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qui depuis qu'il eft fur le S. fiége a pensé jour & nuit AN. 1306. de tout fon cœur & avec empreffement aux moïens de secourir la terre fainte. De plus, tous les rois & les princes Chrétiens font en paix entr'eux; & tous les Chrétiens des divers roïaumes ont une devotion fervente de fe croiser. D'ailleurs la puiffance des infidelles eft à present merveilleufement diminuée, tant par les guerres des Tartares, contre lefquels ils viennent de perdre une fanglante bataille, que par la foiblesse du fultan qui regne aujourd'hui en Egypte, & qui eft un homme fans valeur & fans aucun merite. Tous les princes & les fultans des Sarrafins, qui donoient du fecours à celui d'Egypte dans les occafions, ont fuccombé fous la puiffance des Tartares ; & le fultan de Meredin, qui étoit demeuré le feul, eft auffi tombé fous leur fervitude & devenu leur prifonier aprés la perte de fes états. Enfin les Tartares offrent du fecours aux Chrétiens contre les Sarrafins ; & c'est exprés pour ce fujet que leur roi Carbanda fuivant les traces de fon frere Cafan, a envoïé des ambassadeurs.

XV.

suite de la miffion de J. de Montcor

vin.

Vading. 1307.n.6.7.

Le christianisme faifoit du progrés en Tartarie par les travaux de Jean de Montcorvin de l'ordre des freres Mineurs, comme le pape aprit cette année même. Fr.Thomas de Tolentin religieux du même ordre reSup. liv. venant de Tartarie, aporta une lettre de frere Jean xc. n. 46. dattée de Cambalu le dimanche de la Quinquagefime 1306. qui étoit le treiziéme de Fevrier, où il difoit a- Ms.Colb.n. voir reçu des ambassadeurs d'une certaine partie d'E- 5496. thiopic qui le prioient d'aller chez eux ou d'y envoyer de bons miffionaires: parce que depuis le temps de S. Matthieu l'évangelifte & de fes difciples, ils n'avoient eû perfone pour les inftruire, en forte que pluTome XIX.

AN. 1307.

fieurs n'étoient Chrétiens que de nom, & croïoient en J.C. fans conoître ni l'écriture ni les dogmes de la religion. F. Jean de Montcorvin ajoûtoit, que depuis la Touffaints il avoit baptifé quatre cens perfones; & que plufieurs freres de l'un & de l'autre ordre, j'entens des Prêcheurs & des Mineurs, étoient allés en Perfe & en Gazarie prêcher & gagner des ames.

Fr. Thomas de Tolentin porteur de cette lettre étant de retour en Italie & aprenant que la cour de Rome étoit deça les Monts, s'y rendit & s'adreffa au cardinal Jean de Mur qui avoit été general de l'ordre des freres Mineurs, & lui raconta les progrés de cette miffion. Le cardinal en rendit compte au pape & aux autres cardinaux, frere Thomas fut apellé au confiftoire où il fit le même recit, & pria le pape & les cardinaux de doner des ordres pour la conduite & l'accroiffement de l'œuvre de Dieu. Le pape rempli de joïe pour ces heureux fuccés, chargea Gonfalve alors general des freres Mineurs, de choisir inceffament par le confeil des plus fages fept freres de l'ordre, vertueux & favans, pour les faire ordoner évêques & les envoïer en Tartarie,où ils ordoneroient frere Jean de Montcorvin archevêque de tout l'Orient & demeureroient ses fuffragans. En exécution de cet ordre du pape le general Gonfalve choifit frere André de Perouse profeffeur en théologie, frere Nicolas de Bantra ou de Poüille, frere Pierre de Castel, frere Andrucio d'Aflife,frere Guillaume de Franchia ou de Villelongue, frere Gerard & frere Peregrin.

Rain. 1307.

n. 29.

Le pape leur fit expedier à chacun une bulle de provision, qui eft la même avec la feule difference des noms & qui porte en substance: Confiderant les gran

des œuvres que frere Jean de Montcorvin a faites par A N. 1307. le fecours de la grace en Tartarie & y fait encore continuellement : nous l'avons fait archevêque de la grande ville de Cambalu, lui confiant la conduite de toutes les ames de la domination des Tartares, & pour procurer plus avantageufement en ces païs la propagation de la foi & le salut des ames, nous vous députons pour l'aider en fon miniftere, & vous faifons évêques dans le même païs: ordonant aux trois cardinaux Jean évêque de Porto, Jean prêtre du titre de faint Marcellin & S. Pierre, & Luc diacre du titre de fainte Marie in via lata, de vous faire facrer & vous établir fon fuffragant. Et nous vous accordons & aux évêques vos fucceffeurs toutes les graces que nous avons accordées depuis peu aux freres de votre ordre, qui vont chez les Sarrafins & les autres infideles. La bulle est dattée de Poitiers le vingt-troifiéme de Juil

let 1307.

Entre les moïens de favorifer le recouvrement de

XVI.

Suite de

n. 42.

la terre fainte le pape Clement comptoit toûjours l'entreprise l'entreprise de Charles de Valois fur CP. Car ce prin- fur CP. ce étant venu à Lion l'année précedente pour le cou- Sup. liv. xc. ronement du pape, ils traiterent du deffein que ce Rain. 1306. prince avoit formé dés le pontificat de Benoist XI. n. 2. pour la conquête de CP. & le pape l'encouragea fortement à cette entreprise, en faveur de laquelle il lui dona plufieurs bulles. Cette année 1307. il écrivit à l'archevêque de Ravenne & à tous les évêques de la Romagne, qu'il avoit réfolu de faire prêcher la croifade pour cet effet à tous les fideles du roïaume de Sicile tant delà que deçà le Phare, de la Romagne, de la Marche d'Ancone & de l'état de Venife; & il en

Rain. n. 6. Ducange

hift. CP. p.

225.

AN. 1307.

2.7.

Ughell.to.2.

P. 85.
Ferrar.cata-

donne la commiffion à ces prélats pour la Romagne. La lettre eft du quatorziéme de Mars, & fans doute il y en avoit de femblables pour les autres provinces. Enfuite & le troifiéme de Juin le pape étant à Poitiers publia une bulle par laquelle il dénonce excomunié Andronic Paleologue comme fauteur du fchifme des Grecs. Défendant à tous rois, princes, villes, communautés ou particuliers quels qu'ils foient, de faire avec lui aucune alliance ou lui doner aide ou conseil, fous peine d'excomunication.

L'archevêque de Ravenne auquel fut adreffée la commiffion de la croifade étoit Rainald Concorege log. 18. Aug. Milanois, qui fut premierement chanoine de Lodi & envoïé en France par Boniface VIII. pour negocier la

p. 1136.

paix entre la France & l'Angleterre. Ensuite il fut évêUghell. to.s. que de Vienne par l'autorité du même pape : mais fept ans aprés, le fiégede Ravenne aïant vaqué par le decés d'Opizon de S. Vital arrivé en 1303. & le chapitre s'étant partagé par une double élection: le pape Benoift •XI. préfera Rainal à Leonard de Fiefque fon competiteur. Il gouverna l'église de Ravenne avec beaucoup de zele & de pieté, & tint plufieurs conciles provinto.x1.conc.p. ciaux pour le rétablissement de la discipline, un entr’autre cette même année 1307.

1500.

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Pendant que le pape excitoit les princes Latins au recouvrement de CP. les Grecs n'y étoient pas en rePos entr'eux. L'empereur Andronic étoit livré au patriarche Athanafe, qui fe rendoit odieux de plus en plus par la dureté de fa conduite. Il avoit écarté d'auprés du prince plufieurs prélats qui pouvoient l'aider à faire le bien & les avoit réduits à fe retirer en d'autres villes; & cependant il faifoit tous les jours des

prieres & des proceffions pour détourner les calamités publiques, environé d'une troupe de moines & de prêtres, avec lefquels il tenoit aufli des conciles où il étoit feul d'évêque. Car il n'étoit point changé ni moins fevere qu'avant fa retraite. Il vouloit que les moines jeunaffent toute l'année ne faisant qu'un repas & à l'heure de none: fans excepter les feftes ni le temps pascal. Il fatiguoit les clercs & les laïques, fous prétexte de tout raporter à la loi de Dieu. Dès le commencement de fon retour l'empereur lui avoit renvoïé le jugement de toutes les affaires : tant à cause de son integrité & fon defintéressement, que pour lui attirer le refpect & la crainte de ceux qui ne l'aimoient pas.

Les freres Mandians avoienr acheté à CP. par per- lib.x111.c.10. mission de l'empereur une place apartenant à la ville lib.x11. 6. 28. pour y bâtir un monaftere: ce qu'ils avoient executé, malgré les opofitions de plufieurs Grecs qui règardoient cet établissement comme contraire à la pureté de leur religion. C'est pourquoi le patriarche Athanafe entreprit de détruire ce couvent & le réduire à un lieu profane. Les freres en étoient fort indignés & ne pouvoient fouffrir que l'on ruinât une maison établie où l'on avoit dreffé un autel : où on celebroit le service divin & où l'on avoit enterré des morts. Toutefois l'empereur qui ne pouvoit rien refufer au patriarche y confentit ; & dona la place à l'amiral, qui étoit Latin; à la charge de dedomager les freres. Ils auroient doné leur vie pour conferver le monaftere & quoiqu'ils ne puffent refifter à l'ordre de l'empereur, ils ne pouvoient croire qu'aïant du refpect pour la religion il pouffât la chofe à l'extremité. Il le fit néanmoins, & envoïa ordre au conful des Pifans qui étoit

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