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calomnies. Ils le décrioient par-tout, comme un përturbateur du repos public, comme un féducteur, comme un magicien : Il fçut même qu'ils avoient apofté des gens pour attenter à fa vie ; mais il n'y eut jamais ni menaces, ni dangers, qui puffent le forcer à abandonner l'œuvre de Dieu.

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XIII. Jamais il ne prit confeil de la politique mondaine, ni du respect humain : mais quand il ne pouvoit paroître au grand jour & rendre un témoignage public à la Foi, fans mettre fa vie dans un péril évident alors, pour obeïr à l'Evangile, ildifparoiffoit pour un peu de tems: encore, où fe retiroit-il? Par-tout où il trouvoit un plus prompt & plus sûr azile; tantôt fous les ruines des vieilles mazures; tantôt dans l'horreur des plus fombres forêts; quelquefois dans un four ; d'autres fois dans une glaciere. C'est-là que ce généreux Soldat, comme dans un fort impenetrable, comme sous la tente du Dieu des armées, fe déroboit aux pourfuites des Hérétiques; & s'il refferroit là pour quelque-tems l'ardeur de fon zele, c'étoit pour le déployer enfuite avec plus de force contre les ennemis de la Religion.

XIV. De-là cette grandeur d'ame, vraiment héroïque, qui lui faifoit méprifer tous les artifices de leur malice, tous les excès de leur fureur. Le Baron d'Hernance, Commandant de la Fortereffe des Allinges, lui repréfenta qu'il ne pouvoit le garentir des dangers de mort, à quoi il étoit fans cefle expofé, que tôt ou tard ily fuccomberoit, à moins qu'il ne fe réfolût à ne fortir jamais des Allinges,. que fous une bonne efcorte; & il la lui offrit, le conjurant de la vouloir bien accepter. Mais François, animé d'une vive confiance en Dieu, lui répondit avec cette candeur qui lui étoit naturelle,

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XV. Imò cum idem affereret hæreticos vi coercendos, oftentaretque tormenta bellica, militare fubfidium, quo poffet Francifcus uti ad eofdem hæreticos,vel comprimendos, vel ad meliorem frugem revocandos ; ingenuè profef fus fuit, quam altè de divini verbi potentia fentiret,affirmans,opus non effe machinis, ubi Deus ejus verbum audiri permitteret.

XVI. Neque Deus tantam ejus fiduciam fraudavit:nam cum ficarii complures, immiffi ad eum de medio tollendum, tandem Francif cum naci, ftrictis gladiis, cædem facturi, in eum irruiffent ; ejus præfentiá & lenitate permoti,dejecti ac exarmati fuere:nunquam enim Deus eos finit cadere, qui,fpe divinæ providentiæ, Fidem fuftinent.

XVII. Proptereà,de cœlefti patrocinio,jam, ob innumera experimenta, certus, maluit agere Dei caufam,quàm exequi imperium parentis,à quo jubebatur vitæ,tot infidiis appetitæ, confulere, fuam que domum repetere, ubi, per quietem ac fecuritatem, fas erat Deo fuperif que liberiùs vacare.

qu'il n'avoit befoin d'autre escorte que de celle des faints Anges, que la Providence lui avoit def

tinés.

XV. Le même Commandant lui ayant dit, en lui montrant les pieces d'artillerie & la garnifon de la Place: Tout ce que vous voyez-là eft à votre fervice, vous n'avez qu'à parler; nous avons ici tout ce qu'il faut pour convertir, ou pour foudroyer les hérétiques les plus obftinés : ces gens-là n'entendent point raifon; ce n'eft que par la force qu'on peut les réduire. Mais l'homme Apoftolique fit bien voir les hauts fentimens qu'il avoit de la divine parole, quand il afsûra que, pourvû qu'il plût à Dieu de lui permettre de l'annoncer, elle feule étoit affez puiffante pour operer les plus grands prodiges.

XVI. Une fi noble confiance ne pouvoit être trompée. Les affaffins, après bien des recherches inutiles, trouverent enfin l'occafion d'exécuter leur déteftable deffein. Déja ils couroient fur le faint Miffionnaire, l'épée nue & en grand nombre, tout prêts à lui ôter la vie: mais Dieu, qui n'abandonne jamais les défenfeurs de la Foi qui ont mis en lui toute leur confiance, fit que ces loups furieux, à la vûë de François, furent fi touchés de l'air de férénité & de douceur qui brilloit fur fon vifage, que les ar'mes leur tomberent des mains : ils le laifferent échafans lui faire aucun mał.

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XVII. Une infinité de pareilles experiences étoient pour l'homme de Dieu de sûrs garans de la protection du Ciel, & fortifioient en lui de plus en plus ce courage intrépide, qui le faifoit marcher en affurance au milieu des plus grands dangers. Il n'en étoit pas ainfi de fon pere le Comte de Sales, il trembloit à tout moment pour les jours d'un fils qui lui étoit fi cher ; & pour calmer des frayeurs qui lui pa

XVIII. Quin ftudiofiùs accuratiùfque in Ecclefiæ defenfionem incubuit; & cum voce prohiberetur adjuvare populorum Fidem, capit,ex fcripto, pluribus confectis libellis,evulgatifque thefibus, intimè hærefim percellere : tantumque effecit, ut Tononi parochiam erexerit: & paulò poft, cum infigni Religionis Catholica incremento, plures ad veritatis lumen viros,doctrinâ celebres, quorum præcipuè authoritate mendacium nitebatur, adduxerit.

XIX. In hoc tamen Fidei augmento, prudentiæ modum retinuit ; ne, liberiùs agens, aucta perderet: itaque Curionis partes agens, & Euchariftia facramentum ad Catholicos,in vita difcrimine pofitos,deferens,ne quid injuriæ facro-fanda Euchariftia Secarii infer rent, eam geftabat, argentea thecâ inclufam, è collo pendulam: ipfe interim pileo tectus, pallio circumvolutus, gravi paffu, neminem de via falutans, venerandus incedebat.

roiffoient fi bien fondées, il prit le parti de le rappeller à la maison paternelle, lui repréfentant qu'il y pourroit vacquer au fervice de Dieu avec bien plus de liberté, parce qu'il y trouveroit, & plus de sûreté & plus de repos: mais ce fidele Difciple de JefusChrift ne craignit point de dé obéir en cette occafion à fon pere felon la chair, pour obéir au Pere céleste, & pour remplir les devoirs de fa vocation dans toute leur étenduë.

XVIII. Son zele, qui croiffoit tous les jours, lai fit inventer de nouveaux moyens de fe rendre de plus en plus utile à l'Eglife. Dans le tems qu'il ne pouvoit travailler à l'inftruction des peuples par le miniftere de la prédication, il fe mit à les inftruire par écrit, & compofa plufieurs ouvrages de piété, & mê.ne de controverfe, où il attaquoit l'héréfie jufques dans les derniers retranchemens. Il eut en tout cela des fuccès fi avantageux à la Religion Catholique, qu'il parvint à ériger une Paroiffe à Thonon : & à quelque-tems de-là, il eut la confolation de voir revenir par fes foins, des ténebres du menfonge à l'admirable lumiere de la verité, un grand nombre de ceux, qui, par la réputation de leur doctrine, étoient les principaux appuis de l'erreur.

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XIX. Il n'arrive que trop fouvent aux perfonnes, dont le zele eft plus ardent que prudent, de ruiner l'œuvre de Dieu, pour la vouloir avancer avec trop de précipitation. François ne donna dans cet écueil. Quelqu'heureufes que fuffent toutes les entreprises pour la Foi, on ne le vit jamais, ébloui par tant de glorieux avantages, fe livrer aveuglément aux tranfports de fon zele ; il fçut toujours le retenir dans les bornes de la modération, & le régler par la prudence. Faifant à Thonon les fonctions de Curé, il étoit obligé de porter le S. Viatique aux Fidéles

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