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» cordialement, amoureufement cette réfolution. » Ou mourir, ou guérir ; & puisque je ne veux pas » mourir spirituellement, je veux mourir, & pour » guérir je veux fouffrir la cure & la correction, & fupplier les Médecins de ne point épargner ce que » je dois fouffrir pour guérir.

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CHAPITRE

X X I X.

De la compassion.

UOIQUE fon efprit fût des plus fermes, & doué d'une conftance merveilleufe, il étoit néanmoins des plus tendres à la compaffion. Voici ce qu'il 1. 5. Ep. 53. dit à une perfonne défolée de la mort d'une fœur. » O Dieu, je n'ai garde de vous dire ne pleurez "pas, non ; car il est bien jufte & raisonnable que » vous pleuriez un peu, mais un peu, en témoigna» ge de la fincere affection que vous lui portiez, à 3 l'imitation de notre cher Maître, qui pleura bien » un peu fur fon ami Lazare, & non pas toutefois beaucoup, comme font ceux qui mettant toutes leurs penfées aux momens de cette miférable vie, »ne fe reffouviennent pas que nous allons aufli à » l'éternité; où, fi nous vivons bien en ce monde, » nous nous réunirons à nos chers Trépaffés pour ne les quitter jamais. Nous ne fçaurions empêcher notre pauvre cœur de reffentir la condition de cette vie & la perte de ceux qui étoient nos déli»cieux compagnons; mais il ne faut pourtant pas » démentir la folemnelle profeffion que nous avons » faite de joindre inféparablement notre volonté à », celle de notre Dieu.

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quelque chofe aux reffentimens douloureux de la chair & du fang, mais à la charge que Dieu ait en ce commerce affectueux la principale part. Mais voyez, je vous prie, comme lui-même exprime la tendreffe de fes fentimens en ces occafions douloureufes de fes plus chers parens & amis : Vraiment, « L. 5. Ep. 75. dit-il, je pleure auffi-bien moi en telles occafions, « & mon cœur de pierre pour les chofes céleftes, « jette des eaux pour ces fujets ; mais Dieu foit loüé «< toujours doucement, & toujours avec un grand fentiment d'amoureufe dilection envers la providence de Dieu. Car, depuis que Notre-Seigneur a aimé la mort & qu'il a donné fa mort pour objet « à notre amour, je ne puis vouloir mal à la mort, « ni de mes fœurs, ni de perfonne, pourvû qu'elle fe faffe en l'amour de cette mort facrée de mon « Sauveur ...

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Et dans une autre occafion il parle ainfi : Il n'y a« z. 5. Ep. 76. homme au monde qui ait le cœur plus tendre & « affectionné aux amitiés que moi, & qui ait le ref- « fentiment plus vif aux féparations: néanmoins je « tiens pour fi peu de chofe cette vanité de vie que «< nous menons, que jamais je ne me retourne à Dieu «< avec plus de fentiment d'amour, que quand il m'a « frappé, ou quand il a permis que je fois frappé «.

Ceux qui s'imaginent que la tendreffe chrétienne foit incompatible avec la fainte réfignation, ne penfent pas comme notre Bienheureux ; car quoique cette tendreffe procede de douceur de cœur, & cette fermeté de force d'efprit; comme il n'y a rien de fi fort que cette douceur cordiale, il n'y a rien auffi de fi doux que cette force de courage.

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CHAPITRE

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XXX.

De la vraie charité.

OмME la prudence eft la mesure des vraies vertus morales acquifes, la charité l'eft auffi des vraies vertus infufes, vives & méritoires. La regle de celles-là,c'eft la droiture de la raifon humaine ; & la regle de celles-ci, c'eft la droiture de la raifon divine, qui n'eft autre que la volonté de Dieu, Reine de toutes les volontés fanctifiées, & la raifon de toute bonne raifon. Cette doctrine eft du Docteur 1.2. q. 19. Angélique, & eft fuivie de tous les Théologiens.

4.4.

Ŏ fi les Chrétiens dreffoient toutes leurs actions à ce dernier niveau, l'on verroit bien reluire en eux une autre fainteté que celle qui y paroît, & la charité feinte ne tiendroit pas en plufieurs la place de la

véritable!

De petites actions faites avec une grande charité, font de tout autre prix que de plus grandes faites avec une moindre. C'eft le fentiment de tous les Théologiens, exprimé de cette façon par notre 1. s. Ep. 46. " Bienheureux. » Je fçai que les petits ennuis font plus fâcheux à caufe de leur multitude & importunité que les grands; & les domeftiques que les étrangers: mais je fçai que la victoire en eft fou»vent plus agréable à Dieu, que plufieurs autres qui aux yeux du monde femblent de plus grand 22 mérite.

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Il vouloit pour cela que l'on eftimât les vertus par l'amour de Dieu, plûtôt que par leur excellence naturelle. Ce qu'il dit de l'oraifon en l'une de ses lettres, doit être entendu de toute autre vertu.

pour

Il faut, dit-il, aimer l'oraison, mais il la faut « L. 6. Ep. 49. aimer l'amour de Dieu. Or, qui l'aime pour « l'amour de Dieu, n'en veut qu'autant que Dieu « lui en veut donner; & Dieu n'en veut donner «< qu'autant que l'obéiffance le permet. >> Vous voyez comme il donne le prix à la priere par l'amour; & dans fon Théotime il veut que celui de l'obéiffance fe tire du même amour de Dieu. Certes, dit-il, « L. 11. eb. g. en aimant nous obéiffons, comme en obéiffant « nous aimons: mais fi cette obéiffance eft excellem- « ment aimable, c'est parce qu'elle tend à l'excel- « lence de l'amour ; & fa perfection dépend, non « de ce qu'en aimant nous obéiffons, mais de ce « qu'en obéillant nous aimons. De forte que tout « ainfi que Dieu est également la derniere fin de «< tout ce qui eft bon, comme il en eft la premiere « fource, de même l'amour qui eft l'origine de toute « bonne affection, en eft pareillement la derniere « fin & perfection".

Je finis par la doctrine du Prince des Apôtres :

Sur tout ayez une charité perfevérante les uns pour les 1. Evift, ch. autres ; car la charité couvre beaucoup de péchés. Que 4. v. 8. chacun fe comporte donc en fes actions felon la difpenfation de la grace célefte. Si quelqu'un parle, qu'il paroiffe que Dieu parle par fa bouche. Si quelqu'un v. 11. agit, que ce foit par la vertu de Dieu, & pour Dieu; afin qu'en toutes chofes Dieu foit glorifié par JesusChrift, auquel appartient la gloire & l'empire dans les fiécles des fiécles. Amen.

FIN.

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REGLE DE VIE,

QUE S. FRANÇOIS DE SALES
Se prefcrivit étudiant en Droit à Padoüe.

J

LA PREPARATION.

E ferai très fidele à pratiquer tous les jours cet exercice de la préparation, qui confifte:

1. Dans l'invocation; car reconnoiffant que je fuis expofé à une infinité de dangers, j'invoquerai Pfal. 126. 2. l'affiftance de mon Dieu, & dirai: Domine, nifi cuftodieris animam meam; Seigneur, si vous n'avez foin de mon ame, c'eft en vain qu'un autre en aura foin. De plus, reconnoiffant que la conversation m'a autrefois fait tomber en beaucoup d'imperfections Psal. 128. 1. & de manquemens, je m'écrierai: Sape expugnaverunt me; O mon ame, dites hardiment, dès mon bas âge l'on m'a grandement & fort souvent perféPfal. 70. 3. cuté. Domine, efto mihi in protectorem ; ô mon Dieu, foyez mon protecteur, foyez mon lieu de refuge,

Matt. 8. 2. fauvez-moi des embûches de mes ennemis. Domine,

fi vis, pores me mundare; Seigneur, pourvû que vous le vouliez, vous pouvez me rendre pur, & me faire Pfal. 142. 8. la grace de paffer la journée fans vous offenfer. Notam fac mihi viam in qua ambulem ; j'ai élevé mon cœur vers vous, ô mon Dieu, pour cet effet; délivrez moi de mes adverfaires ; apprenez-moi à faire votre volonté, puifque vous êtes mon Dieu. Votre bon efprit me conduira par la main au bon chemin, & votre divine Majefté me donnera la vraie vie par fon indicible amour & par fon immense charité.

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