift Notre-Seigneur, qui Judic. 14. 8. fçait tirer la vie de la mort, comme Samfon tira le rayon de miel & la viande de la gueule du lion dévorant. Certes, fi nous ne mourons avec Jefus1.Tim. 2. 11. Christ, nous ne vivrons point avec lui, & fi nous ne fouffrons avec lui, nous ne régnerons point avec lui.

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N fait de mortification, celles qui font interieures font incomparablement plus excellentes celles qui font exterieures, & nullement fujettes comme celles-ci à l'hypocrifie, à la vanité, à l'indifcrétion.

que

Et celles qui nous arrivent de la part de Dieu, u de la part des hommes par la permiffion de

CHAPITRE IV. 457 Dieu, font toujours plus exquifes que celles qui viennent de notre choix, & qui font filles de notre volonté.

Cependant plufieurs chopent à cette pierre, & étant fort âpres à embraffer des mortifications que leur inclination leur fuggere, & aufquelles quoique rudes en apparence, ils ont fort peu de peine, à caufe de la facilité que leur donne leur propenfion ; & quand il leur en arrive d'une autre cause, elles leur paroiffent infupportables pour legeres qu'elles foient.

Exemple; Tel fera fort porté à l'exercice des difciplines, des haires, des jeûnes, des cilices, qui fera d'ailleurs fi douillet fur la réputation, que la moindre mocquerie ou médifance le mettra hors d'haleine, & troublera fon repos & fa raison, le portant à des extrêmités déplorables.

Tel fe portera avec ardeur aux pratiques de l'oraifon, de la pénitence, du filence, & femblables dévotions qui entrera en des impatiences, & en des furies nompareilles, en des plaintes fans mefure à la perte d'un procès, & au moindre dommage qui lui

arrivera en fes biens.

Un autre donnera liberalement des aumônes, & fera de magnifiques fondations, qui fond en gémiffemens, & tremble de frayeur à la moindre infirmité & maladie, & à qui la plus légére douleur corporelle tire des doléances inénarrables, & qui n'ont point de fin.

Selon que les uns ou les autres font plus ou moins attachés aux biens honorables, utiles ou delectables, ils portent avec plus ou moins de patience les maux contraires à ces fortes de biens, fans confiderer que c'est la main de Dieu qui les ôte, ou qui les donne Job. 1, 27. comme il lui plaît.

En effet, c'eft que nous voulons fervir Dieu, non felon fa volonté, mais felon la nôtre, à notre mode non à la fienne. A votre avis, cela eft-il jufte? Ne peut-il pas faire du fien, & de nous qui lui appartenons, tout ce qu'il lui plaît.

Pour guérir cette maladie en une ame, 4. Ep. 65. Bienheureux lui parle de cette façon :

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notre

» Baifez » fouvent de cœur les croix que notre Seigneur » vous a lui-même mifes fur les bras. Ne regardez point fi elles font d'un bois précieux ou odoriferant. Elles font plus croix quand elles font d'un bois vil, abject & de mauvais odeur. C'eft grand cas » que ceci me revient toujours en l'efprit, & que je ne fçai que cette chanfon. Sans doute c'est le cantique de l'Agneau: il eft un peu triste, mais Matt. 26. 39. » harmonieux & beau. Mon Pere, qu'il foit fait, non felon que je veux, mais felon que vous voulez. Magdeleine cherche notre Seigneur en le tenant. » Elle le demande à lui même. Elle ne le voyoir » pas en la forme qu'elle vouloit, c'est pourquoi >> elle ne fe contenta pas de le voir ainfi, elle le » cherche pour le trouver autrement. Elle le vouloit » voir en fon habit de gloire, & non pas en un vil » habit de Jardinier; mais néanmoins elle connut » que c'étoit lui, quand il lui dit Marie.

Teax, 20.

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Voyez-vous, c'est Notre-Seigneur en habit de » Jardinier que vous rencontrez tous les jours ça » & là ès occurences des mortifications ordinaires qui fe préfentent à vous, vous voudriez bien qu'il vous offrit d'autres plus belles mortifica»tions: ô Dieu ! les plus belles ne font pas les » meilleures. Croyez-vous pas qu'il vous dit : Marie, Marie. Non, avant que vous le voyiez en fa gloire, il veut planter dans votre jardin beaucoup de fleurs petites & baffes, mais à for

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gré, c'eft pourquoi il est ainsi vêtu. Qu'à jamais » nos cœurs foient unis au fien, & nos volontés à » fon bon plaifir.

CHAPITRE V.

De l'amour du prochain.

Er amour eft ou naturel ou furnaturel. -11

est

Ceft aife d'enter le furnaturel fur le naturel, & d'aimer pour l'amour de Dieu, ceux que nous aimons d'un amour naturel, mais il n'eft pas fi aifé de ne l'aimer que d'un amour furnaturel.

Mais, me dira-t-on, eft-ce mal - fait d'aimer le prochain, à caufe du bien qui eft en lui? Non, & c'eft en cela que confifte l'amour naturel, que l'on appelle d'amitié. Mais s'il eft difficile de tellement épurer l'amour d'amitié naturel de tout intérêt que nous n'aimions encore l'ami, parce qu'il nous plaît, ou pour le contentement qui nous en revient; il est encore plus difficile d'épurer l'amour d'amitié furnaturel, de maniere que nous n'aimions rien du tout en lui que Dieu & fa très-fainte volonté.

C'est ici un dégré d'amour du prochain, où ne montent que ceux qui font bien avancés en la vertu. C'est dans ce dégré que fe rencontre l'amour des ennemis, & de ceux qui nous font à charge; car d'aimer ceux qui nous confolent ou qui nous font du bien, c'eft chofe facile, & qui ne demande point de vertu : mais de chérir ceux qui nous font du mal, & qui nous font incommodes, fans autre raifon, que parce que cela plaît à Dieu, c'est aimer le prochain d'un amour vraiment furnaturel; & c'est l'aimer en Dieu, & ne l'aimer qu'en Dieu.

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