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AN. 130S.

XXVI.

tion du con

ne.

die confeffa aufli le renoncement: puis les commandeurs de Poitou, de Normandie & d'Aquitaine étant ensemble, celui de Poitou confessa avoir promis à celui qui le recevoit dans l'Ordre, que fi fes confreres lui demandoient s'il avoit renié Ñ. S. il répondroit qu'oüi.

Le lendemain dimanche dix-huitième d'Août au matin, les cardinaux firent venir devant eux frere Hugues de Paralde, & le foir le dernier grand maître, qui aprés avoir oui les articles d'accufation, demanderent & obtinrent délai jufqu'au lendemain pour déliberer. Le lundi donc frere Hugues persistant dans la confeffion qu'il avoit faite à Paris, déclara en particulier d'avoir renié N. S. & vû la tête de l'idole. Enfin le mardi fuivant le grand maître confessa le reniement; & fuplia les cardinaux d'entendre un frere fervant qu'il avoit avec lui, qui confeffa auffi le renoncement; & toutes ces confeflions furent redigées en forme autentique ; aprés quoi les accufés demanderent l'abfolution des cenfures qu'ils avoient encouruës,& les cardinaux la leur accorderent. C'est ce que nous voïons par la lettre qu'ils en écrivoient au roi Philipe, datée de Chinon le même jour mardi vingtiéme d'Août 1308.

Les trois cardinaux étant revenus à Poitiers preConvoca- fenterent au pape Clement les actes de leur proceducile de Vien- re, & lui firent la relation de tout ce qui s'étoit paffé: aprés quoi le pape fit expedier la bulle de convocation du concile. Elle eft adreffée à tous les archevêques, à leurs fuffragans & à tout le clergé feculier & regulier de chaque province ecclefiaftique; & l'exemplaire que nous avons dans le recueil des conciles

AN. 1308.

to. XI. Conc.

étoit pour l'archevêque de Cantorberi. Le pape y dit
en substance: L'ordre militaire des Templiers avoit
été inftitué pour la défense de la terre fainte, & dans p. 1503.
cette vûë l'église lui avoit doné de grandes richeffes
& de grands privileges: mais nous avons apris avec
une extrême douleur que tout cet ordre étoit tombé
dans l'apostasie, dans des impuretés abominables & di-
verfes héréfies. Ces plaintes nous ont été portées en
fecret dés le comencement de notre pontificat, avant
même que nous allaffions à Lion pour notre couro-
nement: mais elles étoient fi peu vrai-femblables, que
nous n'avions pas voulu y prêter l'oreille. En fuite no-
tre cher fils le roi de France Philipe en étant aussi in-
formé, nous a doné de grandes inftructions fur ce
fujet par les envoïés & par fes lettres. Ce qu'il n'a fait
que par zele pour la foi, fans aucun, motif d'interêt,
puifqu'il ne prétend rien s'aproprier des biens de cet
ordre: au contraire il nous en a laiffé l'adminiftration
& la conservation à nous & à l'église dans l'étenduë
de fon roïaume.

Cependant la mauvaise réputation des Templiers croiffoit, & un d'entr'eux de grande noblesse & fort eftimé dans l'ordre, dépofa fecretement devant nous, aprés avoir preté ferment, qu'à la reception des freres, la coutume eft que celui qui eft reçu renonce à J.C. & crache fur une croix qu'on lui prefente: ajoûtant que celui qui reçoit & celui qui eft reçu font d'autres actions qui ne font ni permises ni même honêtes à dire. Alors il ne nous a plus été libre, sans mar quer à notre devoir, de ne pas écouter ces plaintes: car non-feulement le roi, mais les feigneurs, la nobleffe, le clergé & le peuple de France font venus en

AN. 1308. notre prefence, tant par eux-mêmes que par leurs députés, nous faire les mêmes plaintes; & nous en avons vû les preuves en plufieurs confeffions, atteftations & dépofitions du grand maître & de plufieurs commandeurs & freres de l'ordre, reçues par nombre de prélats & d'inquifiteurs en France, & qui nous ont été montrées. En forte que nous ne pouvions negliger ces plaintes fans un grand fcandale ni tolerer le mal fans un peril éminent.

R. 1506. D.

Croïant donc devoir proceder à l'examen de cette affaire : : nous avons fait venir en notre prefence plufieurs commandeurs, prêtres, chevaliers & autres freres de l'ordre; & aprés ferment preté nous en avons interrogé jufqu'au nombre de foixante & douze en prefence de plufieurs cardinaux, & fait rediger par écrit leurs confeffions en forme autentique: puis quel ques jours aprés, nous les avons fait lire en confiftoire devant les accufés, & les avons fait expliquer à chacun d'eux en fa langue vulgaire: ils y ont perfeveré & les ont approuvées. Enfuite voulant informer par nous-même fur le grand maître & les grands commandeurs de France, d'Outremer, de Normandie, d'Aquitaine & de Poitou: nous avons ordoné qu'on nous les amenât à Poitiers. Mais quelques-uns d'eux étant alors malades, en forte qu'ils ne pouvoient aller à cheval, ni nous être amenés en quelque maniere que ce fût: nous avons commis pour faire cette information les cardinaux Berenger, Etiene & Landulfe.

Ici le pape raconte tout ce qu'avoient fait ces trois cardinaux envolés à Chinon, puis il continue: Par ces confeffions, ces dépofitions & le raport des com

misfaires nous avons trouvé que le grand maître & AN. 1308. ses confreres avoient griévement failli, les uns plus les autres moins. Et confiderant qu'on ne pouvoit laiffer impunis des crimes fi horribles fans fe rendre coupable devant Dieu & toute l'églife: nous avons réfolu de faire informer fur ce fujet contre les perfones particulieres de l'ordre par les ordinaires des lieux & par d'autres que nous députerons; & par d'autres encore contre tout l'ordre. Et enfuite: Or comme il eft de l'interêt comun de remedier à de fi grands maux : aprés en avoir souvent & foigneusement deliberé avec les cardinaux & avec d'autres perfones fages, nous avons réfolu, fuivant la louable coutume de nos peres, d'affembler un concile univerfel du premier jour d'Octobre prochain en deux ans : afin d'y pourvoir à l'ordre des Templiers & à leurs biens, à la foi catholique, au recouvrement de la terre fainte, à la réformation de l'église quant aux mœurs & au rétabliffement de fes libertés.

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XXVIL Comiffion

pour infor

C'est pourquoi nous vous ordonons à vous archevêque de Cantorberi & à vous évêques de Londres, de Vincheftre, de Sarifburi, de Vorchestre & de Lin- mer contre colne, de vous rendre en perfone à notre ville de Vie- lesTempliers p.1510.E. ne au terme prefcrit, Les autres évêques de votre province y demeureront,pour exercer les fonctions pontificales, tant dans vos diocefes, que dans les leurs, & ils vous doneront plein pouvoir auffi-bien que le refte du clergé féculier & regulier de concourir en leur nom à tout ce qui fe fera dans le concile : finon ils feront tenus d'y venir eux-mêmes, ou y envoïcr d'au tres procureurs avec le même pouvoir. Cependant vous drefferés des memoires de tout ce qui a befoin.

AN. 1308.

de correction pour les aporter au concile. La bulle eft datée de Poitiers le douzième d'Août 1308. mais elle ne peut avoir été dreffée avant la fin du même mois, puifqu'elle fait mention de la procedure de Chinon qui ne finit que le vingtiéme.

En même temps le pape evoïa une autre bulle à l'archevêque de Cantorberi & à fes fuffragans, où aprés le même narré touchant l'affaire des Templiers, il ajoûte: Or parce que nous ne pouvons informer par nous même dans tous les païs où cet Ordre eft répandu, nous vous mandons que chacun de vous,dans fa ville & fon diocefe, avec les ajoints que nous vous donons, vous faffiés citer par ordonance publique tous les Templiers qui fe trouveront fur les lieux; & que vous informiés contr'eux fur les articles que nous vous envoïons clos fous notre feau & les autres que vous jugerés à propos. Nous voulons de plus qu'aprés ces informations faites, le concile provincial done fa fentence d'abfolution ou de condamnation pour ou contre les particuliers qui auront été examinés. Bien entendu que les inquifiteurs par nous députés dans la province feront admis s'ils veulent à ces informations & ces jugemens. Les ajoints només par le pape pour cette province étoient le patriarche de Jerufalem c'est-à-dire Antoine évêque de Durham, l'archevêque d'Yorc, les trois évêques de Lincolne, de Chicheftre & d'Orleans: les deux abbés de Lagni & de S. Germain des prés, un chanoine de Narbone auditeur du pape & un curé du diocese de Londres.

**La bulle de convocation du concile fut envoïée à

p. 1544. E. tous les archevêques, fans autre changement que du

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