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reux fur ce fujet : Quand il nous arrive des dé- « L. 4. Ep. 30 fauts, examinons notre cœur tout-à-l'heure, & de- « mandons lui s'il n'a pas toujours vive & ențiere « la réfolution de fervir Dieu, & j'efpere qu'il nous « répondra qu'oüi, & que plutôt il fouffriroit mille « morts, que de fe féparer de cette réfolution. De-" mandons-lui de rechef: pourquoi donc bronches- «< tu maintenant ? Pourquoi es-tu fi lâche ? Il ré- « pondra: j'ai été furpris, je ne fçai comment; mais «< je fuis ainfi pefant maintenant. Helas! il lui faut « pardonner; ce n'eft pas par infidelité qu'il man- «< que, c'eft par infirmité. Il le faut donc corriger doucement & tranquillement, & non pas le cou- « roucer & troubler davantage. Hé bien, lui devons-«e nous dire, mon cœur, mon ami, au nom de Dieu prens courage, cheminons, prenons garde à nous, «< élevons-nous à notre fecours & à notre Dieu. He-« las! il nous faut être charitables envers notre « ame, & ne la point gourmander, tandis que nous «

voyons qu'elle n'offenfe pas de guer à pend,

que

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Il ne vouloit pas même que l'on fût exceffif à s'accufer, ni l'on exagérât trop fes fautes, non qu'il faille traiter les vices de main-morte: au contraire; mais auffi fe faut-il garder de porter l'ame dans le découragement ou le chagrin, fous prétexte de l'humilier. Il fant avoir l'efprit jufte, & marcher par le milieu, en s'humiliant fans fe décourager, & s'encourageant avec humilité.

Soyez jufte, dit notre Bienheureux, n'excufez « L. 4. Ep. 16; ni n'accufez auffi qu'avec meure confidération vo- « tre pauvre ame; de peur que fi vous l'excufez « fans fondement, vous ne la rendiez infolente; & « fi vous l'accufez legerement, vous ne lui abatiez « le courage & la rendiez pufillanime. Marchez fim- « plement, & vous marcherez confidemment.

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Pfal. 6. 8.

C'est pour cela qu'il recommandoit à tous propos la patience envers nous-mêmes; car ce n'eft pas patience, mais vraie impatience, quand on fe chagrine avec dépit, & quand notre ceil intérieur fe trouble de colere contre nous-mêmes. Un Juge paffionné ne fait jamais bonne juftice, & ce que nous regardons au travers d'un verre coloré, nous femble de la même couleur du verre.

Comme la patience a fon œuvre parfaite, l'impatience l'a toujours imparfaite, & il arrive fouvent que l'on fe dépite contre des fautes venielles d'un dépit pire que la faute. Il y a des perfonnes fi violentes, que pour un verre caffé avec inadvertance par un pauvre domeftique, ils lui diront mille injures, l'affommeront de coups. Qui ne voit que la correction eft mille fois pire que la faute.

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L. 4. Ep. 35. Belle leçon de notre Bienheureux à ce fujer: fçachez dit-il, que la vertu de patience eft celle qui nous affure le plus de la perfection, & s'il la » faut avoir avec les autres, il faut auffi l'avoir avec » foi-même. Ceux qui afpirent au pur amour de » Dieu, n'ont pas tant befoin de patience avec les "autres comme avec eux-mêmes. Il faut fouffrir "notre propre imperfection pour avoir la perfec

&tion. Je dis la fouffrir avec patience, & non l'ai» mer, ou la careffer. L'humilité fe nourrit en cette » fouffrance.

Voyez comme il nous apprend à faire rempart de nos breches, & profit de nos pertes. C'eft fe rehauffer utilement par ces chûtes, que de s'approfondir & s'abaiffer toujours plus avant dans l'humilité.

N

CHAPITRE XI V.
De la fuffifance.

Ous ne parlons pas ici de la fuffifance, qui eft une branche de l'orgueil & de la vanité, de laquelle ceux qui font atteints font appellés fuffifans; mais de celle dont cet ancien difoit, que ce qui fuffit eft tout prêt, & que l'on ne s'inquietoit que pour les chofes fuperflues: & encore, fi nous vivons felon la nature nous ne ferons jamais pauvres ; fi felon l'opinion, nous ne ferons jamais ri

ches.

Se contenter de ce qui fuffit, & fe perfuader vivement que ce qui eft de plus, eft ou mauvais ou tendant au mal; c'est le vrai moyen de mener une vie tranquille, & par conféquent heureuse.

Ce n'eft pas mon opinion feule; non, c'eft le L. 4. Ep. 32 fentiment de notre Bienheureux, qui congratule une bonne ame de ce qu'elle fe contentoit de la fuffifance, fans défirer rien davantage. Voici fes par » roles: Dieu foit loüé du contentement que vous » avez de la fuffifance qu'il vous a donnée, & con» tinuez bien à lui en rendre graces; car c'eft la vraie » béatitude de cette vie temporelle & civile, de fe » contenter en la fuffifance, parce que qui ne fe » contente de cela, ne fe contentera jamais de rien; » & comme votre livre dit, puifque vous l'appellez » votre livre, à qui ce qui fuffit, ne lui fuffit pas, rien ne lui fuffira jamais.

Plaise à Dieu, mes Sœurs, que cette maxime fe grave & enracine bien avant dans vos maisons,&que le rien de trop foit votre devise, car c'est le vice

prefque général des menfes communes de ne dire jamais, c'eft affez.

Cependant vous fçavez que l'intention de notre Bienheureux étoit, & il l'a affez fignifiée, & dans vos conftitutions, & dans fes autres écrits, que quand vos maifons feroient dotées & fondées fuffifamment, l'on ne prit plus rien pour la réception des filles, que ce qui feroit néceffaire pour la jufte fubfiftance du Monaftere. Souvenez-vous bien de ce précepte, car la déclaration en est aussi juste que la pratique.

Hebr. 13. 9.

CHAPITRE

Des menues tentations.

UAND le tentateur voit

X V.

que notre cœur eft

Qfi bien établi en la grace, que nous fuyons le

péché comme le ferpent, & que feulement fon ombre qui eft la tentation nous fait peur, il fe contente de nous inquietter, voyant qu'il ne peut faire plus: Pour cela il fufcite un tas de menuës tentations qu'il nous jette comme de la pouffiere aux yeux, afin de nous affliger, & nous rendre la voie de la vertu moins agréable.

C'eft contre les grandes tentations qu'il faut courir aux boucliers & aux armes; mais il y en a de menuës & de communes, qui ne fechaffent jamais mieux que par le mépris. On fe met en défense contre les loups & les ours: mais contre la multitude des mouches qui nous perfécutent en Eté, qui oferoit fe mettre en pofture de défenfeur.

A une ame qui s'inquiettoit & qui entroit en melancolie, de fe voir affaillie de diverses pensées

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contre la foi, quoiqu'elles lui dépluffent jusqu'à en avoir le cœur tourmenté, notre Bienheureux écrit L.4. Ep. 470 de la forte: vos tentations contre la foi font reve-« nuës, & encore que vous ne leur repliquiez pas « un feul mot, elles vous preffent. Vous ne leur re- « pliquez pas, voilà qui est bien, ma fille : mais vous «< y penfez trop, mais vous les craignez trop, mais «< vous les apprehendez trop, elles ne vous feroient « nul mal fans cela. Vous êtes trop fenfible aux ten- « tations. Vous aimez la foi, & ne voudriez pas « qu'une feule penfée vous vînt au contraire, & « tout auffi-tôt qu'une feule vous touche, vous vous « en attriftez & troublez. Vous êtes trop jaloufe de « cette pureté de foi, il vous semble que tout la gâte. Non, non, ma fille, laiffez courir le vent, & ne « penfez pas que le frifillis des feuilles foit le clique- « tis des armes. Dernierement j'étois auprès des ru- « ches des abeilles, & quelques-unes fe mirent fur « mon vifage : je voulus y porter la main, & les ôter. « Non, me dit un payfan, n'ayez point peur, & ne « les touchez point, & elles ne vous piqueront nul- « lement. Si vous les touchez, elles vous morderont: << je le crus, pas une ne me mordit; croyez-moi, ne « craignez point ces tentations, ne les touchez point, elles ne vous offenferont point. Paffeż outre, & « ne vous y amusez point.

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J'ajoute à cette pensée que le mépris vient mieux à bout, & des tentations & du tentateur 'que le combat: d'autant que combattre un ennemi eft un figne que l'on fait état de fa force & de fes attaques; mais quand on le dédaigne, c'eft une marque qu'on le tient pour vaincu & pour indigne de notre colere. Le mépris des tentations eft un grand indice de progrès en la vertu, ou d'une forte confiance au Dieu des batailles, lequel combat pour nous.

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