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par témérité : ce que poffible les autres feroient, s'ils s'expofoient aux hazards fans légitime vocation; Eccli. 3. 17. étant écrit, que celui qui aime le péril, beaucoup plus celui qui le cherche, y périra.

CHAPITRE V.

Force de la
la Douceur.

ON avoit été contraint de mettre en prifon

un

Eccléfiaftique de fon Diocefe, qui étoit vicieux & fcandaleux. Après qu'il y eut féjourné quel ques jours, il témoigna du repentir ; & avec beaucoup de larmes & de proteftations de fe corriger, il demanda avec inftance de fe jetter aux pieds de fon faint Prélat, qui lui avoit déja pardonné plufieurs fautes.

Les Officiers qui connoiffoient la parfaite douceur de l'homme de Dieu, ne pouvoient confentir qu'on le lui menât, fachant que le voir & exciter fa compaffion feroit une même chofe, quoique fes fcandales méritaffent une punition exemplaire.

Il arriva néanmoins qu'il obtint à force de prie res la vûe tant défirée de fon Pasteur, & que la punition exemplaire qu'il méritoit, fut convertie en l'acte héroïque, & beaucoup plus exemplaire de notre Bienheureux. Dieu ayant des refforts dans fa Providence qui font cachés à toute prudence hu

maine.

Etant en la présence de fon Evêque, il fe jette à fes pieds & lui crie miféricorde, proteftant à Dieu & à lui qu'il changeroit de vie, & qu'il feroit abone der le bon exemple où le scandale avoit abondé. Le faint Evêque fe jette auffi à genoux devant ce cou

pable; & comme l'autre tout confus lui demandoit qu'il eût pitié de lui: Et moi, lui dit le Saint fondant en larmes, je vous demande par les entrailles de la miféricorde de Jefus-Chrift, en laquelle nous efperons, que vous ayez pitié de moi, de tous tant que nous fommes d'Eccléfiaftiques en ce Diocèse, de l'Eglise & de toute la Religion que vous ruinez d'honneur par votre vie fcandaleufe, qui donne lieu à nos adverfaires de blafphemer notre fainte foi.

Je vous demande que vous ayez pitié de vousmême, & de votre ame, que vous perdez pour une éternité. Je vous exhorte de la part de JesusChrift, de vous reconcilier à Dieu par une vraie pénitence.

Je vous en conjure par tout ce qu'il y a de faint, & de facré au Ciel, & en la terre, par le Sang de Jefus-Chrift que vous foulez aux pieds, par la bonté de ce Sauveur que vous crucifiez de nouveau, par l'efprit de grace à qui vous faites outrage.

Ces remontrances eurent tant d'efficace, (l'efprit de Dieu parlant par la bouche de ce faint Pafteur,) que depuis, ce coupable ne retomba plus dans les défordres, mais devint un exemple de

vertų.

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CHAPITRE VI.

Patience notable.

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E Bienheureux s'étoit rendu caution d'une fomme confidérable pour սո Gentilhomme qui lui étoit ami & allié. Au terme convenu le créançier preffe le bon Evêque pour être payé, lequel

lui remontre avec toute la douceur poffible, que le Gentilhomme avoit vaillant cent fois plus que la fomme qui lui étoit dûë; qu'étant affuré du principal, il n'étoit pas difficile d'avoir fatisfaction de l'interêt ; que le débiteur étant à l'armée au fervice du Prince, il ne pouvoit pas quitter pour venir lui donner contentement, & le conjura d'avoir un peu de patience.

Le créancier, foit qu'il fût preffé, foit qu'il fût de mauvaise humeur, ne fe contente point de ces excuses fi juftes & fi raisonnables, mais demande, redemande, à tems, à contre tems, crie, tempête, & fait raisonner fes plaintes par-tout.

Le Bienheureux ne lui demande que le tems d'avoir des nouvelles du Gentilhomme, pour lui donner toute fatisfaction. L'autre ne veut point attendre ce délai, ufant de termes âpres, & de reproches

indécens.

Le Bienheureux lui dit avec une manfuétude incroyable Monfieur, je fuis votre Pasteur, auriezvous bien le courage, au lieu de me nourrir comme mon ouaille, de m'ôrer le pain de la bouche ? Vous fçavez que je fuis rédui: à l'étroit, & que je n'ai que justement & petitement ce qu'il faut pour mon entretien je n'eus jamais devant moi la fomme que yous me demandez, & que j'ai néanmoins cautionnée par charité: me voulez-vous difcuter avant le principal débiteur ? J'ai quelque patrimoine, je vous l'abandonne; voilà mes meubles, mettez-les fur le carreau, vendez-les, je me remers à votre volonté. Je vous demande feulement que vous m'aimiez pour Dieu, & que vous ne l'offenfiez point par colere, par haine, ou par fcandale; fi cela eft, me voilà content.

L'autre répondit, que toutes ces paroles n'étoient

fumée & eau-bénite de Cour. Enfin il tonne que fans néanmoins étonner l'homme de Dieu; il vomit mille injures que le Bienheureux recueilloit comme des bénédictions, & comme s'il lui eût jetté des perles & des roses au vifage: touché néanmoins d'une douleur interieure de cœur de voir Dieu fi outrageufement offenfé; pour trancher donc d'un revers tant d'offenfes, & ne point faire de fa patience une planche à tant de péchés, il lui dit avec une férenité merveilleufe: Monfieur, mon indifcrete caution eft caufe de votre colere ; je m'en vais faire toutes les diligences poffibles pour vous donner contentement: mais après tout, je veux bien que vous fçachiez, que quand vous m'auriez crevé un œil, je vous regarderois de l'autre auffi affectueufement que le meilleur ami que j'aie au monde.

L'autre fe retire tout confus, quoiqu'il murmurât entre fes dents, difant affez intelligiblement des paroles choquantes. Le Bienheureux avertit le Gentilhomme, qui vint en diligence, & délivra le Bienheureux par un prompt payement de cet inju rieux créancier, lequel plein de honte & de confufion, vint trouver le Bienheureux, & lui demander mille pardons. Il le reçut à bras ouvers, & l'aima depuis avec des tendreffes particulieres, l'appellant fon ami reconquis.

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CHAPITRE VII.

Son adreffe à excufer le Prochain.

E me plaignois à notre Bienheureux de quelques petits Gentilhommes de Campagne, qui tant pauvres comme Job, faifoient les grands Sei

gneurs, ne parlant que de leur nobleffe & des hauts faits de leurs ancêtres.

Il me repartit avec une grace merveilleufe; que voulez-vous ? que ces pauvres gens foient doublement pauvres : au moins s'ils font riches d'honneur, ils penfent d'autant moins à leur pauvreté, & font comme ce jeune Athenien, qui dans fa folie fe tenoit pour le plus riche de fon pays, & étant guéri de fa foibleffe d'efprit par le foin de fes amis, les fit appeller en Juftice, pour fe voir condamner à lui rendre fon agréable rêverie.

Que voulez-vous ? c'eft le propre de la Nobleffe d'avoir contre mauvaise fortune bon cœur. Elle est

généreufe comme la palme qui fe relance contre fon faix. Plût à Dieu qu'ils n'euffent point de plus grands défauts! c'eft de ces malheureux & déteftables duels

qu'il fe faut plaindre, & dit cela en foupirant.

Un jour, comme on parloit devant lui avec de grandes exclamations, & même avec des invectives véhémentes d'une faute extrêmement fcandaleuse, quoiqu'elle fût d'infirmité, commife par une perfonne de Communauté, il ne difoit autre chofe, finon, mifere humaine, mifere humaine. Une autre fois que nous fommes environnés d'infirmités : une autre fois; que pouvons-nous faire de nous-mêmes que faillir? une autre fois : nous ferions peut-être pire, fi Dieu ne nous tenoit par la main droite, & ne nous conduifoit en fa volonté.

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A la fin, comme l'on preffoit cette chûte avec des exagérations aiguës & piquantes, il s'écria: » Ola » bienheureuse faute, qu'elle fera cause d'un grand » bien ! cette ame étoit perdue avec plufieurs autres, » fi elle ne fe fût perdûë; fa perte fera son gain & » l'avantage de plufieurs autres ! « Quelques-uns mépriferent cette prédiction.

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