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AN. 1309

C. 5.

6.8.

XXXVIII.

l'affaire des

1. P. 17. Godouin. p:

146.

Conc. 1o. XI. P. P. 1502.

dispense à leurs fujets du ferment de fidelité. Il renouvelle auffi la peine contre les clercs concubinai res, mais il la réduit à la perte du quart des fruits de leurs benefices: avec ordre aux évêques de la faire païer exactement. Défense à tout catholique de marier fa fille ou fa parente à un heretique, un fchifmatique ou un infidele, principalement aux Ruffes, aux Bulgares, aux Rafciens & aux Lituaniens: à caufe du peril de féduction où les femmes étoient exposées par ces mariages. Tous ces decrets furent publiés le dixiéme de Novembre 1309.

que

Robert de Vinchelfée archevêque de Cantorberi Suite de étoit revenu en Angleterre aprés deux ans d'exil, & Templiers. tint cette année un concile à Londres dans l'églife de Angl. fac.to. S. Paul le lundi aprés la fête de S. Edmond martyr c'est-à-dire le vingt-quatrième de Novembre. Ses fuffragans y afsisterent revêtus pontificalement & l'évêde Norvic celebra la meffe du S. Efprit, aprés laquelle l'archevêque fit un fermon en latin, où il reprit les évêques élus par follicitations ou par brigues; & ceux qui ne foutenoient pas les droits de l'églife. Aprés le fermon il dona une indulgence de quarante at jours à tous ceux qui y avoient affifté; puis il propofa la caufe de ce concile provincial, qui étoit la convocation du concile univerfel; & comme il étoit tard, on ne fit rien de plus ce jour là. Le lendemain tous les évêques avec leurs chapes clofes, c'eft-à-dire leurs ha~ bits ordinaires, & tous les autres ecclefiaftiques fe rendirent au même lieu. On lut deux bulles du pape, la premiere étoit celle de la convocation du concile à Vienne: la feconde la comiffion donée aux évêques pour informer des plaintes faites contre les Templiers.

P1503.

P. 1508.

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p. 1511.

Enfuite on lut la lettre de l'archevêque de Cantorberi AN. 1309. à l'évêque de Londres pour la convocation du concile provincial en execution de la premiere bulle; & le certificat de l'évêque d'y avoir fatisfait en citant les évêques fes comprovinciaux, les abbés & les autres qui devoient venir au concile. Ce certificat eft du vingt-troifiéme de Novembre.

que

Gall. chr.to.

En même-temps les commiffaires deputés par le pape pour la province de Sens, comencerent de proceder à Paris en l'affaire des Templiers. Le fiége de Sens Bal. to. 1. p. étoit vacant par le decés de l'archevêque Etiene Be- 15. quart mort cette année 1309. le famedi faint vingt- 1. p. 643. neuviéme de Mars. Le roi Philipe le Bel voulut met- Bal. to. 2. p. tre fur ce grand fiége Philipe de Marigny alors évê- 144-146.5940 de Cambrai frere d'Enguerrand de Marigny fon favori. Il pria donc le pape de transferer l'évêque Philipe à l'archevêché de Sens ; & le pape lui répondit : Quoique ces fortes de reserves nous déplaisent, toutefois ne trouvant point d'autre moïen pour vous fatisfaire avec bienfeance, nous avons refervé pour cette fois l'églife de Sens à notre difpofition: vous priant de ne nous point obliger fans grande cause à en ufer de la forte. La lettre eft datée d'Avignon le fixiéme de Mai. Remarqués que c'étoit le roi qui engageoit le pape à faire ces referves, dont on fe plaignit tant depuis, parce qu'elles empêchoicnt les élections canoni ques & que le pape les désaprouvoit lui-même; Philipe de Marigny fut en effet transferé au fiége de Sens, mais il n'en prit poffeffion que le huitiéme d'Avril de Fannée suivante; & il eût pour fucceffeur à Cambrai, G. Chr. p. non Guillaume de Trie, comme le roi defiroit, mais 241. Pierre de Levis de Mirepoix auparavant évêque de

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AN. 1309. Дириі.

de Maguelone & depuis de Baïeux,

pour

Ce fut donc pendant la vacance du fiége de Sens Templ.p.40. que les comiffaires du pape vinrent à Paris l'affaire des Templiers. Ils étoient huit: l'archevêque de Sup. n. 27. Narbone, les évêques de Baïeux, de Mende & de Li

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moges, trois archidiacres de differens dioceses & le prevôt d'Aix. Ils arriverent à Paris au mois d'Août 1309. & le vendredi avant la S. Laurent huitiéme du même mois, ils citerent tout l'Ordre à comparoître devant eux au premier jour aprés la S. Martin en la fale de l'évêché. Puis ils envoïerent faire la même citation aux huit autres provinces de Reims, Roüen, Tours, Lion, Bourges, Bordeaux, Narbone & Auch. Dupui.p.121. Le famedi vingt-deuxième de Novembre 1309. les commiffaires étant dans la chambre de l'évêque de Paris & tenant leur féance, un homme se présenta devant eux en habit féculier; & étant interrogé il dit qu'il fe nomoit Jean de Molay, natif du diocéfe de Besançon, qu'il avoit été de l'ordre des Templiers & en avoit porté l'habit pendant dix ans, puis en étoit forti & jura fur fon ame & fur la foi, que jamais il n'en avoit oui dire ni conu aucun mal. Interrogé s'il vouloit défendre l'Ordre: il dit qu'oüi, & que les comiffaires fiffent de lui ce qu'ils voudroient, mais qu'ils lui fiffent administrer les choses neceffaires parce qu'il étoit pauvre. Il leur parut fimple jusqu'à l'imbecillité : c'est pourquoi ils lui conseillerent de s'adresfer à l'évêque de Paris, à qui il apartenoit de recevoir les freres fugitifs de l'Ordre dans fon diocese, & de leur fournir la subsistance. C'étoit quelque parent grand maître.

P. 123.

du

Le grand maître lui-même nomé Jaques de Molai

fur

ge

fut presenté aux comiffaires le mercredi vingt-fixié- AN. 1309. me de Novembre. Aïant été cité par l'évêque de Paris, il avoit répondu, qu'il vouloit venir devant les comiffaires, qui lui demanderent s'il vouloit défendre l'Ordre ; & il répondit l'Ordre eft confirmé par le S. fiédont il a reçu des privileges; & nous fommes fort fur pris que l'églifeRomaine veüille proceder fi promp tement à fa fupreffion, vû que la fentence de dépofition contre l'empereur Frideric fut differée trentedeux ans. Pour moi je ne fuis affés habile pour pas défendre l'Ordre par moi-même: je fuis toutefois prêt à le faire felon mon pouvoir ; & je m'estimerois un miferable & un lâche, fi je n'entreprenois fa défense, aprés en avoir reçu tant de biens & d'honeurs. Il eft vrai que la chofe eft difficile : je fuis prifonier du pape & du roi, je n'ai pas quatre deniers à dépenfer pour cette affaire, & je n'ai avec moi qu'un frere fervant, c'eft pourquoi je demande aide & confeil :

: car mon intention eft que la verité de ce qu'on impofe à l'Ordre foit conue, non-feulement par ceux de l'Ordre, mais dans toutes les parties du monde par les rois, les princes, les prélats & les feigneurs : quoique nos confreres aïent été trop roides à défendre nos droits contre plufieurs prélats.

Les comiffaires lui dirent,qu'il pensât bien à la défenfe à laquelle il s'offroit; & qu'il fit attention à ce qu'il avoit déja confeffé contre lui & contre l'Ordre. Toutefois ajoûterent-ils, nous voulons bien vous recevoir à cette défense & même vous accorder un délai pour déliberer. Mais vous devés favoir qu'en matiere d'hérésie & de foi, on doit proceder fimplement, fans ministere d'avocats & fans forme judiciaire. Enfuite Tome XIX.

Y

. Stat. 20.

de baret.

in 6°.

AN.

1309.

afin qu'il pût déliberer avec conoiffance, ils lui firent lire & même expliquer en langue vulgaire leur coSup. n. 25. miffion & les autres piéces neceffaires. Quand on en vint à ce qu'il avoit confeffé à Chinon devant les trois cardinaux, il fit deux fois le figne de la croix & dona des marques d'un grand étonement,difant: Que fi les commiffaires avoient été d'autres gens & qu'il eût eû la liberté,il eût parlé autrement. Les comiffaires dirent: Nous ne fommes pas gens à recevoir un gage de bataille, & le grand maître répondit: Ce n'eft pas ce que je veux dire; mais plût à Dieu 'que l'on traitât de tels méchans comme font les Sarafins & les Tartares, qui leur coupent la tête & le corps par la moitié. Par ces méchans il entendoit ce femble les calomniateurs. Enfin il demanda terme pour déliberer jufqu'au vendredi fuivant, ce que les comiffaires lui accorderent, Puis ils firent crier par un appariteur, que fi quelqu'un vouloit défendre l'ordre des Templiers, il se presentât: mais perfone ne parut.

P. 1320

P. 1270

Le vendredi devant la S. André vingt-huitiéme de Novembre, les comiffaires firent venir le grand maître des Templiers, qui leur fut amené comme la premiere fois par Philipe prevôt de l'église de Poitiers & Jean de Jainville huiflier du roi commis par le pape & par le roi à la garde des Templiers. Le grand maître interrogé par les comiffaires, s'il vouloit défendre l'Ordre, répondit: Je fuis un chevalier non lettré & pauvre; & j'ai apris par une des bulles qui m'ont été lûës, que le pape m'a refervé à fon jugement avec quelques autres grands de l'ordre. C'est pourquoi j'irai en fa prefence quand il lui plaira, & comme je fuis mortel auffi-bien que les autres, je vous prie de lui

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