페이지 이미지
PDF
ePub

nes

l'honneur de vous faire part les années précedentes. Il y a longtems que je n'avois en occafion de vous entretenir des Miffions du Royaume de Carnate, voifide celles de Maduré, formées fur le même plan. Le P. Calmette nous inftruit de l'état préfent de ces Miffions, de leur étendue, du progrez qu'y fait la foi, des Eglifes qu'on y a élevées, de la ferveur des nouveaux fidéles, & des perfecutions prefque continuelles fufcitées par les Docteurs Gentils, encore plus ennemis du Chriftianifme, que ne le font les Mahometans de qui ils dépendent.

Cette Lettre eft adreffée à M.

le Marquis de Coëtlogon, qu'une pieté fincere & un vrai zéle pour le falut des infidéles, avoit mis en relation avec le Miffionnaire. Il ne la reçut pas néanmoins: quand elle arriva, il avoit déja fi ni une vie pleine d'années, de vertus, & de gloire, car quelques jours avant fa mort, à laquelle il fe préparoit depuis plufieurs années dans notre maifon du Noviciat, il fut honoré du Bâton de Maréchal de France, dont le Roy erut devoir récompenfer fes importans fervices, une longue fuite d'actions glorieuses. Il reçut

eet honneur avec toute la reconnoissance d'un sujet dévoué de tout tems à la gloire de fon Prin

ce

au bien de l'Etat, & avec Les fentimens d'un Chrétien, qui n'afpire plus qu'aux récompenfes de l'Eternité. Sa mémoire fera toûjours chere à ceux qui ont été fi long-tems & de fi près les témoins de fes vertus.

Le Royaume de Carnate étant partagé en differentes dominations, il arrive rarement que la perfecution y foit générale: S'il s'éleve un orage dans une Contrée, le calme & la tranquillité regnent d'ordinaire dans une autre. Il n'en eft pas de même de la Chine, qui ne nous préfente plus rien que de trifte & d'affligeant, Les Miffionnaires qui furent chaẞez des Provinces il y

a environ dix ans, & releguez à Canton, viennent d'être chaffez de Canton même & renvoyez à Macao, petite Ville qui appartient aux Portugais, mais où pourtant les Chinois font les maîtres. On ne leur a donné que trois jours pour fe préparer au départ, & emporter leurs meubles.

C'est le 20. d'Août de l'année 1732. qu'on les obligea de s'embarquer au nombre de plus de trente, avec défenfe de retourner à la Chine, fous peine d'être punis fuivant toute la rigueur des Loix. L'unique raifon qu'on leur a apportée d'un traitement fi dur, c'est qu'ils avoient contrevenu

aux ordres de l'Empereur, en publiant la Loi Chrétienne. Ainfi il ne reste plus dans ce vafte Empire que 23. Mission naires qu'on tolere encore à Peking; fçavoir, deux Ecclefiaftiques de la Propagande, huit Jefuites François, fix Jefuites Por tugais, trois autres Fefuites Allemands, avec quatre freres Coadjuteurs, fans compter quelques-uns en petit nombre qui font cachez dans les Provinces. Le P. Porquet qui nous apprend le détail de ce qui s'eft paffé à Canton, ignoroit les mefures qui fe prenoient à Peking. F'en ai été informé par des Lettres venues de Peking même,

« 이전계속 »