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XXIII. Revêtu de cette nouvelle dignité, qui donnoit un furcroit d'autorité à fon zele, & honoré du caractere Epifcopal, qui étoit pour lui une nouvelle fource de grace & de fecours, il fe livra tout entier aux moyens les plus efficaces d'étendre l'empire de Jefus-Chrift, & d'élever l'Eglife fur les ruines de l'héréfie. Etant de retour à Anneffy, il y remplit, en l'absence de l'Evêque Diocéfain, toutes les fonctions Epifcopales : il y établit un Séminaire, & à Thonon une maifon de piété, qui, par fes différentes manufactures, étoit comme un magafin de toute forte de marchandises; afin que les habitans de la Ville & ceux de la campagne, engagés par leur propre commodité à les y acheter, plûtôt que de les aller chercher jufqu'à Geneve, rompiffent tout com. merce avec les hérétiques, commerce toujours trèsdangereux pour la Foi.

XXIV. La conftance de l'Homme de Dieu fut mife encore à de nouvelles épreuves. L'ennemi dont il eft parlé dans l'Evangile, c'eft-à-dire le démon, qui fe plaît à femer la zizanie dans le champ du pere de famille, avoit jetté entre la France & la Savoye des femences de difcordes,qui produifirent enfin une guerre ouverte. Les Genevois profitant de cette conjoncture pour étendre leur héréfie, fous prétexte de porter du fecours à la France, s'emparent du Chablais & du pays de Thonon; en chaffent les Curés. Catholiques, y envoyent des Prédicans de la fecte de Calvin, qui arrachent par-tout le bon grain de la verité, & fément à fa place le poifon de l'erreur.

XXV. François ne l'a pas plûtôt appris, qu'animé par ces paroles du Roi Prophète : Oui, je me verrois feul contre des armées entieres, fans que la crainte faisit mon cœur: elles feroient prêtes à fondre fur moi, fans que ma confiance en Dieu en reçût la moindre atteinte

in caftra; ductufque à militibus, more bellico, ad Vitriacum Regiarum excubiarum Præfedum, ab eo exceptus perquàm honorificè fuit ac dimiffus cum Regiis litteris, quibus præcipiebatur, ne quidquam in Religionis nego tio innovaretur; quidquid verò novi inaudum foret, in priftinum revocaretur.

XXVI. Neque contentus hâc victoria, per quam amiffa revocaverat ; aliam retulit, per quam damna intulit hærefi,Religioni verò incrementum attulit. Cum enim ager Gexenfis fub Gallorum dominio effet, ad Regem Lutetiam fe contulit, ab eoque litteras obtinuit, quibus liceret ipfi eo in agro habere de Catholica veritate cônciones, quarum gratiâ & efficacitate plurimos Ecclefiæ fubjecit.

XXVII. Valebat enim fummâ & efficaciffimâ dicendi potentiâ,quam illi è cælo conciliaverat fumma cordis innocentiffimi fanctitas; adeò ut Chriftianiffimus Rex neminem, ad Jacobi Regis Angliæ animum conciliandum, atque ad veritatem fleitendum , aptiorem Francifco exiftimaverit ; & Paulus V. prædeceffor nofter, felicis recordationis, aliquot per annos eumdem allegaverit, ad componendas difcordias, quæ fuborta fuerant inter Albertum, & Claram Eugeniam Archiduces & Clerum Comitatus Burgundiæ.

plein de cette force plus qu'humaine, que l'efprit de religion infpire, il fe jette dans le camp de France. On l'arrête, &, fuivant les loix de la guerre, on le conduit au Commandant ; c'étoit le fieur de Vi; try, Capitaine des Gardes du Corps. Il reçoit François avec les plus grandes marques d'honneur, & lui fait expédier des Lettres Royaux, qui deffendent de rien innover en matiere de Religion, & qui ordonnent que, dans tous les endroits où l'on auroit fait des innovations, on rétablît les chofes fur l'ancien pied.

XXVI. Non content de cette victoire, qui réparoit les pertes de la Religion; François en remporta encore une autre, qui enrichit la Religion par les pertes de l'héréfie même. Le Pays de Gez, où l'héréfie étoit dominante, venoit d'être uni à la Couronne de France. François fait un voyage à Paris, demande au Roi & obtient de lui des Lettres Patentes, qui permettent de prêcher en ce pays-là les verités Catholiques. L'Homme de Dieu y prêche, mais avec tant de grace & d'efficace, qu'il convertit un grand nombre d'hérétiques.

XXVII. En effet, il avoit une éloquence admirable, à laquelle on ne pouvoit réfifter ; & c'étoit en lui moins un talent naturel ou acquis par l'étude, qu'un don furnaturel, & le fruit de la pureté de fon cœur. On en étoit fi généralement perfuadé, que le Roi Très-Chrétien avoit coutume de dire, qu'il ne connoiffoit perfonne au monde qui fût plus propre que M. le Coadjuteur de Geneve, à gagner le cœur de Jacques I. Roi d'Angleterre, & à faire plier cet efprit indocile fous le joug de la Foi : Et que Paul V. notre Prédéceffeur, d'heureuse mémoire, le fit quelques années après fon Légat, pour terminer, en qualité d'arbitre, les différends, qui

XXVIII. Quamvis autem ardentiffimum fuerit ejus in procurandâ re Catholicâ ftudium,dum Coadjutor fuit; laxavit nihilominus univerfas habenas charitati, cum, auditâ hinc parentis, hinc Epifcopi Granerii morte, quorum primi poteftas quotidie ad domeftica revocabat, & alterius reverentia, ne quid ni mium fibi arrogare videretur, cohibebat: conceffam fibi tandem, quòcumque pietas impelleret, eundi facultatem cognovit. Sic plena poritus authoritate, integras Epifcopi partes fuf cepit.

XXIX. Cavere, nè Grex ac Diœcefis improborum Hæreticorumque, more luporum infidiantium, incurfibus pateret, ordinare Clerum,ftatuere familiam religiofis moribus compofitam; fandorum Patrum veterumque Epif coporum exempla fibi proponere, cunda Epif copalis vitæ momenta fuis virtutibus fundionibufque animare, Synodum cogere, Ecclefiaftica difciplinæ leges vel reftituere, vel fancire, ac potiffimum Catholica Religionis finceritati confulere, quà mores Catholicorum informando, quà Sectariorum dogmata evertendo, quà deceptas oves ad ovile reducendo.

étoient

étoient furvenus entre l'Archiduc Albert, l'Archi ducheffe Eugenie & le Clergé de la Franche-Comté,

XXVIII. Tant que vêcurent le Comte de Sales & l'Evêque Granier, François vit fon zele refferré, d'un côté, par l'autorité paternelle qui le rappelloit fans ceffe à des foins domestiques ; & de l'autre, par le refpect qu'il devoit à fon Evêque, fur les fonctious duquel il craignoit d'empiéter. Mais après leur mort, ce même zele, qui paroiffoit très-ardent dans le Coadjuteur, le fut bien davantage dans le nouvel Evêque de Geneve. Ce fut alors que fe voyant en pleine liberté de fuivre les mouvemens de fa charité, & dans l'obligation de remplir les devoirs de la follicitude Paftorale dans toute leur étendue, il ne mit plus de bornes à fa ferveur.

XXIX. Attentif plus que jamais à préserver fon troupeau de la morfure des loups, à mettre fon Diocèle à couvert du libertinage & de l'héréfie, il publia de faintes Ordonnances pour établir le bon ordre dans fon Clergé ; il fit de fages Réglemens, pour former en toutes les perfonnes qui compofoient fa maison, des mœurs édifiantes ; & pour ne laiffer aucun vuide en fa vie, il réfolut d'en remplir tous les momens par des actions de vertu, fe propofant pour modeles les plus faints Evêques de l'antiquité. Tenir des Synodes, rétablir les anciennes Loix de la difcipline Eccléfiaftique, ou en faire de nouvelles; fur-tout travailler fans relâche à conferver la Religion Catholique dans toute fa pureté, foit en inftruifant les Fidéles, foir en réfutant les erreurs des hérétiques, foit en ramenant au troupeau de Jefus Chrift les brebis éga rées: Telles étoient les occupations de l'Evêque de Geneve.

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