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pefanteur; cryftallife & minéralife les entrailles de la Terre; éleve ou abaiffe les flots de l'Océan ; enfante & détruit les différens Météores dans l'Atmosphere; crée & perpétue les diverfes efpeces d'Animaux & de Végétaux, fur la furface de notre Globle; met lesTourbilions des Etoiles en équilibre entre eux; produit les Planetes & les Cometes; métamorphofe les Corps opaques en Corps lumineux, & les Corps lumineux en Corps opaques dans le Ciel.

Quelle force & quelle grandeur, dans ce génie ! On ne peut trop s'étonner qu'un homme ait été capable d'embraffer ainfi d'un feul coup-d'oeil, la Nature entiere, dans toute fon étendue ; & de réduire à une auffi fimple hypothese, tout ce que préfente de varié & de compliqué, l'ensemble de l'Univers. Qu'il eft fâcheux, que ce qui parut d'abord l'hiftoire de la Nature, n'en foit plus aujourdhui que le Roman!

Cette romanefque Hypothefe, dont nous développerons ailleurs les vices fondamentaux, changea cependant la face de la Philofophie. Endormie & enfevelie depuis long-tems au fein de la craffe Ignorance & du barbare Pédentisme, la Philofophie fut réveillée par les charmes intéreffans de ce brillant délire; qui lui infpira le goût des Connoiffances, & qui la mena à l'amour de la Vérité. Ainfi font faits les hommes: incapables de recevoir la jufte impreffion qui leur convient, fouvent on ne peut les tirer d'un abyme, qu'en les entraînant dans un autre abîme;communément on ne peut les éclairer par la Raifon, qu'après les avoir féduits par l'Imagination: c'eft ce que fit Defcartes.

Pour ébranler jufques dans fes fondemens l'ancienne Philofophie, qui confacroit l'Ignorance & le Préjugé, il lui fallut créer un Systême fingulier, capable de ré veiller & d'intéreffer le génie létargique de fon fiecle. Il créa ce Systême : le génie réveillé & mis en jeu fentit le vide & le ridicule de la Philofophie alors ré

gnante; s'appliqua, avec ardeur, à remonter à la connoiffance des Caufes, par l'obfervation des effets; & en vertu du branle donné par Defcartes, vint à bout, après bien des écarts, de faire peu à peu d'utiles Découvertes; de connoître & de calculer les vraies Loix du mouvement; de deviner ou de foupçonner les vrais Principes des chofes; de faifir le vrai fyftême du Monde ; d'arracher, du moins en partie, à la Nature, le voile ténébreux qui la cachoit.

SEPTIEME SENTIMENT.

LES DIVERS PRINCIPES DES CHYMISTES.

166. DÉFINITION I. La Chymie eft une science dont l'objet eft de connoître la nature & les propriétés des Corps, par leurs analyfes & par leurs combinaifons." L'Analyfe fépare les unes des autres, les parties conftituantes d'un corps: la Combinaifon forme de nouveaux Touts, par l'union de certaines parties conftituantes d'un corps, avec certaines parties conftituantes d'un autre corps. Parmi ceux qui s'attachent à la Chymie, les uns s'appellent Alchymiftes, les autres fe nomment fimplement Chymiftes.

1o. Les Alchymiftes, qui fe regardent comme les Chymiftes par excellence, font ceux qui s'occupent follement à chercher la Pierre philofophale: cervaux creux, dont tout le mérite confifte à adopter un jargon énigmatiquement barbare; & à fe nourrir d'efpérances folles & chimériques. Ils fe nomment auffi Adeptes; c'eft-à-dire, Chymiftes confommés dans leur art: quafi Artis chymica perfectionem adepti. (146).

II. Les Chymiftes font ceux qui s'occupent utilement à décomposer & à recompofer des Corps': foit pour en connoître la nature; foit pour fervir la Médecine & les Arts.

La Chymie, dont nous ne donnerons ici qu'une No

tion préliminaire, telle que l'exige & que la fuppofe néceffairement toute vraie Introduction à la Phyfique, formera la majeure partie du cinquieme & dernier volume de cet Ouvrage; & on pourra voir & confulter d'avance, dans ce dernier Volume, fi on le fouhaite, les Articles que l'on trouveroit trop peu étendus & trop peu développés dans celui-ci.

167. DÉFINITION II. L'Analyfe chymique eft l'art de féparer les unes des autres, non les Parties intégrantes, mais les Parties conftituantes d'un corps: ce qui fe fait en deux manieres, ou par l'action du feu, ou par l'action des Diffolvans. La premiere eft fondée fur une différente Volatilité, la feconde fur une différente Diffolubilité, dans les Principes du Corps à décompofer.

I. Si dans un Alambic placé fur le feu, on met un Mixte quelconque, dont les parties conftituantes aient une differente Volatilité : il eft clair que les plus volatiles doivent être exaltées en vapeurs par un plus foible degré de chaleur, qui n'exaltera point les autres. Ces parties plus volatiles fe fépareront donc des autres en L; fe porteront vers le Chapiteau MN; & on les recueillera à part en NO. (Fig. 9).

Un degré de chaleur un peu plus fort exaltera enfuite d'autres parties moins volatiles que les premieres, plus volatiles que certaines autres parties de la maffe reftante. Ces parties s'éleveront donc à leur tour vers le Chapiteau; & on les recueillera encore à part en NO.

En continuant de cette maniere à augmenter fucceffivement la cha'eur, on aura fucceffivement des Extraits correfpondans aux divers degrés de volatilité, qu'ont les divers Principes du corps à décompofer.

II°. Si on a un Mixte quelconque, dont les parties conftituantes aient une différente Diffolubilité"; il est

clair qu'un Diffolvant qui attaquera les unes, n'attaquera pas les autres. Ces Parties conftituantes pourront donc être féparées les unes des autres.

Par exemple, fi on a une maffe compofée d'or & d'argent; l'Eau-forte diffoudra l'argent & ne diffou: dra point l'or: on aura donc l'or, féparé de l'argent.

PRINCIPES DES PARACELSISTES.

168. EXPLICATION. Les Chymiftes du moyen âge c'est-à-dire, à peu près du tems de Paracelfe, vers le milieu du quinzieme fiecle, regarderent comme Principes primitifs des Corps, les divers résultats de l'Analyfe chymique, ou les diverfes fubftances qui résultent de la décompofition des Corps.

Ils en admirent cinq, favoir, le Mercure, le Phlegme, le Soufre, le Sel, la Terre. Ces cinq principes furent nommés Principes des Paracelfiftes: du nom de Paracelfe, le plus célebre Médecin & le plus grand Chymifte de fon fiecle, né à Einftdeln près de Zurich en 1493, & mort à Saltzbourg en 1541.

I. Ils entendoient par Mercure, non le Minéral qui porte ce nom; mais ce qu'ils retiroient de plus volatil, de plus fpiritueux, de plus capable d'affecter le goût & l'odorat, dans l'analyfe des Corps.

II. Ils nommoient Phlegme, les Produits aqueux non inflammables, que leur donnoit l'analyse des Corps.

III. Ils défignoient par le nom de Soufre, nonfeulement les matieres fulphureufes & le foufre commun; mais encore les huiles quelconques, & tout ce qu'ils obtenoient d'inflammable, en décompofant les Corps.

IV°. Ils donnoient le nom général de Sel, à toutes les matieres falines, de quelque nature qu'elles fuffent, qu'ils retiroient de leurs analyses.

V. Ils comprenoient, fous le nom de Terre, ce

qui refte de fixe, après l'analyfe des corps. Voici tin exemple de cette Analyfe chymique, à laquelle on donne le nom de Diftillation.

IDÉE DE L'ANALYSE CHYMIQUE.

169. EXPÉRIENCE. Si fur un bon Fourneau chymique, on met du Vin à diftiller, dans un Matras out dans une Cucurbite de verre L: voici les divers effets qui en réfultent. (Fig.9).

Io. Du fein de la Cucurbite ou du Matras L, s'éleve d'abord vers le Chapiteau M, une Vapeur fubtile, que le Réfrigérant PQN convertit en liqueur; & qui fe précipite dans le Récipient O. Ce principe, le plus actif & le plus volatil des principes à décomposer, eft ce que la Chymie nommoit alors Efprit ou Mercure. Ce dernier terme n'eft plus en ufage en ce fens, dans la Chymie.

II°. Après la fublimation de ce Principe fpiritueux, du fein du même Matras ou de la même Cucurbite s'éleve également vers le Chapiteau, une autre liqueur fans goût & fans faveur: ce principe plus aqueux & moins favoureux, c'eft le Phlegme.

III. Après la fublimation de ces deux Principes, il refte au fond de la Cucurbite L, une Matiere vifqueufe; qui, tranfportée dans une femblable Cucurbite de grès, & foumife à un feu plus violent, donne dans la fublimation, premierement une liqueur infipide, fecondement une autre liqueur infipide, troifiemement une liqueur acide, quatriemement une liqueur vifqueufe.

Les deux premiers résultats de cette nouvelle opération, peuvent se rapporter au Phlegme: les deux derniers font ce que l'on appelle encore affez communément les Huiles.

IV. Après ces opérations, il refte au fond de la Cucurbite, un marc ou un fédiment, que l'on brûle

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