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L. 4.Epit. 64. Voici comme s'exprime notre Bienheureux à ce fujet. Il nous faut avoir un cœur bon, doux, & » amoureux envers le prochain, & particulierement » quand il nous eft à charge & à dégoût: car alors » nous n'avons rien en lui pour l'aimer que le ref"pect du Sauveur, qui rend l'amour fans doute plus excellent & plus digne, d'autant qu'il est plus pur & net de conditions caduques.

Bec. 1. 17.

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Olerois-je ajouter mon fentiment à celui de notre Bienheureux, & dire que cet amour de charité envers le prochain,c'est-à-dire, pur & dépouillé de tout interêt que celui de Dieu, ne me femble pas moins difficile à pratiquer envers nos plus agréables amis & bienfaiteurs, qu'envers ennemis, & les perfonnes incommodes & défagréables.

nos

Voici ma raifon. Qui dit pur, dit exempt de tout mélange. Qui dit donc aimer purement en Dieu & pour Dieu, dit n'aimer que dans la vûë de Dieu uniquement, fans aucun égard à la créature.

Quoi donc ! dira-t-on, faudra-t-il pour n'aimer le prochain vertueux ou bienfaiteur qu'en Dieu, être ou aveugle pour ne pas voir fes vertus, ou ingrat pour méconnoître fes bienfaits; non certes, mais il faudra rapporter l'un & l'autre à Dieu; car qui a fait celui qui eft vertueux, finon le Dieu des Vertus qui lui a donné le moyen de nous faire du bien,finon celui de qui procede tout present très-bon& tout don parfait ? L'aimer donc, parce qu'il eft vertueux & bienfaiteur,en rapportant fes vertus & fes bienfaits à leur fource premiere, qui eft Dieu, c'est toujours l'aimer en Dieu, & Dieu en lui en derniere fin.

Mais parce qu'il arrive fort ordinairement que nous nous amufons à fes vertus comme fi elles

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lui étoient propres, & qu'il les eût de lui-même,
& à la confidération de fes bienfaits, parce qu'ils
nous font utiles, fans les rapporter à Dieu, ou e
même lorfque les rapportant, nous mêlons l'ami
avec Dieu, non pas en le préferant ou égalant à
Dieu, mais en le joignant à Dieu, & l'aimant
après, mais avec Dieu, c'eft pour cela que je dis
que l'amour furnaturel du prochain eft purement
en peu d'ames, celles-là étant fort rares qui n'ai-
ment que Dieu dans le prochain, & le prochain
qu'en Dieu, tant cette abftraction eft de difficile
pratique.

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ON trifte tems étoit celui du carnaval, tems de défordre & de diffolution, & qui comme un torrent emporte les plus fermes & les plus fervens en la pieté, en quelque forte de licence.

Comme il étoit tout à tous, infirme avec les in- 2.Cor. 11.392 firmes, il brûloit de zêle avec ceux qui étoient fcandalifes. Et qui ne fe fcandaliferoit de voir au milieu du Chriftianifme fe célébrer encore la fête payenne des baccanalles. Certes cela eft caufe que le nom de Dieu eft blafphêmé, & la religion Catholique blâmée à tort, comme fi elle permettoit ce qu'elle ne peut empêcher, comme fi elle ordonnoit ce qu'elle fouffre avec douleur, comme fi elle commandoit ce qu'elle détefte, & contre quoi elle crie tant qu'elle peut par la bouche de ses Prédica

teurs.

Vous ferez peut-être bien aise d'entendre de quel

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le façon notre Bienheureux fe plaint de ce tems-là, mais s'en plaint d'une voix de tourterelle, comme Pal. 101. 7. le pélican de la folitude, & le paffereau folitaire. Śçachez, dit-il, que me voilà en mon triste tems; » car depuis les Rois jufqu'au Carême, j'ai des étranges fentimens en mon cœur, car tout miferable, je dis détestable que je fuis, je fuis plein de douleur de voir que tant de dévotion fe per» de : je veux dire que tant d'ames fe relâchent. Ces deux Dimanches j'ai trouvé nos communions » diminuées de la moitié, cela m'a bien faché; car »encore que ceux qui les faifoient ne deviennent pas méchans: mais pourquoi ceffent-ils d'être "bons? pour rien, pour la vanité. Cela n'eft-il pas » fenfible?

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Philot.3.part. ch. 33

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Voici les préfervatifs que le S. Evêque confeilloit contre les danfes.

1. Au même tems que vous étiez à danfer, plufieurs ames brûloient dans le feu de l'enfer pour les péchés commis à la danse, ou à cause de la danfe.

2. Plufieurs Religieux & perfonnes de pieté étoient à la même heure devant Dieu, chantoient fes louanges, & contemploient fa bonté. O! que leur tems a été bien mieux employé que le vôtre.

3. Tandis que vous avez danfé, plufieurs ames font décédées en grandes angoiffes. Mille milliers d'hommes & de femmes ont fouffert de grands travaux en leurs lits, dans les hôpitaux, & dans les rues par la goûte, la gravelle & la fiévre ardente. Helas! ils n'ont eu nul repos: n'avez-vous point compaffion d'eux ? Et pensez-vous qu'un jour vous gemirez comme eux, tandis que d'autres danferont comme vous avez fait ?

4. Notre-Seigneur, Notre-Dame, les Anges & les Saints vous ont vû danfer. Ha! que vous leur avez fait grande pitié, voyant votre cœur amusé à une fi grande niaiserie, & attentif à cette fadaife.

5. Helas! tandis que vous étiez-là, le tems s'eft paflé, la mort, s'eft approchée: voyez qu'elle fe moque de vous, & qu'elle vous appelle à fa danse, à laquelle les gémiffemens de vos proches ferviront de violon, & où vous ne ferez qu'un feul paffage de la vie à la mort. Cette danfe eft le vrai paffe-tems des mortels, puifqu'on y paffe en un moment du tems à l'éternité, ou des biens ou des peines.

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Le Bienheureux raconte ailleurs la converfion Theot, 1, 8, d'un jeune débauché que l'on fera bien aife de 19. trouver ici. Lorfque j'étois jeune, dit le Bienheu reux étudiant à Paris, deux écoliers, dont l'un étoit hérétique, paffant la nuit au fauxbourg Saint Jacques, en une débauche deshonnête, oüirent fonner les matines aux Chartreux : l'hérétique demandant à l'autre à quelle occafion on fonnoit, il lui fit entendre, avec quelle dévotion on célébroit les Offices facrés en ce Saint Monaftere : ô Dieu, dit l'hérétique, que l'exercice de ces Religieux eft différent du nôtre ! ils font celui des Anges, & nous celui des bêtes ; & voulant voir par expérience le jour fuivant ce qu'il avoit appris de fon compagnon, il trouva ces Peres dans leurs formes, rangés comme des ftatuës de marbre en une fuite de niches, immobiles à toute autre action qu'à celle de la pfalmodie, qu'ils faifoient avec une attention & dévotion vraiement angelique, felon la coutume de ce faint Ordre; de maniere que ce pauvre jeune homme tout ravi d'admiration de

meura pris en la confolation extrême qu'il eut de voir Dieu fi bien adoré parmi les Catholiques, & fe refolut comme il fit enfuite, de fe ranger au giron de l'Eglife vraie & unique époufe de celui qui l'avoit vifité de fon inspiration, dans l'infâme littiere de l'abomination en laquelle il étoit.

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Du defir & de l'amour.

ME l'amour entre les affections raison

Cnables, eft la premiere & plus noble production de la volonté, auffi le défir eft la premiere production de l'amour. Aimer en général c'est vouloir le bien, foit abfent, foit présent. Le désir eft l'amour du bien absent, & la joye eft l'amour du bien préfent. Qui prend plaifir à bien aimer, le prend auffi à bien défirer, & plus on aime ce que l'on défire, plus defire-t-on de l'aimer.

Defirer d'aimer Dieu, eft un grand avancement vers cet amour, & après qu'on l'aime, défirer de l'aimer encore davantage, eft un grand aiguillon & un excellent moyen pour faire progrès en cet Pfal. 10. 17 amour. C'est-là ce défir des pauvres que Dieu exauce fi volontiers: cette préparation de leurs cœurs à laquelle il préte fi librement fon oreille: ce défir

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des bonnes ames qui lui eft fi agréable, & qui fit Ch. 9. v. 23. appeller le Prophete Daniel homme de defirs. Qui bien aime, bien defire; qui bien defire, bien cherche; qui bien cherche, bien, trouve ; & qui trouve grace, trouve la vie, & puife fon falut dans le Seigneur.

Prov. 12, 2,

la

Belle fentence de notre. Bienheureux fur ce fu

jet.

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