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Sup. lig.

LXXII. n. 44.
LXXIX. n. 49.

LxxxIII. n.

18. LXXXIV.

n.54.

Baluz. vit.

to. 1. p. 99.

695.

fort decrié pour fa mauvaise foi, son indocilité & l'abus de fes priviléges. Le proverbe de boire comme des Templiers, qui dure encore aprés tant de temps, montre quelle étoit leur réputation fur cet article. L'occafion des poursuites faite contr'eux est racontée en deux manieres, dont celle-ci me paroît la plus vrai-femblable. Dans un château roïal du diocefe de Toulouse un nomé Squin de Florian bourgeois de Beziers & un Templier apoftat furent pris pour leurs crimes & mis ensemble dans une forte prison. Défefperant de leur vie à caufe des reproches de leur conscience, ils fe confefferent l'un à l'autre, comme faifoient alors ceux qui fe trouvoient fur mer ou en quelque autre grand peril. Squin aïant oüi la confeffion du Templier fit apeller le lendemain le plus grand offi- Joinv.p.73. cier d'un autre château roïal, auquel il offrit de reveler au roi de France un fait fi important qu'il en pouroit tirer plus d'utilité que de l'acquifition d'un nouveau roïaume. C'est pourquoi, ajoûta-t-il, faites-moi mener devant lui bien lié & garoté : car je ne découvrirai ce fait à homme du monde qu'au roi, quand il m'en devroit couter la vie.

L'officier du roi effaïa par careffes, par promeffes & par menaces de perfuader à Squin qu'il lui découvrît le fait en queftion; & n'y aïant pû réüflir, il écrivit le tout au roi Philipe, qui lui manda auffi-tôt de lui envoïer Squin à Paris fous bonne garde. Quand il fut arrivé, le roi le tira à part, pour favoir la verité de la chofe: lui prometant fûreté de fa perfone & même récompenfe. Squin lui raconta de fuite la confession du Templier, favoir que dés l'entrée dans l'ordre & fouvent depuis, il s'étoit engagé à plufieurs erreurs

P. 75.

contre la foi & à d'autres crimes qu'il avoit fpécifiés en détail. Auffi-tôt le roi fit prendre quelques Tem pliers; & les fit interroger fur les faits qu'on lui avoit denoncés, qui furent trouvés veritables.

en 1305.

Le roi en parla au pape dés leur entrevûë de Lion & lui en fit enfuite parler à Poitiers, comme le pape reconoît dans une lettre au roi du vingt-quaBaluz. to z triéme d'Août 1306. où il témoigne que le roi le faifoit Dupui.p.100. par zele pour la foi, & ajoûte: Nous avions peine à croire ce qu'on nous difoit alors fur ce fujet, & qui nous paroiffoit même impoflible: mais aïant depuis oui dire des Templiers plufieurs chofes incroïables & inoüies, nous fommes contraints de héfiter & de faire quoi qu'avec une extrême douleur tout ce que demande l'ordre de la juftice. Or le maître des Templiers & plufieurs comandeurs de l'ordre, tant de votre roïaume que des autres, aïant apris que l'on attaquoit leur réputation auprés de nous, de vous, & de quelques autres feigneurs temporels: nous ont demandé inftament, non pas une mais plufieurs fois, de nous faire informer de la verité touchant ces accufations qu'ils prétendoient fauffes: pour les abfoudre, s'ils font innocens, & les condamner s'ils fe trouvent coupables. Ne voulant donc rien negliger dans une affaire où il s'agit de la foi, & parce que ce qui nous en a été dit de votre part eft d'un grand poids dans notre efprit : nous avons réfolu par le confeil de nos freres les cardinaux, de comencer inceffament des informations exactes fur cette affaire; & nous vous donerons avis de tout ce que nous y ferons : vous exhortant à nous comuniquer de votre part les inftructions que vous en avés requës, & tout ce que vous jugerés à propos

Le pape écrivit enfuite au roi, que files crimes des AN. 1307. Templiers fe trouvoient tels qu'il falut abolir l'ordre Bal. 2. p.97. entier, il vouloit que tous leurs biens fuffent emploïés au fecours de la terre fainte, fans être detournés à aucun autre usage. La lettre eft du neuviéme de Juil

let

1307. & dés le mois de Mai précedent, il avoit é

crit à Amauri seigneur de Tyr & regent du roïaume Dupui.p.104. de Chipre, de faire arrêter tous les Templiers qui s'y trouveroient. La lettre fut portée par frere Harton, lorfqu'il retourna à fon monaftere en Chipre; & Amauri y fit réponse en difant au pape : J'ai résolu d'obéïr à vos ordres avec toute la diligence poffible: mais les Templiers font tres- puiffans en ce roïaume, & aïant efté avertis de tout, ils s'étoient retirés avec les troupes qu'ils ont à leur folde dans Nimoce,bien preparés à fe défendre : ce qui m'a obligé de procéder en cette affaire avec grande circonfpection. Toutefois comme ils ont vû que je voulois abfolument exécuter l'ordre de votre fainteté, le marêchal avec quatre autres officiers de l'ordre & environ dix chevaliers font venus à Nicofie me trouver à mon logis le vingt-feptiéme de Mai; & en prefence de deux évêques, de plufieurs religieux, chanoines, barons, chevaliers & autres, ils ont offert avec de grandes demonstrations d'humilité de fe foumettre à votre bon plaifir. J'ai donc réfolu, fuivant ce que j'ai trouvé le plus fûr, de: les faire garder separément aprés avoir reçu en mon pouvoir leurs armes & leurs chevaux; & je ferai faire inceffament comme vous le mandés l'inventaire de leurs biens. Cependant je vous fuplie inftament de veiller à la confervation du roïaume de Chipre: car on n'a jamais oui dire que les Sarafins aïent fait un R. iij.

AN. 1307.

Dupui. p.90.

fi grand apareil de forces navales que celui qu'ils font à prefent. Le pape envoïa cette lettre au roi Philipe le vingt-cinquième d'Août 1307.

Cependant le roi envoïa des ordres tres-fecrets à Bali.p. 100. fes officiers par tout le roïaume, de fe tenir prêts bien accompagnés & bien armés à un certain jour ; & d'ouvrir la nuit fuivante des lettres qu'il leur envoïoit: avec défense de les ouvrir devant fous peine de la vie. Le jour marqué ils ouvrirent les lettres & y trouverent un ordre de prendre tous les Templiers qu'ils pouroient trouver, chacun dans fon pofte: ce qu'ils exccuterent ponctuellement, & les mirent dans leurs fortereffes fous bonne garde. Ainfi les Templiers furent arêtés par toute la France en un même jour, qui fut le vendredi aprés la S. Denis treizième d'Octobre 1307. de quoi tout le monde fut étoné. Le maître general de l'ordre fut arrêté comme les autres dans la maison du temple à Paris.

XX.

toire des

Templiers.

par

Auffi-tôt on commença au même lieu l'interrogaInterrogatoire des prifoniers qui fut fait en prefence de plufieurs témoins Guillaume de Paris frere Prêcheur, Dupui. p.82. inquifiteur & confeffeur du roi, commis pour cet effet par le pape. Le premier Templier interrogé fut frere Jean de Foullei qui dit: Quand je fus reçu dans l'ordre le fuperieur me mena en un lieu fecret pour me faire renoncer à Dieu; & comme je le refufois il m'y contraignit en difant: Vous vous êtes doné à nous. Me voïant donc preffé, je dis : Je te renie, l'entendant du fuperieur. Je confultai depuis Boniface Lombard avocat pour favoir fi je fortirois de cet ordre;& il me confeilla de protester devant l'official de Paris que cet ordre ne me plaifoit pas. Frere Reinier de Larchant con

p.38. n. 2.

น. 4.

n. 14.

fella d'avoir renoncé à J.C. & craché sur le crucifix; AN. 1307. & d'avoir vû souvent aux chapitres generaux adorer une tête qui avoit une grande barbe. Gui Daufin n'avoit que douze ans quand il fut reçu dans l'ordre: il renonça à J. C. & cracha fur la croix. Robert d'Iffi reconut les mêmes crimes & ajoûta qu'il s'en étoit confeffé au penitencier : que même il avoit envoïé à Rome l'année du Jubilé pour en avoir l'absolution, mais son neveu qu'il avoit envoïé mourut en chemin. Guillaume de Châlon dit qu'il fut forcé le couteau fur la gorge de renoncer à J.C. Guillaume d'Herblai dit que la tête qu'ils adorent est de bois doré & argenté.

nuit

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Jaques de Molai grand maître de l'ordre, confeffa de même la renonciation & dit: Quand j'ai reçu des chevaliers je difois à quelques-uns de nos freres de les mener à part & leur faire faire ce qu'ils devoient, & mon intention étoit qu'ils fiffent ce que j'avois fait. Pierre de Villier dit avoir été en prison un jour & une pour n'avoir pas voulu renoncer à J. C. Jean de Provins fut huit jours en prifon pour le même fujet. Fr. Renaud n'a jamais pû voir les ftatuts de l'ordre: ce qui lui fait croire qu'on les accufe juftement. G. de Hautmenil fe feroit volontiers retiré de l'ordre, fans la crainte de ses parens, qui avoient fait grande dépenfe pour fon voïage d'outremer: outre que l'on eût crû qu'il fe feroit retiré faute de courage. Hugues de Peraud a reçu plusieurs chevaliers aux mêmes conditions, parce que les ftatuts de l'ordre le portoient ainfi. La tête qu'ils adorent eft demeurée à Montpellier, elle a quatre pieds, deux devant & deux derriere. Raoul de Gife ajoûte qu'elle eft d'une figure terrible; & que quand on la montre ils fe profternent

n.i8.

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