réfipifcence de celui à qui le pape donnoit le nom de trop fameux. Ce n'est pas la pénitence d'un fimple particulier que celle de l'abbé de Prades. » C'est Achan qui rend gloire au Dieu d'If» raël; c'eft David qui confèffe son » crime; c'est Manassès qui renonce aux autels prophanes ; c'eft Saül qui n'eft plus le perfécuteur de l'églife «. L'abbé, redevenu enfant chéri de cette églife, voulut encore être rétabli dans tous fes droits de bachelier. En remerciant le pape de la première grace qu'il lui avoit accordée, il le conjura de folliciter la feconde. Sa fainteté en écrivit au cardinal de Tencin : car c'étoit toujours lui qui recevoit des deux côtés les lettres & les réponses, & qui les faifoit tenir. Le pape accompagna fa lettre d'un bref à la faculté très-flatteur pour elle. Ce corps, fenfible à cette attention, à la correfpondance que le faint fiège entretenoit avec lui, eût voulu le fatisfaire promptement: mais les arrêts, donnés par le parlement contre l'abbé de Prades, firent une difficulté. On écrivit en cour: elle étoit alors à Compiegne. Le roi fit fçavoir ses volontés au fyndic par M. d'Argenson, le 27 juillet 1754 Voici la lettre du miniftre: » Le roi » ayant été informé, monfieur, que »le pape a écrit à la faculté de théo logie de Paris, pour l'engager à » rétablir le fieur de Prades dans fes dégrés, attendu la rétractation qu'il » a faite de fa thèse, fa majefté m'a » ordonné de vous écrire qu'elle trou» voit bon que, nonobftant les or»dres qu'elle avoit fait donner audit » fieur de Prades de fe retirer de la ville de Paris, la faculté déférât au » defir & à la recommandation du "pape, en rétabliffant inceffamment » ledit fieur de Prades dans fes dé grés, fauf à lui à fe pourvoir où & » par devant qui il appartiendra, pour » faire lever les obftacles qui pour»roient l'empêcher de jouir des prérogatives attachées à fon retablisse >>ment cc. La faculté, n'ayant plus rien à craindre du côté de la cour, répondit auffitôt au pape que l'abbé de Prades étoit rétabli dans fes dégrés : elle ajoutoit qu'il étoit bien glorieux pour cet abbé d'avoir un tel médiateur, d'être protégé par un pontife dont le règne fera J'époque la plus remarquable de l'hiftoire du dix-huitième siècle. Bénoît XIV, fatisfait de cette réponse, le témoigna dans cette lettre au cardinal de Tencin. » A votre let»tre du 27 août, étoit jointe celle » que la faculté de théologie de Pa> ris nous a écrite. Nous en avons » été très - contens, & nous vous prions avec inftance, lorfque l'oc» cafion s'en présentera, de témoi"gner à ladite faculté notre fincère » & vive reconnoiffance de ce qu'elle fait pour l'abbé de Prades à notre recommandation. Le pécheur qui »fe répent véritablement, doit être >> reçu à bras ouverts «. Telle eft la fin de l'hiftoire de l'abbé de Prades. Sa thèse préfageoit des fuites funeftes. Les plus grands troubles de l'églife ont eu de plus foibles commencemens. Arius, Luther & Calvin ont débuté avec moins de hardieffe: mais la témérité feule ne fit jamais un chef de parti. L'enthousiasme, moins d'érudition que d'efprit, un mélange de foupleffe & d'opiniâtreté, un air de réforme, la perfécution, les intrigues; voilà ce qui décide un héré fiarque. Un genre d'ambition cachée le caractérise fur-tout; & l'abbé de Prades n'a eu que la vanité passagère de fe faire un nom. Fin du dernier volume. TABLE DES QUERELLES DE DIFFÉRENS CORPS. SUITE DE LA PREMIERE PARTIE. |