ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Le pape ne peut doner l'abfolution des pechés s'il n'eft faint comme étoit faint Pierre, vivant dans une entiere pauvreté & dans l'humilité: fans faire de guerres ni perfecuter perfone, mais laiffant vivre chacun dans fa liberté. Auffi tous les papes & les prélats, depuis faint Silveftre, s'étant écartés de cette premiere fainteté, font des prévaricateurs & des feducteurs, excepté le pape Celeftin Pierre de Mouron. On ne doit doner les dîmes à aucun prêtre ou prélat,s'il n'est dans la pauvreté que gardoient les apôtres: c'est pourquoi on ne les doit doner qu'à nous. Les hommes & les femmes peuvent indifferement habiter ensemble; car la charité veut que toutes chofes foient comunes. Il eft plus parfait de ne point faire de vœu que d'en faire. On peut auffi-bien & mieux prier Dieu dans les J.Vill.vish bois que dans les églifes,& la priere ne vaut pas mieux dans une église confacrée que dans une écurie ou une étable à cochons. On ne doit faire aucun ferment, fi ce n'eft pour conferver la foi. C'est que comme ils défendoient de jurer, même en justice, on les reconoiffoit au refus qu'ils en faifoient. Ils permettoient donc de jurer en ce feul cas, pour tromper les prélats & les inquifiteurs: mais ils ne croïoient pas que ce ferment les obligeât à dire la verité, & ils emploïoient tous les artifices poffibles pour déguifer leur créance. Si ce n'eft lorfqu'ils ne pouroient éviter la mort: car ils difoient qu'en ce cas il la faloit profeffer ouverte. ment: fans toutefois découvrir aucun de leurs confreres.

c. 84.

3. P. 270.

Doucin enseignant cette doctrine attira un grand Antonin.toz nombre de fectateurs de l'un & de l'autre fexe, la plû- rio.2.par part de baffe condition, & on en comptoit jufqu'à p. 38 39

ap. Emeric.

P. 271°

quatre mille. Doucin aïant été réduit à s'enfuir de Milan, ils demeuroient fur les montagnes & dans les bois comme des bêtes, vivant de ce qu'on leur donoit par aumône ou de ce qu'ils pouvoient prendre, car ils difoient que les biens étoient communs. Le pape Clement en étant averti envoïa des inquifiteurs de l'ordre de faint Dominique pour ramener ces héréti ques ou du moins s'informer exactement de leur conduite & lui en faire le raport. En étant inftruit, il fit prêcher la croifade contr'eux avec de grandes indulgences: en forte que les croifés s'engageoient même par leur vœu de fervir à leurs dépens. Ainfi les inquifiteurs affemblerent une armée & elle fut conduite par Ughel.to. 4. l'évêque de Verceil Rainier Advocati qui tenoit ce fiége depuis l'an 1303.

P.1104.

Baluz. to. I. P. 26. 66.

Il pourfuivit les hérétiques pendant le carême de l'année 1308. & les ferra de fi prés, que plufieurs perirent de faim & de froid dans leurs montagnes: car il étoit tombé une grande quantité de nége. Il en mourut plus de quatre cens, en comptant ceux qui furent tués, & l'on en prit environ cent cinquante entre autres Doucin le jeudi faint qui cette année étoit le onziéme d'Avril. Avec lui fut prife Marguerite de Trente fa concubine, qui paffoit pour forciere. Aïant été declarés hérétiques par le jugement de l'église ils furent livrés à la cour feculiere, qui fit executer à mort Doucin & Marguerite : tous deux furent demembrés & coupés en pieces, Marguerite la premiere aux yeux de Doucin: puis on brûla leurs membres & leurs os. On punit de même quelques-uns de leurs complices à proportion de leurs crimes, mais la secte ne fut pas entierement éteinte pour cela,

Bal. to. 2. PA

67.

Le pape reçut la nouvelle de la prise de Doucin dés AN. 1308le foir du quinziéme d'Avril, qui étoit le lendemain de Pâque, & auffi-tôt il en fit part au roi Philipe le Bel par une lettre datée de Poitiers, où il dit: Nous avons apris aujourd'hui la tres-agréable nouvelle que ce demon pernicieux, cet enfant de Belial, le treshorrible héréfiarque Doucin, aprés un grand carnage, beaucoup de travaux, de perils & de dépenfes, a été mis enfin dans nos prisons avec plufieurs de fes fectateurs par Rainier évêque de Verceil ; & je vous envoïe copie de la lettre de ce prélat afin que vous foïés mieux informé des circonftances de cette capture. Or pour récompenser l'évêque de Verceil des dépenfes qu'il avoit faites en cette guerre,le pape lui fit expedier trois bulles, toutes du même jour quatriéme de Juillet donées à Poitiers. Par la premiere il lui accorde de fe ghell. ibid. faire païer en argent le droit de procuration pour les vifites des églifes de fon diocefe, quoiqu'il les faffe faire par d'autres. La feconde bulle l'exempte de tou tes les impositions au profit du pape ou des légats faites ou à faire fur lui. La troifiéme lui done la faculté de conferer un canonicat, une dignité ou un benefice fimple dans toutes les cathedrales & les collegiales de fon diocefe & de ceux de Novare, Aite, Yvrée & Turin. C'eft ainfi que le pape dédomagea cet évê

que.

Le roi Philipe le Bel voulant proceder murement dans l'affaire des Templiers, confulta la faculté de théologie de Paris, qui lui répondit par un decret daté du jour de l'Anonciation vingt-cinquième de Mars 1307. c'est-à-dire 1308. avant Pâques.. Ce decret porte en substance : Le juge fecalier ne peut faire le procés

XXIV. Suite de l'affaire des. Templiers.

Dupui. Templ.p.78

AN. 1308. à perfone pour caufe d'héréfie, s'il n'en eft requis par l'église qui ait abandoné l'accusé : toutefois en cas de neceffité & de peril éminent, le juge feculier peut prendre le coupable à deffein de le rendre à l'église : on doit compter pour religieux & pour exempts ceux qui ont fait profeflion dans un ordre militaire inftitué par l'églife. Leurs biens doivent être refervés pour être emploïés aux ufages aufquels ils avoient efté def

c. Nang. p.

628.

tinés.

Le roi vouloit encore conferer avec le pape, & pour cet effet il tint un parlement à Tours au premier mois Bal. to. I. p. d'aprés Pâque, c'est-à-dire au mois de Mai. Il y affembla des deputés presque de toutes les villes & les châtellenies du roïaume, tant nobles que roturiers, Car le roi

11. 12.

pour ne doner aucun prétexte de blâmer fa conduite dans une affaire de cette importance, voulut avoir le confeil des perfones de toutes conditions: non-feulement des nobles & des lettrés, mais des bourgeois & des autres laïques. Prefque tous aïant vû les confeffions & les dépofitions des Templiers, les jugerent dignes de mort; & l'univerfité de Paris, principalement les docteurs en théologie furent requis expreffément de doner leurs avis, & d'envoïer la confeffion du grand maître & de quelques autres des principaux de l'ordre. Pour cet effet ils tinrent une affemblée generale le famedi aprés l'Afcenfion, c'est-à-dire le vingt-cinquième de Mai; & envoierent au roi la confeffion qu'il demandoit avec copie de la lettre du grand maître par laquelle il écrivoit à tous ses confreres qu'il avoit confeffé telle & telle chofe, & qu'ils devoient en faire autant. L'univerfité manda aufli au roi qu'il faloit s'en tenir au jugement de la cour de

Rome,

Rome, à laquelle il apartenoit de juger de la con- AN. 1308. duite des religieux, des héréfies & des crimes énor

mes.

Le roi alla à Poitiers accompagné de fes freres, de fes fils & de fon confeil. L'affaire fut examinée à loifir devant les cardinaux, & toutes les raifons propo& de la part du roi ; & enfin on convint que le roi feroit recevoir & conferver tous les revenus des Templiers, jufqu'à ce qu'il eût réfolu avec le pape ce qu'il en faloit faire: quant à leurs perfones, que le roi ne les puniroit que de concert avec le pape, qu'il continueroit de les faire garder & les nourriroit des revenus de l'Ordre,jusqu'à la tenue du concile general, qui fut alors réfolu. Pendant que le roi étoit à Poitiers, on y manda le grand maître des Templiers & plufieurs autres pour entendre la volonté du pape & du roi: mais peu de temps aprés ils furent remenés à leurs premieres prifons.

fées des deux cotez, de la part du pape & de la

pre,

XXV. Interroga. toire à Chi

non.

Bal. to. 2. P.

121.

Or comme quelques-uns de ces chevaliers n'avoient pû venir jufqu'à Poitiers, étant demeurés malades à Chinon en Touraine : le pape y envoïa trois cardinaux pour les examiner. Ces Chevaliers étoient cinq: Dupui.p.118. le grand maître du Temple, le commandeur de Chile vifiteur de France & les deux commandeurs d'Aquitaine & de Normandie. Les cardinaux étoient Berenger de Fredole, Etiene de Sufi & Landulphe Brancace. Le famedi aprés l'Affomption, c'est-à-dire le dix-feptiéme d'Août, ils firent venir le commandeur de Chipre; lui expoferent les artifices fur lefquels l'Ordre étoit diffamé & lui firent prêter ferment. Îl reconut fa faute & confeffa d'avoir renoncé à N. S. & craché près de la croix. Le commandeur de NormanTome XIX.

T.

« ÀÌÀü°è¼Ó »