Sur tous les autres Dieux Jupiter a l'empire: different-ils de cette maxime de Platon? A la vertu la gloire affure fon fuffrage; dans ceux-ci d'Euripide qui y ont quel- On a écrit que le peu de fragmens qu'on cite de ce Poëte, ne font pas de lui, mais d'Héraclide du Pont, qui, au rapport d'Ariftoxene, L. 6. Sect, grain cité par Diogene Laerce, fit paroître quelques Tragédies de fa façon, fous le nom de Thefpis. (1) Bacchilide, Poëte lyrique, de l'ifle de Céos, floriffoit en Gréce, vers la quatre-vingtdeuxieme olympiade. Hiéron, tyran de Syracufe, dit M. Rollin, préféra fes Ouvrages à Hift. anc. T. ceux de Pindare, dans les jeux Pythiens. Čom- 12, p. 43v me ils ne font pas parvenus jufqu'à nous, il n'eft pas poffible d'en juger. Mais l'opinion commune de l'antiquité favante, qui a conftamment donné à Pindare le premier rang entre les Poëtes lyriques, doit, ce semble fixer tous les doutes. Avantages chement Aimez la tempérance & formez-vous fur elle: Aux honneurs parvenu, fais que ton opulence De la vertu devienne l'inftrument. ne retrouvons-nous pas ce que les Philofo phes nous enfeignent dans tous leurs écrits: que fans la vertu, les richeffes & tous les autres biens extérieurs font inutiles, ou méme funeftes à ceux qui les poffedent. En rapprochant ainfi les penfees des de ce rappro- Poëtes, & les maximes des Philofophes, qui ont entr'elles un rapport naturel, on dépouille la poéfie de ce qu'elle a de fabuleux: on lui ôte, pour ainfi dire, fon masque; & l'on donne plus de poids à ce qu'elle contient d'utile. D'ailleurs l'efprit des jeunesgens fe tourne peu-à-peu vers la Philofophie; ils s'accoutument à fes préceptes, & lorfqu'il eft tems de les appliquer à cette étude importante, ils ne fe trouvent pas fi neufs fur les matieres qui en font l'objet, & ne font pas uniquement remplis des vains propos qu'ils entendent chaque jour tenir à leurs meres, à leurs nourrices, fouvent même à leurs perés & à leurs gouverneurs. On vante fans ceffe devant eux le bonheur des gens riches; on ne parle qu'avec horreur de la mort & du travail: on ne montre aucune eftime pour la vertu, quand elle eft féparée des richeffes. Lorfqu'enfuite les jeunes-gens entendent pour la premiere fois les maximes des Philofophes fi oppofées à ces fauffes opinions, ils font troublés, interdits, & prefque découragés. Ils ont peine à foutenir cette lumiere brillante, femblables à des hommes, qui fortant d'une obfcurité profonde, voient tout-à-coup le foleil, & font éblouis par fon éclat. que la lecture des foit nes-gens une Il faut donc leur préfenter d'abord, Il faut une lumiere, pour ainfi dire, équivo- Puetes que, entremêlée d'ombres & d'obfcu- pour les jeurités, qui les prépare à fixer fans préparation à trouble le grand jour de la Philofophie. Ainfi quand ils auront lu dans les Poëtes, les maximes fuivantes : la I hilofo phie. L'homme dans cette vie eft fait pour la douleur. Eur. ex Cref Au jour qui le voit naître, il faut donner phone. des larmes. Le moment de fa mort met fin à fes allarmes ; Les jeunes Que faut-il au mortel qui, bornant fes defirs; L'affreufe tyrannic eft chere aux feuls bar bares. Le plus heureux mortel, c'eft le moins malheureux. quand ils auront vu ces maximes dans les Poëtes, ils feront moins furpris & troublés d'entendre dire aux Philofophes: Que nous ne devons pas redouter la mort: que la nature a mis des bornes aux richeffes: qu'une vie heureufe ne confifte pas dans la multitude des biens, la puiffance & l'autorité: mais dans Pexemption de la douleur, l'affranchiffement des paffions, & la conformité de nos defirs aux befoins de la na ture. Conclufion. Concluons de tout ce que j'ai dit, gens ont be- que les jeunes-gens ont befoin d'être foin d'être fagement guidés dans la lecture des guidés dans la lecture des Poëtes, fi l'on ne veut pas, qu'en pafPoëtes. fant à l'étude de la Philofophie, ils y apportent des préjugés défavorables; |