PRÉFACE.

DANS

ANS tous les temps, il a été d'ufage parmi les Hommes, inême Payens & Idolâ tres, d'honorer ceux qui fe font fignalés par des actions héroïques, utiles & avanta geufes à l'état qu'ils ont illuftré; avec combien plus de raifon, devons pous nous faire un devoir indifpenfable, nous qui fommes Chrétiens, de célébrer par des Fêtes particulieres les dons précieux & les graces extraordinaires dont le Seigneur a bien voulu honorer les Saints Patrons de leur Eglife. Ainfi les Fideles qui compofent cette Paroiffe, doivent donc prendre une part toute particuliere aux folemnités qui sy font dans les jours confacrés à leur culte. Mais pour le faire avec fruit & rendre gloire à Dieu qui eft admirable dans fes Saints; Il faut entrer dans l'efprit de l'Eglife en y apportant toutes les difpofitions & les fentimens de piété qu'elle exige qui confiftent à offrir avec fon Pafteur, le Cler

a

gé & les autres Paroiffiens affemblés, les mêmes vœux, les mêmes prieres, les mêmes, actions de graces; parce que cette union de prieres eft plus efficace auprès de Dieu que toutes les dévotions arbitraires que l'on pourroit fuivre en fon particulier.

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C'eft dans ces vues qu'on a entrepris fous les aufpices & par les foins du refpecrable Pasteur qui gouverne cette Paroiffe de procurer à fon Peuple fidele les Offices propres de cette Eglife en Latin & en François avec le chant, pour leur faciliter les moyens de remplir leurs devoirs, en attendant qu'on leur donne dans un petit volume les Saluts qui s'y chantent pendant le cours de l'année. Ces Offices étant faits avec tout le foin poffible, on y apprendra avec quel refpect on doit folemnifer les Fêtes de ceux & de celles qui ne fe font fanctifiés qu'en mar chant fur les traces de Jefus-Chrift.

On admirera dans St Etienne, notre illuf tre Patron, fa vie irréprochable, fon élection au Diaconat, fon ordination, fon éloge, fes prodiges & fes miracles, fon zele ardent & courageux, fon martyre, fa priere en mourant, priere efficace, puifque fans elle, dit Saint Auguftin (a), l'Eglise n'eût

{ (a) Sermo 115, de Santo Stephano,

jamais eu de Paul. Si Stephanus non oraffet, Ecclefia Paulum non haberet. Le St Martyr fut redevable aux Apôtres de fon élection, & c'est d'eux qu'il reçut la maniere de prêcher l'Evangile : mais auffi les Apôtres à leur tour apprirent de lui, qui étoit homme, à fouffrir pour J. C. comme J. C. avoit fouf fert pour eux. Moïfe paffa la mer rouge par un chemin jufqu'alors inconnu, tout le peuple eut resté fur le bord fans ofer tenter ce périlleux paffage, mais le brave Amina dab fut le premier qui s'expofa à paffer après Moïfe: J. C. eft le véritable Moïfe de la Loi nouvelle, & Etienne l'Aminadab du nouveau Teftament. C'eft ce qui fait dire à St Auguftin (a), que toutes les Couronnes des autres Martyrs étoient renfermés dans celle de St Etienne.

On verra avec admiration dans Ste Genevieve fa naiffance, fes progrès dans la vertu, fa perféverance dans la priere, fes miracles, la dévotion du peuple de ce Royaume envers cette Sainte, les bienfaits que le Seigneur a accordés par fon interceffion à cette Capitale, foit dans la ftérilité ou les inondations, dans les maladies où af fictions. On y verra même que nos Rois la

(a) Ibidem

regardent, après la Ste Vierge fous la pro tection puiffante de laquelle ils ont mis par le culte le plus religieux & le plus édifiant, & leurs Perfonnes auguftes & facrées, leur Royaume & leurs Peuples, comme l'Ange tutélaire de cette Capitale & du Royaume même. Le Temple que la piété de notre Augufte Monarque fait élever en fon honneur, en fera pour toujours un mo nument fenfible & conftant.

De quels refpects ne fera-t-on pas rempli lorfqu'on verra avec quelle ferveur on doit adorer le nom adorable de Jefus ! (a) Nom qui eft au-deffus de tous les noms. C'est en ce nom que tout s'accomplit, que tout devient méritoire. C'eft par le refpect qui Jui eft dû, (b) que tous genoux fléchiffent dans le ciel, fur la terre & dans les enfers que ce nom eft doux & falutaire, & qu'il ne faut (c); que l'invoquer fincerement & avec un cœur vraiment touché pour obtenir fon falut.

La converfion de St Auguftin fera com prendre combien le Seigneur eft miféricor dieux, que d'un grand pécheus, il en a fait

(a) Saint Paul aux Philip. chap. 1.

(b) Philip. 2.

(e) Saint Bernard, Serm. 15. De Cantico Cami icorum